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Concept de "normalite"

Publié le 28 août 2008 par Osmose

Définir le concept de normalité peut contribuer au débat sur ces processus.

Qu’est ce qui est « normal » ou pas ?

Où commence le processus ?

La normalité est en effet un terme récurent, un enjeu bien plus puissant en lui-même qu’une simple opacité sémantique. Qu’est ce qu’être normal ?

En particulier pour une société d’après-guerre, dont tous les repères sont bouleversés, c’est une véritable question. Plus encore, l’absence de définition de la normalité, ou le désaccord sur celle-ci sont autant d’absences ou de désaccords sur les objectifs et les repères d’une reconstruction et d’une pacification individuelles et sociales.

Cependant, définir objectivement et universellement la normalité est autant du domaine de l’illusion que de celui de la tentative dangereuse : la normalité est avant tout un construit social, ce en quoi il ne faut pas la confondre avec la santé, mentale, physique ou sociale.

La normalité, en quelque sorte, est un mélange, en effet, de perception et d’action de l’individu et d’interactions sociales.

Une explication pourrait être la suivante :

Interactions sociales, puisque est normal ce qui est très largement perçu comme tel par la majorité d’un groupe social, la normalité est en quelque sorte un consensus, de ce qui est acceptable ou pas, bon ou pas, et au fond, normal ou exceptionnel.

Mais d’un autre coté, perception de l’individu, parce que les phénomènes sociaux ne flottent pas dans l’air, et ne sont pas extérieurs à ceux qui les vivent : en quelque sorte, l’individu reçoit cette normalité (par l’interaction avec les autres), mais il contribue à la créer et aussi à la modifier. Plus encore, il semble disposer d’une certaine marge de liberté, qui peut être considérable, il peut créer en grande partie sa propre normalité.

Et c’est en ceci que normalité n’est pas santé. Je peux considérer qu’il est normal de ne pas boire d’eau et dire de ce choix que c’est un élément objectif de ma vie. Toute la société peut faire de même, mais quand bien même le ferait-elle que ne pas boire d’eau serait mauvais pour la santé.

Alors, souvent, normalité et santé sont-elles proches et jouent-elles sur des terrains connexes. Mais l’une et l’autre ne se recouvrent qu’imparfaitement, et souvent même s’éloignent et se détachent.

Il y a, de fait, des normalités pathogènes, des normalités qui sont autant d’adaptations à des situations extrêmes, mais qui ne sont pas bonnes pour la santé humaine, pour autant qu’on puisse évaluer ce qui est bon. Il en va ainsi, semble-t-il, des normalités de guerre.

Pour survivre, en particulier dans un conflit civil, il faut intégrer la possibilité du meurtre, ainsi que toute une série de nouvelles normes et en abandonner un certain nombre, antérieures au conflit. Les normes sociales évoluent, se modifient et, peu à peu, se détachent à la fois de la normalité « d’avant » et de celle du reste de l’humanité en paix.

Que le conflit cesse, que reste-t-il ? Cette normalité de guerre, qui ne disparaît pas par décret, à la signature d’un accord de paix, est une des causes d’une interrogation sur la normalité elle-même.

Ces habitudes, ce consensus social insaisissable, presque tous le subissent et presque aucun ne sait comment le changer, comment réintégrer la normalité du monde.

Le tableau serait bien sombre s’il n’y avait deux faits : tout d’abord, les interactions sociales évoluent, en particulier au travers des générations, et de l’autre, les individus ne sont pas dépourvus de moyens d’action aussi simples que la réflexion et la parole.

Ce n’est pas par ce que la guerre est finie que le combat est terminé et la fin du conflit entame une lutte qui, elle, peut connaître un réel vainqueur : celle pour l’élaboration, longue, d’une normalité de paix.


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