Magazine Aventure/action

Bangkok dangerous

Par Rob Gordon
Bangkok dangerousLes nombreux adeptes du téléchargement illégal (pratique hautement condamnable évidemment, Rob Gordon a toujours raison mais il n'est pas courageux) savent bien ce qu'est un screener, copie médiocre d'un film obtenue en filmant l'écran dans la salle de cinéma. C'est inaudible, ça tremble, c'est grisâtre, bref, c'est impossible à regarder pour qui se respecte un minimum. Là où les frères Pang innovent, c'est qu'ils sont les premiers à oser nous livrer un screener sur grand écran, réconciliant du même coup les aficionados des salles obscures et ces quelques téléchargeurs ignobles qui se moquent bien du confort visuel et auditif pourvu que ça leur évite de payer leur place. Bangkok dangerous ressemble à une copie pirate tant l'image ne cesse de tanguer, tant ses couleurs sont baveuses et ternes, tant les gros plans improbables s'y multiplient. Ne cherchez plus : on tient là les champions 2008 de la pire mise en scène, puisque les Pang parviennent à donner la nausée en moins de cinq minutes montre en main.
Avec une telle forme, le fond pourrait être génial qu'on ne s'en rendrait même pas compte. Là, c'est tout le contraire. On dispose d'une centaine de minutes pour constater en profondeur l'inanité de la chose, l'éculé flirtant à chaque instant avec le cliché. Le tueur solitaire incarné (c'est un grand mot) par Nicolas Cage exécute des contrats en prenant un malin plaisir à compliquer les choses pour se donner une contenance, jusqu'au moment où tout se dérègle vu qu'il tombe amoureux (oh), qu'il est suivi (ah), et qu'il prend soudain conscience que les gens qu'il tue sont des humains (uh). C'est d'une connerie sans nom, mais le film est trop long pour qu'on s'en régale jusqu'au bout. La dernière demi-heure est un pur calvaire, les fusillades illisibles et ordinaires s'y enchaînant avec une mollesse proprement tétanisante. Pour sûr, les frères Pang devraient relire leur petit John Woo illustré, ce qui leur permettrait sans doute de comprendre qu'il ne suffit pas de remuer sa caméra façon shaker pour donner du rythme et de l'intensité à une scène d'action.
Reste le plaisir un peu amer de voir Nick Cage s'enfoncer encore un peu plus dans un tourbillon de navets (World Trade Center, The wicker man, Ghost rider, Next, Benjamin Gates 2, n'en jetez plus) et de pousser toujours plus loin son amour du complément capillaire. Quant aux frères Pang, qui livrent donc un remake bien plus mauvais que le déjà médiocre qu'ils réalisèrent eux-mêmes en 2004, ils sont l'exception qui confirme la règle selon laquelle les frangins cinéastes ont un talent que les autres n'ont pas. Les Coen, Dardenne et autres Wachowski peuvent dormir sur leurs deux oreilles...
1/10

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rob Gordon 109 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog