Magazine Amérique du nord

New York Letter 3

Par Khatmars

Un 11 septembre à New York

La veille, j’avais remarqué deux immenses faisceaux bleus, lancés dans la nuit, deux traits obliques barrant le ciel de la ville. Le matin, en allumant la télé, puis dans un petit café au coin de ma rue où je commandais des bagels, les mêmes images : Ground zero, les familles tenant des photos de leurs disparus, des casquettes bleues, des drapeaux, et un étrange silence pendant qu’une voix lisait la longue liste des noms. Comme quelque chose de suspendu dans toutes ses têtes qui levaient la tête vers les écrans. Sans un mot, sirotant leur café, l’esprit replongé sans doute, sept ans auparavant, se remémorant le moment où ils ont appris la nouvelle.  Qui ne se souvient pas, dans le monde, de ce qu’il faisait, où il était, quand, au détour d’un flash spécial à la radio ou à la télé, il a appris la nouvelle de la destruction des tours jumelles. Moi, j’étais dans un bus, il était six heures du soir environ et avant de comprendre ce qui se passait, je m’étais demandée pourquoi le chauffeur mettait sa radio si forte. Tout le bus, pris dans une espèce de catatonie collective essayait de saisir ce que les mots voulaient dire, d’assimiler la nouvelle et avec le recul, je sentais bien combien cela fut difficile d’admettre que cela était réel. Nous avions juste des mots, le récit de ce qui s’était passé et chacun essayait de se figurer ce que cela voulait vraiment signifier. On avait encore le temps avant de revoir les images en boucle jusqu’à la saturation de nos cerveaux. Un de mes amis ici m’a raconté comment il avait vu en direct le deuxième avion et comment il y avait eu cet instant de flottement : tout d’abord cela savait emblé être le « replay » du premier et il avait eu besoin de plusieurs minutes pour réaliser que ce n’était pas la rediffusion du premier avion s’encastrant la tour mais qu’il venait d’assister en direct au crash du deuxième…

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Dans une rue de Williamsburg, Brooklyn 

En voyant de loin, les tours absentes, ou plutôt en ne les voyant pas, ce vide dans le ciel est plus signifiant aujourd’hui pour moi que tous les projets de reconstruction. Peut-être je ne suis pas la seule à ressentir la présence de l’absence et cela expliquerait en partie pourquoi le chantier ne semble toujours pas avancer…Ce 11 septembre 2008, je ne voulais pas jouer les touristes, tourner autour de Ground Zero comme une « Vautouriste » attirée par le sang, les ruines, les morts atroces de milliers de personnes…

Alors, j’ai commencé à écrire ce texte et je suis partie à Coney Island…


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