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Mardi 24 juin 2008, Luxembourg : fauchage tardif

Publié le 20 septembre 2008 par Memoiredeurope @echternach

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Wasserbillig, Luxembourg

Depuis quelques temps, des pancartes ont été placées sur le bord des routes au Grand-Duché, mais aussi en Wallonie voisine, ainsi qu’en Lorraine. Une Composée jaune y est figurée au premier plan d’un environnement herbacé. « Fauchage tardif » est-il écrit.  

Je ne l’avais pas vraiment remarqué le long de mon environnement quotidien, jusqu’à ce que l’une de ces pancartes soit placée à proximité du nouvel aéroport de Luxembourg. Comme le chantier a duré un certain temps et a imposé des déviations, il est vrai que les bordures ont été vite envahies de plantes pionnières. De mauvaises herbes, comme on dit vulgairement, dont le désordre frappe d’autant plus que dans les jardins publics et privés du Luxembourg, les feuilles n’ont pratiquement pas le loisir de tomber, en tout cas de séjourner au sol, tant les propriétaires privés et publics ont intégré l’idée que la propreté d’un intérieur se reflète forcément à l’extérieur. 

Alors on ramasse, on tond, on débroussaille, pour autant que des buissons aient le temps de pousser, on arrache, on traque les ennemies du jardinier. Mais visiblement, on est resté à une vision un peu ancienne de l’entretien, sans avoir intégré le concept de jardin en mouvement et l’importance des herbes folles, deux idées chères à Gilles Clément.  

On épuise de ce fait le sol, sans lui donner d’humus, on arrache puis on sème de nouveau une pelouse impeccable pour le plaisir et le bénéfice des semenciers et on traite les bords de routes nationales comme des scènes de jardins…de jardins entretenus cela va de soi !

Un chantier est un chantier. Celui de l’aéroport a bien mérité son nom. “Défense d’entrer au chantier” comme on dit au Luxembourg ! Depuis plusieurs années, je m’étais habitué à mesurer l’avancée des saisons, l’influence de l’humidité, plus rarement, trop rarement l’effet de la sécheresse sur les parkings sauvages, les environnements de baraques de chantier jusqu’à…l’apparition de « fauchage tardif ».

Et en effet, tout au long du printemps, les graminées ont formé une bande continue le long des champs qui s’étendent sur les plateaux entre Echternach et Junglinster et sur les talus des forêts que je traverse à l’approche de Senningerberg. Pousse rapide dès que la chaleur est un peu plus marquée dans la journée, puis fleurissement et pollinisation qui fait que mes yeux pleurent quand la voiture absorbe le flot graminéen, compagnonnage avec les grandes Ombellifères, puis jaunissement progressif des tiges et surgissement des grandes Composées, des Eupatoires et même des Bardanes. Une véritable histoire du cycle des plantes à ciel ouvert qui dialogue avec la discipline des champs cultivés qui se trouvent en arrière plan.

Il semble que le souci premier de cette mesure soit d’appliquer des résolutions européennes. Il paraît que la nidification des oiseaux est meilleure, que les animaux sont ainsi protégés par un écran, des va et vient et des pollutions humaines et que l’on évite l’arasage de nombreuses espèces protégées.

Pour les animaux, je ne sais pas vraiment. De fait, sauf en effet le long des axes trop fréquentés, les animaux ont plutôt la vie belle au Luxembourg. Mais pour les Orchidées et quelques autres genres et espèces qui s’épuisent année après année, l’effet est certainement manifeste.

Mais il n’empêche que je ressens là comme une incongruité. Une espèce de zone de non droit, voulu comme tel, dans un espace où le droit et les règlements ont traqué le moindre espace, le moindre pouce de terrain. Avec un effet majeur, je dois bien le dire, celui d’une protection et d’un aménagement paysager quasi irréprochables grâce auxquels le paysage s’étend comme un long fleuve tranquille.

Trop tranquille peut être ?


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