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La déclaration d'indépendance de l'autre Amérique

Publié le 12 juillet 2007 par Geneviève Brunet

Décryptages

19 avril 2007

Le bruit des bourdons a couvert le cri des fourmis. Pas assez pour le rendre inaudible.

Bourdonnement que les vives discussions de coulisses, en marge des assemblées annuelles du Fonds monétaire et de la Banque mondiale, sur le maintien de Paul Wolfowitz à la tête du FMI. Son népotisme avéré a fait tousser plus d'un ministre des finances. La désapprobation générale affichée affaiblit durablement sa fonction. Buzz assuré et bruit de "Fonds" garanti.

Bourdonnement autour du mol débat sur la nécessaire réforme à venir des institutions de Bretton Woods; destinée à donner plus de poids aux pays émergents. Ce bruit ci était moins fort. Les réunions et futurs rapports encrypteront lentement ce changement en prose diplomatiquement correcte. Le futur tam-tam sera feutré.

La surprise n'est pas venue de là, mais de ce qui pourrait apparaître un jour comme l'affirmation de majorité civique de l'autre Amérique. La latine, celle affichant sa ferme volonté de s'affranchir de la tutelle du FMI et, à travers lui, de sa cousine l'Amérique du Nord.

Peu de bruit, mais un cri entendu et repris. La proposition du trublion marxiste de la région, le président vénézuelien Hugo Chavez, de lancer une "Banque du Sud" avait a priori peu de chances d'emporter de nombreux suffrages. Car le virage à gauche de l'Amérique latine est loin de se traduire par un mouvement uniforme de radicalisation. Les dirigeants Brésilien, Chilienne et Argentin sont plutôt des sociaux démocrates. L'objectif affiché de cette nouvelle banque régionale serait de donner aux pays d'Amérique latine une plus grande marge de manœuvre face au FMI. Une institution dont les potions amères ont souvent été avalées de mauvais gré par les populations de la région.

L'idée vénézuélienne a pourtant séduit au-delà du cercle des gauchistes. L'Argentine s'y est ralliée et le ministre brésilien des finances a indiqué que son pays voulait y participer. Des soutiens de poids, gages du sérieux du projet. Signe que le traumatisme de la crise économique subie par l'Argentine en 2002 - qui avait ruiné  en peu de temps des classes moyennes jusque là acquises au libéralisme façon "consensus de Washington" - a visiblement a laissé des traces durables dans la conscience des populations des pays alentours.

Le souhait de ne pas dépendre du FMI est patent. Il a d'abord pris la forme de remboursements anticipés de dettes auprès du Fonds par l'Argentine, le Brésil et L'Uruguay. L'Equateur s'apprête, lui aussi, à restructurer son endettement. Au nom de l'indépendance.

La création en commun d'une banque du sud marquerait un pas de plus vers cette indépendance. Un grand pas de côté.


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