La maltraitance des personnes âgées reste un tabou

Le plus souvent, la famille est à l'origine des violences à l'encontre des personnes âgées

En 2007, le Centre d'Aide aux Personnes Âgées Maltraitées (CAPAM) a ouvert 490 dossiers, suite à des violences faites aux seniors. Un chiffre qui serait bien en deçà de la réalité…

Selon Robert Hugonot, médecin et gérontologue français spécialiste des violences sur personnes âgées, " toute personne âgée de plus de 60 ans a été, ou sera au moins une fois la victime de harcèlement ou de maltraitance ". Si cette affirmation s'avérait vraie, force est de constater que le problème reste très peu connu chez nous.

" Chaque année, nous recevons quelques centaines d'appels qui dénoncent des violences faites à l'encontre d'un senior", explique Anne Moreau, du CAPAM. " En réalité, le phénomène doit être beaucoup plus étendu. Mais il existe une sorte de tabou que les personnes âgées hésitent à briser… C'est que, très souvent, c'est la famille qui est à l'origine de la maltraitance!"

Sur les 490 cas de maltraitance reconnus en Région wallonne en 2007, 301 sont d'origine familiale. Les enfants des personnes âgées seraient même à l'origine de 41 % des violences!

Si des maltraitances physiques existent, elles ne représentent toutefois qu'une infime partie du problème (8 % des cas). Le plus souvent, c'est l'argent qui est en cause (près d'un tiers des cas en 2007).

" L'héritage tarde à venir "

Le phénomène ne serait pas récent mais aurait tendance à s'aggraver avec l'augmentation de l'espérance de vie. " Arrivés à un certain âge, certains enfants et petits-enfants estiment que l'héritage tarde à venir ", confirme Matthieu Molle, employé dans une étude de notaire." Ils poussent alors le senior à faire des donations ou des procurations. Le plus souvent, nous sentons très clairement quand la famille cherche à dépouiller la personne âgée. Mais il n'est malheureusement pas toujours possible de le savoir. "

Les personnes âgées ne se rendraient d'ailleurs pas toujours compte des violences qu'elles subissent. À peine 23 % des appels recueillis par le CAPAM proviennent des personnes âgées elles-mêmes…