Magazine Cinéma

Back in Black

Par Stéphane Kahn

Back in BlackBack in BlackTenacious D in The Pick of Destiny

de Liam Lynch

L’acteur Jack Black enseignait le rock à des enfants dans le lisse Rock Academy de Richard Linklater. C’était moyennement convaincant à force de bons sentiments et de visées familiales évidentes. Le film à la gloire de son groupe métal Tenacious D, dont la première (?) aventure vient de bénéficier d’une sortie technique en France ramène Jack Black en des territoires beaucoup moins fédérateurs. Back to Black, donc. Et en dessous de la ceinture cloutée de préférence.
De professeur, voici Black qui passe au statut d’élève, du moins dans la première partie du film où il incarne un nigaud cherchant à percer les mystères du riff ultime. Il faut redire ici à quel point Jack Black s’est imposé, en quelques films, en corps burlesque paradoxal, son embonpoint étant sans cesse contredit par la souplesse de ses mouvements et la nervosité de son jeu. Le film de Liam Lynch est à sa démesure, parfaitement raccord avec la personnalité d’un acteur qui, parfois, agaçait par son cabotinage déplacé (dans le King Kong de Peter Jackson par exemple).
Pour aller vite, Tenacious D in The Pick of Destiny, ce serait un peu le chaînon manquant entre Spinal Tap et Wayne’s World, un jubilatoire délire fétichiste avant tout réservé aux fans de Black Sabbath, de Deep Purple ou de AC/DC. Dès le prologue, qui convoque tout aussi bien des réminiscences cinématographiques du Tommy de Ken Russell que le souvenir de pages peu glorieuses de l’histoire du rock avec l’apparition fantomatique de Ronnie James Dio, le film promet beaucoup. Et l’on se dit que l’on tient là le film culte qui sera au métal ce que Dodge Ball fut à la balle au prisonnier ! C’est dire, non ?
Comédie musicale assez réussie, Tenacious D in The Pick of Destiny s’appuie surtout sur l’imagerie satanique liée au hard rock puisque la quête de Jack Black et de son acolyte Kyle Gass, c’est de retrouver un médiator aux pouvoirs démoniaques ayant la particularité d’avoir été sculpté au Moyen-Age à partir d'une dent du Diable. Ce médiator, ensuite passé entre les mains de tous les maîtres du riff, de Pete Townshend à Eddie Van Halen jusqu'à Angus Young, devrait leur permettre de composer le plus grand morceau de l’histoire du rock. Rien que ça. Cette histoire-là, c’est un personnage incarné par Ben Stiller (également producteur exécutif) qui la raconte, et cette apparition est l’une bonnes surprises du film, avec celle, géniale, de Tim Robbins qui – avec un rôle où il ressemble étonnamment à Michael Palin – ramène dans le film une influence pop plus inattendue, celle des Monty Pythons.
Le hard rock seventies et le métal ne sont pas à la mode aujourd’hui. L’éphémère succès du très bon disque de Wolfmother l’an dernier demande à être confirmé. Hier soir, très logiquement, la salle était quasiment vide. Je ne pense pas que ayons été nombreux, en rentrant, à avoir eu envie de ressortir nos vieux 33 tours de Rainbow…

A voir, pour vous faire une idée, de nombreux extrait du film sur YouTube :

- Le prologue, featuring le "Mini-Me" de Jack Black et surtout Ronnie James Dio, le chanteur de Rainbow puis de Black Sabbath.
- Master Exploder par Tenacious D
- Le duel final avec un Belzebuth inteprété par Dave Grohl, pote de Jack Black, mais surtout ancien batteur de Nirvana et actuel leader des Foo Fighters.


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