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Qui voit Groix voit sa joie...mes coups de coeurs du festival du film insulaire

Par Teaki

Jury du festival du film insulaire ou comment participer au jumelage de Groix et de Nuku-HIva (Iles Marquises). Les îles entretiennent des liens cocasses, sincères et porteurs d'espoir. C'était donc un honneur d'emprunter le sillage de mon cousin Lucien Kimitete et de passer 4 jours à visionner des films dans la salle historique du cinéma des familles. Pas le temps de piquer une tête de la jetée de Port-Lay, à peine la chance de regarder le soleil se coucher sur la pointe de Pen-Men. Mon maillot de bain est resté sec mais le sacrifice en valait la peine...La cuvée 2008 était excellente, hétéroclite, et couvrait toutes les problématiques et chances des îles de part le monde.

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Pour ma part, j'ai retenu Fear No Noilean de Loic Jourdain ou la lutte d'un prêtre "dissident" pour le peuplement de l'île de Tory. Ce personnage paradoxal, généreux, colérique, passionné décédé quelques mois après le tournage de ce film nous montre à quel point l'énergie vient de l'extérieur. Revenant d'Afrique, il était étranger sur Tory Island et il a su montrer à ses habitants à quel point ils pouvaient être fiers de leur culture, de leur histoire. Groix qui se veut Ambassade des îles du Monde a eu raison de donner au film de Loic Jourdain le prix du public, sans doute le plus important du festival, n'en déplaise au jury...

Cuba, l'art de l'attente d'Eduardo Lamora, sans doute le film le plus littéraire et sentimental de la sélection. Je crois que ce film fera date. Même si nous ne lui avons accordé aucun prix, il saura glaner ailleurs les récompenses qu'il mérite. J'ai adoré la vision qu'Eduardo nous propose de manière si douce, feutrée de sa mère, de son père, des secrets de sa famille. Nous sommes si loin du matraquage sensationnel des révélations "people", de la leçon de morale occidentale, si près de ce qu'est la famille, la vie sur une île prison. 27 ans après, Eduardo revient à Cuba. A le voir, l'entendre, je ressens le petit garçon qui aime les livres et sa liberté. Si vous voulez savoir quelle chance l'on éprouve de partir de chez soi, d'échapper au schéma tracé par Fidel Castro, travailler à l'usine même si l'on a le coeur plein d'art, de questions et de désirs de vérité, allez voir ce très beau film sur l'exil. Pour moi, un écho à mes souvenirs d'Angola.

"Le chamane, son neveu et le capitaine" de Pierre Boccanfuso a déclenché tant de réactions contrastées. Pierre est aussi chez lui lorsqu'il se rend dans la tribu des Palawan. C'est peut-être ce que l'on pourrait lui reprocher, de ne pas avoir parlé de cette proximité sentimentale qui le lie à ce peuple qui se meurt. Mais le récit de la maladie qui touche les Palawan, son inexorable déclin nous glace. Peut-être la chaleur vient-elle de la vision d'Angelina, quand elle parle des siens, de son angoisse de les voir mourir un à un et d'être en France, à l'abri. Pierre enseigne l'art de filmer à son épouse, Angelina et ses cousins palawan. J'ai hâte de voir le film qu'ils sauront tourner sur leur ethnie, les coups qu'elle supporte, le rétrécissement de son espace, de ses sources de subsitance, de son existence.

"Laki Penan" de Christoph Kuhn retrace la lutte de Bruno Manser pour la sauvegarde des Penan et contre la déforestation. Une très belle réalisation qui a manqué de peu le premier prix et qui a enregistré le plus grand nombre d'entrées au cinema en Suisse en 2007.

  "Promised Paradise" de Leonard R Helmrich évoque les attentats de Bali par la voix d'un marionettiste. Jubilatoire. Original. A voir absolument.

Asoldasmytongue
"As old as my tongue" de Andy Garcia retrace l'existence de Bi Kidude, la chanteuse de Zanzibar. J'ai adoré la séquence de danse  Unyago pendant laquelle Bi Kidude enseigne l'art de faire l'amour en musique aux femmes du village qui vont se marier. Ce personnage rebelle, tendre, à contre-courant des bien pensants, si semblable à l'amour que portait Lucien Kimitete aux îles Marquises. Ce film mérite le prix Lucien Kimitete. C'est aussi un des rares films de la sélection qui évoque la destinée d'une femme, sa façon de rester droite face au destin, de s'agripper à sa raison d'être, la musique. A 105 ans passés, Bi Kidude est une figure qu'il faut découvrir.

Laboutiquedestempsmodernes
"La Boutique des temps modernes" d'Alexandre Boutié: le récit sincère d'un enfant de l'île de la Réunion. Alexandre nous montre son quartier qui tourne autour d'une petite boutique, ses habitants indiens, gaulois, réunionnais, chinois, vivent ensemble, s'entraident. Le message de ce film qui a obtenu la mention est éminemment optimiste et important en ces jours de trouble et de frontières brutales.

"Muttur, un crime contre l'humanitaire" d'Anne Poiret retrace la tragédie du massacre des employés d'action contre la faim à Muttur au Sri Lanka. Poignant.

Vous rirez sans doute beaucoup plus en regardant "L'exploration inversée" de Jean-Marie Barrère et Marc Dozier que devant "Bienvenue chez le Ch'tis". Un film qui a fait salle comble à Groix. Ou comment deux chefs papous décident de découvrir la France. Très drôle.

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