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#retour estival : Quel bonheur d’être père… Automne 2007

Publié le 28 juillet 2008 par Emmanuel

Je me souviens de cette pub des années 80, 90, avec l’âge venant je ne sais plus très bien…. Cette publicité où l’on faisait connaissance d’un espèce de golden boy hormonal sorti d’un improbable casino d’une improbable station balnéaire, forcément méditerranéenne.
Ce gars venait de tout perdre, son fric à la roulette, sa cravate aux toilettes, sa femme dans les bras d’un plus fortuné probablement, a tous les sens du terme. Il sortait à l’aube du casino, harassé, fatigué, la barbe de deux jours éminemment sexuelle aux joues, mais avec un regard serein porté vers l’objet de son salut comme on regarde avec sérénité la bouée lorsqu’on est tombé à l’eau, qu’on sait à peine nager, mais qu’on est sûr d’enfin l’atteindre…
Le commentaire off nous révélait la vérité : « Il a tout perdu mais… Il a une Golf ! »

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Voilà où je veux en venir mes amis. J’ai un Touran.
Pas la peine de vous désespérer par un faux suspens qui n’arriverait pas à la cheville velue du moindre golden publiciste embagousé des 80′ies. Oui, j’ai un Touran et je n’ai pas encore tout perdu… Finalement, quel bonheur d’être père !

Vous ai-je raconté les 25 kilomètres, 700 mètres de dénivelé positif, 6 heures de marche sous le soleil de septembre face au Mont Blanc, et mon fils sur les épaules ?
Vous ai-je raconté les nuits passées à essayer de comprendre que le pauvre petit bout de chou ravageur de nos nuits avait :
1 – Mal à la canine supérieure gauche en train de déchirer la gencive déjà bleuie pour paraître au monde
2 – Faim
3 – Les fesses humides

4 – Envie de se lever pour aller voir si la télécommande du salon permet de téléphoner à Tata N.
5 – Faim
6 – Envie de faire un calin à sa maman
7 – Pas envie de faire un calin à son Papa, pas en pleine nuit quand même, « Papa il me fait peur quand il se réveille la nuit… »
8 – Jouer avec le chat de Papy qui est à 400 kilomètres
9 – Envie de piquer :
a) un petit suisse dans le frigo
b) un biscuit dans le placard
c) une pomme dans le panier à fruit
10 – Faire tourner l’hélice de l’avion lustre dans sa chambre
11 – Accélérer la rotation de la terre par une poussée manuelle précise et déjà virile sur l’axe nord-sud de la mappemonde lampe de chevet
12 – Voir si Papa a piégé un loir à lunettes cette nuit à côté du panier à fruit où je croque les pommes
13 – Faim
14 – Envie de faire chier le monde – Non, ça c’est pas possible, pas mon fils…
15 – Actionner le klaxon pneumatique du camion de pompier-kart série spéciale « Federal department 1938 » Made in China en métal « -Mais non mon loulou, il est chez papimamy ton camion – Ouaaaaaaahhhhhh bouhhhhhhhhhhhhhh – Tu as raison mon fils, ce n’est pas drôle… »

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Oui, je ne vous l’ai pas raconté. Mais j’ai un Touran… Quel bonheur d’être père ! Ouaih, enfin, je précise : on a un Touran. C’est ça aussi être père, faut partager. En ce moment, le Touran est entre les mains de ma compagne, partie faire les courses avec mon fils et ma belle-mère. Vous conviendrez aisément que pour tout homme normalement constitué, c’est une source de profonde angoisse, comme vous pouvez l’imaginer. Alors je me fais une raison, je pense à ma bonne vieille deux portes de simili célibataire, rayée aux ailes, enrouée des cylindres, qui m’attend au port, au bout de la jetée, fatiguée, pas pressée de finir au cimetière des mécaniques, mais FA-TI-GUEE…

Oui, mais j’ai un TOURAN. C’est bien un Touran. Depuis que je l’ai. Pardon, depuis qu’on l’a, c’est marrant, il y a plein d’admirateurs jaloux qui me photographient quand je passe. Bizarrement, ce sont souvent des mecs qui pique-niquent à l’arrière de leurs breaks, coffre grand ouvert. Ils ont des flashs puissants, à tel point que je me suis déjà dit, dans un état de distraction fatiguée par une nuit de père que ce devait être des paparazzi. Forcément, c’est comme sur fessebouc, si on a un Touran on a socialement plus de chance d’être une star…
Ceci dit j’ai un doute, parce que je dois vous dire qu’étrangement, ces mecs sont systématiquement habillés en bleu marine… C’est peut-être la mode.

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Mais j’ai un Touran, quel bonheur d’être père… Je sais, ça vous saoûle, mais j’ai pas fini…
Vous ai-je raconté le petit déjeuner où mon gnome préféré que je ne cesserais d’embrasser sur le front s’il n’avait les cheveux constamment crépis de biscuit…. Mon gnome préféré, disais-je, qui déjeune d’une banane soigneusement écrasée dans ses petits doigts boudinés, étalée par vagues gluantes sur la table en pin -non verni, c’est plus classe pour les tâches…- portée à la bouche d’une maladroite mais profondément amusante imprécision sur le nez, dans les trous, de nez, sur le menton, le pyjama, le dossier de la chaise bébé… Pas sur le bavoir, Papa l’a oublié… Vous ai-je raconté surtout le nettoyage de la table après le petit déjeuner ?

Non, je ne vous ai jamais raconté tout ça, comme aucun père sûrement ne le ferait, parce qu’à part mon mal de dos séculaire, ma sciatique en devenir, mon manque chronique de sommeil, ma répulsion nouvelle et inexpliquée pour la banane, j’ai un Touran…
Et puis surtout, j’ai le bonheur Inch’Allah d’être un Papa comblé qui a la chance de voir une maman aussi épuisée qu’heureuse, de voir le sourire d’un petit bonhomme quand je trinque « Tat » ma canette de bière à son biberon du soir, d’entendre les éclats de rire d’un loustic qui démonte les murs de la maison avec la complicité de son papa à force de faire tourner tourner tourner la toupie électronique, d’entendre aussi Tittu imiter le cri de l’ours RHEUUUUUUUUUUH… vu au Juraparc de Vallorbe… Le bonheur d’expliquer aussi que non, il ne faut pas faire RHEUUUUUUUUUUUUUUH quand on regarde le Monsieur Banania de la tôle émaillée publicitaire qui trône au dessus de la table du petit déjeuner… « Ce n’est pas un ours, mon fils, c’est un monsieur, comme Papa, certes un peu noir, mais c’est un Monsieur… »

Un jour tu comprendras, mon fils, même si le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants, c’est tout les jours le printemps, Tu quoque fili, tu auras un Touran, comme Papa.

Spéciale dédicace à J-C, que lui aussi j’aurais bien aimé avoir comme Papa et qui n’a pas eu la chance de l’être, enfin si quand même un peu, à sa façon…


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