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Desperate House Boy

Publié le 01 septembre 2008 par Cyrilboyer

Episode 5

Desperate House Boy

Photo licence by-nc par Sean B


Il faut que je vous avoue, en fait, c'est pas trop Desperate la vie, ici, à Luxembourg city. Certes, il y a bien les grosses voitures, mais c'est plutôt des allemandes que des américaines. Il y a bien des jardiniers, mais ils sont employés par la ville pour entretenir les fleurs sur le rond point, et je les vois donc assez mal coucher avec leur patronne. Il doit bien y avoir quelques criminels avec des trucs à cacher, mais ça se passe plutôt dans les coffres des banques que dans le fond de leur jardin. Et, mesdames, avant d'imaginer dégotter un plombier sexy, vous pouvez déjà être heureuses si vous en trouvez un tout court (si possible avec un pantalon qui ne descend pas trop bas quand il se penche). Surtout, il y a bien des voisins, mais on ne s'invite pas à boire des margarita tous les après-midi. Il ne manquerait plus que ça.
Ca doit être les suites de 6 mois passés à Paris quand j'avais 23 ans, ou plus simplement un fond de misanthropie : je n'arrive pas à être spontanément gentil avec les inconnus et notamment les voisins, les caissières, les facteurs, les pompistes, les passants, les usagers des transports en commun et, bien entendu, les automobilistes et les conducteurs d'autobus luxembourgeois. Par défaut, ma position au repos n'est pas "regard illuminé par les étincelles de la félicité, sourire béatement figé", mais plutôt "inexpressif et relativement mieux chez moi que ici, sans réelle envie d'engager une conversation". Bref, je réponds aux moïen, c'est tout et c'est déjà pas mal.
Enfin, il faut admettre que, avec un bébé, ça change. Surtout, si ce bébé est souriant, curieux et installé dans un porte-bébé qui le place exactement à hauteur des yeux des mamies courbées par le poids des années et l'ergonomie approximative de leur chariot à provision. Vas-y que j'attrape le sac de la dame devant, que je crie joyeusement après le caniche pouilleux en tapant des pieds, que j'éclate de rire en fixant la grosse dame aux ongles un peu sales, que je fais coucou aux 3 jeunes à casquette juste posée sur l'occiput (faut laisser respirer le cerveau) voire au fidèle client du café d'en bas, à l'haleine suspecte. Je me retrouve donc assez fréquemment, à l'heure de remplir le frigidaire, en face de quelqu'un qui parle à mon ventre dans une langue dont les subtilités m'échappent. Enfin, je sais tout de même que "puppelchen" c'est "mon bébé". Et "gouzi, gouzi" est assez universel. Surtout, je me doute bien que ce n'est pas au papa que s'adressent les démonstrations spontanées de gentillesse et d'affection. C'est pas pour rien qu'il est derrière. Enfin, de temps en temps, j'ai droit à quelques miettes de sourire, voire à un compliment, que j'essaie de récompenser du mieux que je peux par un marmonement et un "allez, Hélène, on va ya aller, fais coucou, allez, ädi et bis geschwenn".
Aparté : on nous signale que de la glace au parfum de Cheddar ou de Haggis (panse de brebis farcie) serait désormais en vente libre au Royaume Uni. Que fait la France ? A quand les sorbets au pot-au-feu ?


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