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François Fillon se pose en champion du Sarkozysme

Publié le 08 septembre 2008 par Hmoreigne

fillonjpg.1220857518.jpgInvité en guest star pour clôturer l’université d’été de l’UMP de Royan, François Fillon a, en ouvrier besogneux assuré le service après-vente du Sarkozysme. Fort de la domination de l’UMP, le Premier ministre s’est livré, à la limite de l’arrogance, à une attaque à l’arme lourde contre la gauche et le PS en particulier. Le Chef du gouvernement n’aura eu de cesse de le marteler dans un exercice d’autopersuasion : l’UMP et Nicolas Sarkozy ont gagné la bataille idéologique contre la gauche. La preuve ? L’adoption du RSA.

Reprenant systématiquement la ligne de communication fixée par l’Elysée, les ténors de l’UMP n’ont eu de cesse de souligner le contraste entre « le campus » de l’UMP et l’université d’été du PS. Certes, au premier regard, l’unité affichée par l’UMP tranche avec les dissensions du PS révélées une semaine plus tôt à La Rochelle. Les perspectives ne sont pas pourtant aussi idylliques que l’UMP tend à l’assurer. L’unité de façade est essentiellement assurée par un mode de fonctionnement stalinien, où tout est décidé par le chef suprême : Nicolas Sarkozy.

Le Premier ministre a dressé de façon avantageuse le bilan qu’il partage avec Nicolas Sarkozy et  évoqué une victoire idéologique qu’il juge totale sur la gauche. Le Premier ministre en est convaincu : « il n’y a pas de succès politique sans domination intellectuelle », « Le plus grand mérite de Nicolas Sarkozy, c’est d’avoir remporté la bataille des idées». Symbole de cette nouvelle droite décomplexée qui n’hésite pas à alterner mesures libérales et étatistes: le RSA.

De façon très manichéenne, dans un schéma de pensée partagé avec son mentor, François Fillon  a dessiné aux militants UMP une France caricaturale dont la césure serait la place du travail dans la société. Contre une gauche trop favorable à l’assistanat incarné par un RMI jugé ghetto, la droite aurait réussi à redonner sa place à la valeur travail. « Nous sommes sortis d’un marasme intellectuel qui a coûté si cher à la France » a asséné François Fillon revenu une énième fois sur la réforme symbolique des 35 heures. « Ils (les Français) savent désormais que le partage du travail était un leurre ». «Le RSA, c’est le symbole de la politique de réforme que nous proposons», a-t-il lancé, avant d’accuser le RMI d’être devenu «non plus le filet de sécurité qu’il devait être, mais un statut permanent».

Le premier ministre se targue d’être l’artisan d’un nouveau droit social français dont Nicolas Sarkozy serait le grand architecte. Un nouveau droit qui donnerait la priorité au travail sur l’assistance. Dans les faits pourtant, on peut redouter qu’elle ne se limite à opposer les pauvres aux moins pauvres. Car, à l’inverse des dirigeants de l’UMP, les français ont découvert que le travail ne garantissait plus contre la pauvreté.

Si le Premier ministre a vanté le concept du « travailler plus », il a singulièrement omis de s’attarder sur l’absence du « gagner plus ». C’est pourtant là que réside toute la fragilité de l’idéologie prônée par François Fillon, sur la question du déséquilibre dans le partage, dans la redistribution équitable, des richesses produites. A cet égard, l’adoption promise du RSA risque de constituer une victoire à la Pyrrhus. Les modalités du financement du bébé de Martin Hirsch attestent du déséquilibre actuel avec un bouclier fiscal qui exonère de l’effort collectif des très riches toujours plus riches mais qui met à contribution des classes moyennes en voie de paupérisation.

Selon le Chef du gouvernement, la rupture promise serait au rendez-vous. Les classes moyennes, coeur de notre démocratie, en proie à une baisse de leur pouvoir d’achat, en doutent légitimement. Le pays a offert au Chef de l’Etat un rare crédit, un boulevard pour mener à la hache une politique de réformes dans le sens répétitif du toujours moins et du recul de l’Etat social. La patience des Français arrive désormais à son terme. Après les efforts, ils attendent des résultats. Comme l’a rappelé François Fillon,  passé la conquête du pouvoir vient la phase délicate de l’action. Or, la crise économique rogne les marges de manoeuvre du gouvernement à la tête d’un Etat qu’il a contribué à rendre exsangue avec l’adoption du paquet fiscal. Dans la même journée, Christine Lagarde était contrainte de reconnaître que la croissance dont elle garantissait un niveau oscillant entre 1,7 et 2% devrait finalement plafonner aux alentours de 1%.

« Nous sommes en quête de modernité. Ils sont enfermés dans le passé » a lâché François Fillon à l’égard de la gauche, visiblement trop heureux de sortir de son rôle de simple exécutant dans l’exécutif de la république. Selon le Premier ministre, « l’UMP c’est l’audace, l’opposition c’est le conservatisme ». L’audace d’Icare. Dans un monde déboussolé, les Français sont nostalgiques d’un passé où les choses étaient plus simples, plus compréhensibles et dans lequel surtout les lendemains étaient porteur d’un avenir meilleur. Dans un monde qui tourne déjà trop vite, le tourbillon du Sarkozysme, qui défait plus qu’il ne construit, pourrait bien être ressenti comme anxiogène.


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