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Anthologie permanente : Angela Ball

Par Florence Trocmé

 

 

Que mettre pour un divorce

 

Des chauves-souris dans les cheveux,
Mais seulement si elles arrivent à s’y accrocher la tête en bas
Convenablement.
Du mastic sur les mains,
Du beurre dans la bouche.
Etre une plume sur la queue d’un paon,
La longue-vue dans la main du pirate,
Le pied du pédicure, endormi.
Etre cette femme hébétée
Remontant ses jupes pour traverser une rue boueuse
Tandis qu’un nuage pluvieux l’épie.
Mettre quelque chose précédemment porté
Par un loup.

 


Night Clerk at the Hotel of Both Worlds, University of Pittsburgh Press 2007, (traduction française inédite de Jean-Pierre Vallotton)

 

 

What to Wear for Divorce

 

Bats in your hair,
But only if they can hang upside down
Properly.
Putty on your hands,
Butter in your mouth.
Be the feather in someone’s cap,
The spyglass in the pirate’s hand,
The podiatrist’s foot, asleep.
Be the bewildered woman
Half lifting her skirts to cross a muddy street
While a rain cloud watches.
Wear something worn first
By a wolf.

Nos tigres

 

Je vis dans une contrée de tigres, et désirerais
En débattre.
Si vous êtes forcé de dormir en plein air –
Parce que, disons, vous construisez une ligne de chemin de fer
Afin que des étrangers puissent exploiter vos ressources
Avec davantage d’efficience –
Amarrez votre lit à un arbre.
Ou bien établissez votre campement
Au sommet d’un château d’eau.
Les tigres n’attaquent jamais les humains de front –
Un visage en plastique
Porté à l’arrière de la tête
Mérite d’être expérimenté,
Me dit-on.
Je n’ai jamais goûté aux grâces
D’un tel prédateur – être discrètement traînée
Vers de hautes, douces herbes
Où ma tête pourrait être retrouvée plus tard
A cappella.

Si vous venez par ici, peut-être ne verrez-vous
Tout d’abord pas le moindre tigre.
C’est parce que les chasses se déroulent de nuit.

 

Night Clerk at the Hotel of Both Worlds, University of Pittsburgh Press 2007, (traduction française inédite de Jean-Pierre Vallotton)

 

 

Our Tigers

 

I live in a land of tigers, and I would like
To discuss the matter.
If you are forced to sleep outside –
Because, say, you’re building a railroad
So foreigners may exploit your resources
More efficiently –

Lash your bed to a tree.
Or set up camp
Atop a water tower.
Tigers never attack humans from the front –
A plastic face
Worn on the back of the head
Is worth a try, I’m told.
I have never experienced the graces
Of such a predator – being dragged discreetly
Into tall, soft grasses
Where my head might later be found
A cappella.
If you come here, you may at first
See absolutely no tigers.
That is because hunting happens at night.

 

 

Contribution de Jean-Pierre Vallotton

 

Bio-bibliographie d’Angela Ball

 

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