Magazine

Les forêts le soir font du bruit en mangeant (E. Guillevic)

Publié le 04 septembre 2008 par Rafaele
stfrieux11C'est animés d'une volonté farouche que Juliette, Pierre et moi-même avons emprunté le petit chemin qui nous mènerait au sommet de la haute dune. Ce long ruban d'arène - semblable au chemin de briques jaunes conduisant à la cité d'Émeraude du royaume d'Oz - a rapidement fait de nous des Dorothy aux pieds alertes. Dans l'épaisse forêt, la joie nous guettait et tous nos sens étaient en éveil : les pins embaumaient l'air d'une douce odeur de résine ; argousiers, mûriers, pruniers sauvages tendaient à nos mains curieuses leurs baies colorées mais acides ; et nos oreilles bruissaient des stridulations des grillons. Pour un peu nous pensions être, dans ce lieu tout emprunt de quiétude, les derniers maillons d'une longue chaîne humaine. Las ! d'autres représentants de notre espèce avaient décidé de tenter semblable aventure et notre parc naturel prit rapidement les allures d'une autoroute des vacances. Nous assistions maintenant à un chassé-croisé de conquérants ayant déjà conquis et de conquistadores partant à la conquête, les premiers saluant les seconds d'un amical "Bonjour !" ou d'un "Ça grimpe !" quasi compassionnel. Parvenu au sommet et contemplant la vue qui s'offrait à lui, Pierre ne put s'empêcher de lancer à deux randonneurs exténués : "Pour qui cherche la plénitude, les réserves ne sont plus ce qu'elles étaient !". Nous ne fûmes pas étonnés, Juliette et moi, de voir que ces pauvres marcheurs le regardant d'un air ahuri ne l'avaient pas compris.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rafaele Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte