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71ème semaine de Sarkofrance: un Président complexé ?

Publié le 13 septembre 2008 par Juan
71ème semaine de Sarkofrance: un Président complexé ?
Le Président sait tout, agit sur tout, commande tout. Il n'a pas fallu attendre cette 71ème semaine de Sarkofrance pour l'apprendre. La polémique sur Edvidge ou sur l'affaire Tapie sont révélatrices d'un complexe: Sarkozy n'assume pas. Il ne se cache pas, mais il n'assume pas. Il a besoin de fusibles. L'autre polémique sur sa bravade en Russie ou ses courbettes devant le pape révèlent un second aspect de la Présidence: Sarkozy sort facilement de son costume présidentiel. Où est donc le complexe ?
EDVIGE, ou la trouille des sondages
Nicolas Sarkozy a décidé, seul, de la fusion des services de renseignement intérieur en juin dernier (RG et DST), et de leur rattachement à son autorité. Comme souvent, la réforme fut menée en deux temps : une réflexion de bon sens (la guerre moderne repose désormais davantage sur le renseignement); une commission d'experts qui pond un "Livre Blanc" reprenant les consignes présidentielles; puis le passage à l'acte: le 1er juillet dernier, la DCRI, Direction Centrale du Renseignement Intérieur, et EDVIGE étaient nées. Nicolas Sarkozy connaît parfaitement le contenu du dossier. Il lui a été présenté lors du Conseil des Ministres du 25 juin.
Au retour des vacances, la polémique enfle. Sarkozy se cache. Les promoteurs du fichier EDVIGE avancent en vain deux arguments : il serait "normal", car la police doit faire son travail et "la violence a évolué". Et ce fichier serait "sans gravité", car pratiqué depuis longtemps. Ces arguments ont été balayés cette semaine. 150 000 signataires soutiennent la pétition contre EDVIGE. Sarkozy recule. Il émet des doutes sur les critères sexuels, critique la communication, exige de revoir la copie. Bref, il a peur que cette affaire ruine sa timide remontée dans les sondages.
Pour cette affaire, le fusible s'appelle Alliot-Marie. Michèle Alliot-Marie.
Tapie, Clavier, ou "les copains d'abord"
Après le couac corse, l'image de la semaine, c'est celle de Bernard Tapie pendant 4 heures devant la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale. Rassurez-vous, Nicolas Sarkozy nous expliquera plus tard que c'est bien le signe que le Parlement est important. L'audition de Tapie n'a rien changé et ne changera rien. Elle a donné une tribune au tribun, c'est déjà cela. "A aucun moment, strictement à aucun moment, on ne peut voir la main du pouvoir dans la décision de faire l'arbitrage", y a déclaré l'ancien homme d'affaires. Deux jours après, il allait à l'Elysée. Coïncidence évidemment.
Pour cette affaire, le fusible s'appelle Lagarde. Christine Lagarde. C'est elle qui assume tout pour son Président. On soupçonne pourtant que la bienveillance de l'Etat vis-à-vis de Bernard Tapie ait débutée quand Sarkozy était ministre de l'économie et des finances, deux ans avant une élection présidentielle où le même Tapie annonça son soutien paradoxal au candidat de l'UMP. Qu'importe, Lagarde assume. Le Président se cache, ou plutôt, il a mieux à faire.
Crise économique, ou l'échec caché
Autre sujet, même attitude. Avez-vous entendu le "Président du pouvoir d'achat" prendre la parole sur un sujet économique depuis la rentrée ? Moi, oui. C'était à Saint Nazaire, vendredi 6 septembre. Sarkozy s'est frotté à quelques futurs chômeurs des chantiers navals, pour leur expliquer, comme l'an passé à Gandrange, que "Les malins, ils parlent ; les autres, ils font." Rien sur le reste. Sarkozy est ailleurs. Il va parler développement de l'intéressement sur les terres de Ségolène Royal jeudi 11 septembre. Après le soufflé du RSA (Revenu de Solidarité Active), cherche-t-il à se relancer sur le terrain social pour troubler le jeu de la gauche ? Le Président évite de s'expliquer sur l'efficacité sociale du RSA ou sur les raisons de le faire payer par les classes moyennes, bouclier fiscal oblige. Similairement, il ne parle JAMAIS de la récession qui s'annonce. La Banque de France a pourtant confirmé cette semaine le niveau faible de la croissance, et la "stabilisation" de l'inflation à un niveau record (3,2%). On a aussi appris, jeudi, que l'économie, pour la première fois depuis 2003, a détruit au deuxième trimestre 2008 plus d'emplois qu'elle n'en a créé. Qui s'alarme ? Pas le Président.
Pour cette affaire, les fusibles s'appellent Fillon et Lagarde (encore elle)
Benoît XVI et "Sarko le Catho"
Quand le pape débarque sur le tarmac d'Orly, Sarkozy sort de son rôle. Il n'est plus le Président de la République Française. Il est "Sarko le catho", qui ne peut retenir l'émotion de sa foi. Il affirme que la laïcité doit être positive, comme si elle l'était négative par nature. Alors que Benoît XIV préfère dénoncer l'antisémitisme, et louer le climat pacifié entre les religions et l'Etat en France, Sarkozy s'emballe dans de souverains poncifs: "La laïcité positive, la laïcité ouverte, c'est une invitation au dialogue, à la tolérance et au respect." Que doivent penser les athés quand ils s'entendent conseiller que "ce se serait une folie de nous en priver (des religions, ndlr), tout simplement une faute contre la culture et contre la pensée" ? Nicolas Sarkozy commet une faute contre sa fonction et contre notre pensée. Il ne maîtrise pas ses émotions.
Russie, ou la bravade du "petit garçon"
On ne reprochera pas à Nicolas Sarkozy d'avoir tardé à répondre à la crise géorgienne. Mais il s'est planté; il a cru que Poutine et Medvedev auraient été calmés cet été par son aller-retour Cap Nègre-Moscou un mardi du mois d'août. Pour sa seconde visite, lundi dernier, la mise en scène était rodée. La troïka européenne partait à Moscou avec une concession majeure en main: le maintien des forces russes dans les deux provinces séparatistes qui profitèrent de la crise pour déclarer leur indépendance. A considérer l'énervement américain, on comprend que le compromis européen est mince. La Russie a sauvé l'essentiel, son contrôle sur la région. Les ambitions étaient modérées, le résultat fut là. Sarkozy n'a pu s'empêcher de mettre en scène son "succès", et de le faire savoir: "On est content. Honnêtement, ce n'était pas gagné d'avance ! Je mets au défi qui que ce soit d'obtenir mieux". Le lendemain, le ministre russe des Affaires Étrangères expliquait que ses troupes resteraient dans la région ... pour longtemps. L'ami Poutine, samedi 13 septembre, a avoué : "Nos relations présentent un caractère constructif, et progressivement nous avons établi des rapports très amicaux. Nous nous confions davantage l'un à l'autre. Et, je vais vous faire une confi­dence, comme il s'intéresse aux arts martiaux, nous avons décidé de faire un entraînement ensemble." Même LE MONDE le reconnaît, la Russie a tiré profit de la crise géorgienne. Pourquoi Sarkoy a-t-il besoin de rouler des mécaniques ?
Cette semaine, Nicolas Sarkozy s'est caché des sujets majeurs: Edvige, Tapie, pouvoir d'achat, le président n'était plus là. il a préféré faire l'acteur à Moscou ou afficher sa foi personnelle devant le Pape.
Ami sarkozyste et laïc, où es-tu ?
Existes-tu ?

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