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« La suppression des subventions aux énergies fossiles pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre » selon un nouveau rapport du PNUE

Publié le 27 août 2008 par Sequovia

Par ailleurs, une nouvelle évaluation MDP montre que des projets énergétiques respectueux de l’environnement voient le jour en Afrique sub-saharienne. L’élimination des subventions aux énergies fossiles est un facteur clé dans la réduction des gaz à effet de serre, qui permettrait aussi de stimuler lentement mais sûrement l’économie mondiale souligne un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Le rapport conteste l'idée reçue voulant que les subventions bénéficient aux pauvres, argumentant que nombre de ces mécanismes de soutien des prix privilégient les classes supérieures de la société plutôt que celles à faibles revenus.

De plus, ces subventions servent à détourner les fonds nationaux des politiques et initiatives innovantes qui sont susceptibles d’avoir un impact beaucoup plus important sur les moyens de subsistance et modes de vie des classes sociales les plus défavorisées.

Dans le monde, près de 300 milliards de dollars ou 0.7 pour cent du PIB mondial sont alloués aux subventions énergétiques annuellement.

La plus grande part du budget sert à abaisser ou réduire artificiellement le prix réel des combustibles comme le pétrole, le charbon et le gaz, ou l’électricité issue des combustibles fossiles.

La suppression de ces subventions permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 6 pour cent par an, tout en contribuant à une augmentation de 0.1 pour cent du PIB mondial.

Le rapport souligne que certaines subventions ou mécanismes de soutien, telles que les allègements fiscaux, les incitations financières ou autres mécanismes de marché peuvent générer des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux comme les tarifs de rachat qui sont à l’origine d’une révolution des énergies renouvelables dans certains pays comme l’Allemagne et l’Espagne.

Le rapport reconnaît aussi que certaines subventions, quand elles sont bien conçues et limitées dans le temps peuvent contribuer à des objectifs sociaux et environnementaux importants, comme les subventions qui promeuvent l’utilisation de combustibles moins nocifs pour la santé et l’environnement que le charbon.

Le rapport cite aussi le cas du Chili, dont le taux d’électrification rurale est passé de près de 50 pour cent à plus de 90 pour cent sur une période de 12 ans, grâce à des subventions bien conçues.

Ce même rapport note que de nombreuses ‘bonnes’ subventions ont rarement un objectif économique et s’attaquent rarement au problème de la pauvreté. C’est pourquoi le rapport n’hésite pas à balayer le fameux préjugé qui soutient que la suppression des subventions aux énergies fossiles nuira aux pauvres.

Le rapport fait état aussi des subventions de Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) en Inde où 1.7 milliards de dollars ont été investis au cours de la première moitié de 2008 pour faciliter l’accès aux combustibles à des ménages pauvres. Toutefois, les subventions GPL ont surtout été bénéfiques aux ménages à revenus plus élevés… malgré l’inéfficacité de la subvention, le programme a été prolongé jusqu’à 2012.

Finalement, l’étude démontre que dans plusieurs pays en développement les subventions ne privilégient pas les pauvres et l’environnement mais plutôt les ménages bien nantis, les constructeurs d’équipement et les industries productrices de combustibles.

Achim Steiner, Sous-secrétaire général des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE a dit : « Au final, plusieurs subventions aux énergies fossiles voient le jour pour des raisons politiques et servent à soutenir et perpétuer des inéfficiences dans l’économie mondiale – à ce titre elles font partie des échecs du marché comme le changement climatique. »

Il a ajouté : « Il reste moins de 500 jours avant l’importante conférence sur le climat à Copenhague fin 2009. Les gouvernements devraient réexaminer leurs subventions énergétiques et supprimer celles qui sont inéfficaces et portent préjudices aux ressources limitées. Celles-ci retardent l’introduction des énergies renouvelables ou d’autres formes efficaces de production d’énergie, en érigeant des barrières qui vont des transports en commun jusqu’aux appareils économes en énergie. »

Le nouveau rapport du PNUE Reforming Energy Subsidies: Opportunities to Contribute to the Climate Change Agenda a été lancé aujourd’hui à Accra (Ghana) lors de la réunion de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Ici les gouvernements se sont rassemblés pour poursuivre les négociations relatives à la feuille de route de Bali afin de parvenir à un nouvel accord plus ambitieux sur le climat à Copenhague en 2009.

  • Des projets MDP voient le jour en Afrique sub-saharienne

Aujourd’hui le PNUE a aussi présenté de nouvelles données sur la progression de projets MDP en Afrique sub-saharienne.

Le Mécanisme de Développement Propre (MDP), qui fut élaboré en 1997 dans le cadre du Protocole de Kyoto, permet aux pays développés de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en finançant des projets d’efficacité énergétique dans les pays en développement donnant droit à des crédits d’émission appelés Réductions d’émissions certifiées (CER). Ces projets englobent plusieurs secteurs : biomasse, éolien, captage du méthane émanant des décharges, et encouragent l’utilisation de combustibles moins polluants ou centrales électriques.

On a craint que les pays d’Afrique ne bénéficient pas des avantages du MDP, qui est un instrument politique contrasté avec de multiples bénéfices sociaux, économiques et environnementaux, bien distinct des subventions aux énergies fossiles.

Jusqu’à présent, les principaux bénéficiaires ont été les pays émergents comme la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud.

Les nouvelles données récoltées par le Centre Risoe du PNUE au Danemark indiquent que cela est en train de changer, et pour la première fois depuis 18 mois, des projets MDP ont vu le jour dans six pays : République démocratique du Congo, Madagascar, Maurice, Mozambique, Mali et Sénégal.

Parmi ces projets : un puits de pétrole, la réduction des gaz torchés en la République démocratique du Congo, et un projet hydraulique à Madagascar.

De nouveaux projets ont aussi vu le jour au Kenya dont : l’extension du réseau géothermique (35 MV), l’exploitation des roches chaudes, ainsi que la production d’énergie à partir de déchets de canne à sucre par l’entreprise Mumias Sugar.

M. Steiner a déclaré : « Alors que les subventions aux énergies fossiles sont des instruments mal adaptés qui perpétuent des modèles économiques révolus et inéfficaces, le MDP est un mécanisme de marché plus performant, qui encourage la transition vers une économie verte. »

Il a jouté que l’adhésion de l’Afrique au MDP découle du Cadre de Nairobi – un plan d’action lancée par les Nations Unies en 2006, impliquant aux côtés du PNUE et du PNUD plusieurs autres partenaires, visant à renforcer les capacités institutionnelles des pays les plus pauvres pour accéder au financement carbone.

Des activités de sensibilisation sur les opportunités offertes par l’économie verte ont aussi eu lieu sur ce continent auprès des banques et des acteurs industriels.

Le Centre Risoe du PNUE a suivi pendant un certain temps les tendances mondiales des investissements MDP avec les impacts des activités.

Même si le nombre de projets en Afrique reste bas quand on le compare aux 3.500 projets MDP actuellement en cours dans le monde, une évolution est envisageable.

« En tenant compte des effets des nouvelles politiques et du renforcement des capacités, le marché devrait faire preuve d’une croissance exponentielle comme celle des autres régions », a dit Glenn Hodes, administrateur de programme MDP au Centre Risoe.

En effet, Hodes et Appelquist estiment que dans l’ensemble, l’Afrique devrait bénéficier de près de 230 projets MDP d’ici 2012 à condition que les gouvernements parviennent à un nouvel accord plus ambitieux sur le climat en 2009.

Ces projets devraient générer plus de 65 millions d’unité de réduction certifiée des émissions, équivalent à un milliard de dollars selon un taux moyen de crédit carbone de 15 dollars.

«En suivant l’exemple prodigieux de l’Inde, l’Afrique devrait aussi bientôt voir éclore plusieurs projets MDP » a ajouté Hodes.

Télécharger le rapport

Source : PNUE


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