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Be happy

Par Rob Gordon
Be happyAprès avoir passé des années à nous faire chialer (ou à tenter de nous faire chialer), Mike Leigh revient avec un film ouvertement rigolard, optimiste, chaleureux, au titre révélateur (Happy-go-lucky). Sans vrai fil conducteur, il suit Poppy, institutrice de 30 balais qui a décidé de mordre la vie à pleines dents. Entre leçons de conduite, cours de flamenco et soirées arrosées, Poppy s'éclate. Et ricane. Et beugle. Et ricane encore. Poppy est sans doute le personnage le plus agaçant de l'année, une insupportable pouf qu'on a envie d'étrangler tout au long du film. C'est bien simple : sur une heure cinquante-huit de film, elle doit ricaner pendant environ une heure quarante-cinq. Qu'elle danse, baise, bosse ou autre, elle nous crache à la gueule son petit bonheur forcé, aussi artificiel que l'épouvantable rire du pas regretté Henri Salvador. À s'arracher les cheveux.
Cette hystérie, Leigh la met au service de rien du tout, son propos se limitant à un "don't worry be happy" qui serait acceptable si son film donnait la pèche au lieu d'être un appel au meurtre. Dans deux séquences (et pas davantage), Poppy ne rit pas, et ça fait un bien fou. Mais ces deux scènes un rien plus sérieuses ne sont là que pour nous montrer qu'on peut déconner toute la journée et avoir quand même une cervelle. On est rassuré : lorsqu'elle découvre qu'un de ses élèves est battu par son beau-père, Poppy arrive donc à garder son sérieux cinq minutes ? Quel exploit. L'ensemble confirme la baisse de forme du réalisateur, qui n'arrive plus à doser entre le tire-larmes absolu (voir le too much Vera Drake) et la fanfaronnade débridée. Seule constante de ses derniers films : le schématisme et l'excès.
Il est loin, le temps de Naked et Deux filles d'aujourd'hui. Et il est loin, le temps où Leigh travaillait avec de grands interprètes comme la trop vite disparue Katrin Cartlidge. Car non seulement Poppy est une aberration d'écriture, mais ce ne serait rien sans l'interprétation dégoulinante et exténuante de Sally Hawkins, scandaleusement récompensée par un prix d'interprétation à Berlin. Elle fait penser à un vague ersatz de l'excellente Toni Collette, avec en supplément les mimiques de la Shirley de Dino (mais à la puissance mille). Il n'y a rien de plus louche que les gens qui rient tout le temps. Ça vaut aussi pour les films.
2/10

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LES COMMENTAIRES (1)

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posté le 28 août à 17:20
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J'étais indécise pour aller voir ce film, mais grâce à vous, et merci pour votre commentaire, je sais définitivement que je n'irai pas le voir, je n'ai pas envie de rentrer dans le cinéma dans un état normal et d'en ressortir en m'arrachant les cheveux !... geo92