Le gaz sous la marmitte

Avant 2003 et l’invasion de l’Irak qui tourna en eau de boudin, j’aurai vu dans la crise Géorgienne un évènement du type de l’assassinat de l’archiduc d’Autriche à Sarajevo : Un premier domino qui tombe avant d’entraîner tout le monde.

Toutefois, depuis que les USA nous ont démontré en Afghanistan et en Irak que leur superpuissance était incapable de tenir des pays moyens et ruinés, je doute que Saakachvili parvienne à nous entraîner dans un conflit massif. Même si des acharnés comme les Polonais rêvent de régler leur vieux comptes avec les Russes… grâce aux bras armés de leurs voisins et des USA.

Je pense plutôt qu’on va vers un désaveux total de l’ONU, de l’OTAN (incapable de protéger ses nouveaux satellites) et de l’Union Européenne. Nous gesticulons, lançons de grandes leçons de morale démocratico-universaliste, après avoir dépecé l’ex-Yougoslavie et pleuré pour la “libération” du Tibet. Seulement, nous n’agirons pas.

Nous avons besoin de la main d’œuvre Chinoise et de ses usines. Aussi, tous nos discours sur les droits de l’homme ne se concrétisent jamais par des actions politiques à l’encontre de ce pays totalitaire.

De même, l’Europe et l’industrie mondiale ont besoin des matières premières qui vont se faire de plus en plus rares, et dont regorge la Russie. La Russie qui a le mauvais goût, contrairement à nos anciennes colonies, d’avoir les moyens de monnayer ses ressources et de les protéger.

Je ne pense pas que les Russes soient partisans d’une guerre généralisée. Ils ont juste fait la démonstration que, comme le gouvernement Chinois, ils sont maîtres de leur agenda, et que les maîtres du monde ne sont plus ceux que l’on croit. Les Polonais se mordront les doigts d’avoir choisi le mauvais protecteur et regretteront sûrement leur empressement à menacer l’ancien voisin qu’ils croyaient à terre.

Pour le reste, nous continuerons à faire chauffer nos marmites avec du gaz russe.

Je pense que la communauté occidentale aurait eu plus de poids si elle avait affiché un air aussi outragé face à l’usage de la force par Saakachvili contre les Ossètes, qu’elle l’a fait quand les russes ont passé la frontière.

Si nos dirigeants avaient recadré le président Géorgien, en lui rappellant qu’en “démocratie” on évite d’envoyer l’armée et son artillerie contre sa propre population (genre, ça ne se passe pas comme ça chez les membres de l’OTAN… quoique avec les turcs…), peut-être aurait-on trouvé plus vite des arguments pour convaincre les russes de lever le pied.

En bref, si on avait pas ce tropisme épidermique qui consiste à dire que tout ce qui vient des russes est mal, et tout ce qui vient des USA et leur vassaux voyage un brin d’olivier coincé dans le bec, la diplomatie avec les russes se passerait mieux.

Les Américains avaient mal digéré l’opposition publique de certains pays, comme la France, quand ils ont organisé leur aventure Irakienne. Je ne pense pas que les russes apprécient davantage qu’on fasse des papouilles à ce dirigeant incompétent et dangereux qu’est Saakachvili (qui a passé toute la semaine dernière à appeller à la guerre généralisée avec les russes), et qu’on leur fasse la leçon ensuite.

par Sycandre , il réagissait à la note “Cuba au Caucase”