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La nature c’est bien, mais pas sur mon territoire

Publié le 23 septembre 2008 par Nathalie Jouat

C’est un brin la conclusion d’un article très complet paru sur le site internet du Point ce matin.

L’homme a mis à nu les montagnes, les forets, assaini la terre pour faire des parkings, nettoyé des clairières pour construire des pâtés de maison et aujourd’hui on s’étonne que des animaux sauvages viennent faire un tour en ville pour chercher à manger.

C’est Nicolas Hulot, qui disait dans son livre « Le syndrome du Titanic » que l’homme a un rapport hystérique à la nature. C’est vrai que quand on habite à Paris, pour ne citer que la capitale, on ne bénéficie que de 13m2 (source) d’espaces verts par habitant, bois de Boulogne et de Vincennes compris ! Ce n’est pas beaucoup … pas de quoi en tout cas, satisfaire les anciens habitants de nos nouvelles zones urbaines qui n’ont d’autres choix que de s’adapter pour survivre. L’adaptation passe parfois par une modification de leurs comportements alimentaires, comme les renards qui fouillent dans les poubelles ou deviennent plus charognards que prédateurs.

Mais qu’avons-nous fait ? Il y a de cela quelques décennies, un écureuil pouvait traverser l’Espagne du nord au sud en sautant d’arbres en arbres. Pas question aujourd’hui d’envisager une telle escapade, puisque l’homme s’est mêlé de l’architecture naturelle et a déforesté sans tenir compte des besoins des animaux ni des siens (qui sont liés, rappelons-le).

Il y a plusieurs cas de figure à cette nouvelle donne de la biodiversité.
D’un côté, les animaux que nous avons chassés, qui ont perdus leurs niches écologiques et qui disparaissent, comme les grand primates. De l’autre, ceux qui prolifèrent (comme les lapins, les sangliers) car leurs prédateurs directs (le loup, le lynx) ont été décimés par les humains apeurés pour leurs troupeaux (à juste titre sans doute, mais modifier durablement la chaine alimentaire n’est pas une solution non plus).

L’article fait d’ailleurs référence aux modifications comportementales et alimentaires du vautour, animal protégé depuis 1976, nourri volontairement par les bergers qui laissaient leurs animaux morts se décomposer dans les prairies. Sans prédateurs directs et goinfrés de charognes, les populations de vautours se sont développées et sont aujourd’hui en surnombre. Qu’à cela ne tienne, on a décidé de les affamer en nettoyant systématiquement les carcasses dans la nature, sans se soucier de la réaction des rapaces qui crèvent de faim. Conséquences : certains éleveurs constatent maintenant des attaques de vautours sur des vaches vivantes ! Parfois même, des homicides prémédités, ci j’ose dire, d’oiseaux qui poussent les brebis  à tomber des parois rocheuses…

Avez-vous entendu parler du jeune chevreuil fou dans le bois de Bernouille en région parisienne, qui attaquait les passants s’aventurant sur son chemin ? La pauvre bête a été heurtée par une voiture après avoir traumatisé 10 personnes avec ses 2 malheureux petits bois. . L’animal n’a bénéficié d’aucune étude post mortem pour déterminer les causes possibles de son comportement, hop à l’incinérateur et bon débarras ! C’est quand même un comble de se réjouir de la mort d’un animal sauvage à qui l’on a piqué son habitat naturel, sans se remettre en question sur les causes de sa hargne !
Même les ours polaires sont concernés (ce n’est pourtant pas l’espèce la plus abondante avec environ 25 000 individus, mais vous devez le savoir avec le battage médiatique à son sujet). Avec le rétrécissement de la banquise, ils sont parfois contraints à nager des centaines de kilomètres avant de trouver une terre où se reposer. Arrivés près des côtes ils sont affamés et agressifs (qui ne le serait pas ?). Cette année deux d’entre d’eux ont été abattus en Islande après avoir effrayé les autorités qui ont tiré au lieu d’endormir la bête pour la rapatrier dans ses contrées ou la soigner.

Revenons en France, quand on se ballade dans le jardin des plantes à Paris, on peut voir de mignons moineaux venir vous manger dans les mains des bouts de sandwich, c’est sympa mais j’imagine que ca deviendrait vite effrayant si c’était des oiseaux plus gros. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe dans le sud de la France, où les goélands (protégés aussi depuis 1976) abondent en ville où ils se nourrissent de poubelles et nichent sur les balcons ! Une anecdote paradoxale, quand j’étais en Australie, à Sydney les mouettes se nourrissaient des frites laissées dans les poubelles près des fast-food et il y avait tellement de nourriture à leur disposition qu’elles préféraient venir réclamer des frites CHAUDES aux badauds !

Je suis plutôt pessimiste (pour une fois !) sur l’évolution de cette situation.
Nos nouvelles politiques urbaines vont favoriser les espaces verts en ville dans les années à venir (j’espère). On plantera des arbres, qui attireront les oiseaux, que l’on chérira pour nous apporter un peu de nature dans notre jungle urbaine, qui nous le rendront en devenant de plus en plus envahissants. Qua va faire l’homme ? Inventer des espèces de platanes génétiquement modifiés qui répugnent les vilains pigeons? Réhabiliter les chasseurs en ville pour déloger l’encombrant renard qui squatte les parcs ?


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