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"Wackness", un psy plus fêlé que ses patients

Par Rob Gordon

Un psy plus fêlé que ses patients. Un petit dealer qui paie les consulatations en sachets d'herbe. Leurs échanges. Leur rapport à la vie, à l'amour, au sexe. Pas si vite. Wackness n'est pas le film indé déjà vu auquel ce maigre résumé peut faire penser. Le film de Jonathan Levine est une vraie merveille, faisant du neuf avec des thèmes abordés dans deux films sur trois. Et c'est vraiment beau. Débutant comme un truc un peu fashion, avec ses plans trop beaux pour être honnêtes et sa reconstitution de l'époque (le film se déroule il y a une quinzaine d'années, quand Notorious B.I.G., Forrest Gump et la Game Boy étaient au centre des préoccupations des jeunes), Wackness dérive peu à peu vers un ton plus désenchanté, moins poseur, et immédiatement séduisant. On suit en parallèle les premiers émois amoureux du jeune Luke (Josh Peck, excellent), qui gère son business comme un grand mais se révèle beaucoup moins sûr de lui lorsqu'il s'agit de conter fleurette à la belle-fille du psy (et si Olivia Thirlby était la prochaine Scarlett Johansson ?). Quand à l'analyste (Ben Kingsley, fabuleux cabotin), il fume de la beu pour oublier que son mariage avec un canon (Famke Janssen) n'est plus qu'une illusion. Tous ces sujets sont traités avec une sorte de mélancolie toujours légère, de celles qui vous entraînent sans prévenir. Passionnant et fou comme un roman de John Irving (mais sans les ours ni les morts atroces), Wackness touche au coeur et à l'âme.
Les mixtapes, les soirées arrosées, l'obsession du sexe : mieux que beaucoup d'autres, Jonathan Levine traite de l'adolescence sous ses aspects les plus futiles mais aussi les plus importants, montrant des teenagers pressés de grandir mais tout de même assez flippés à l'idée de devenir des adultes aussi pathétiques que leurs parents. Un constat assez terrible, qui fait de la vie une impasse, impossible à traverser sans heurts mais qui, au bout du compte, vaut la peine d'être vécue. Pour une fois, l'enchaînement de fausses fins qui constitue la dernière bobine de Wackness a quelque chose de vraiment appréciable, voire salvateur, montrant que même les épisodes les plus indigestes d'une existence doivent garder leur place dans nos mémoires. Porté par un casting qui étonne et détonne et par une mise en scène dont la puissance ne cesse d'aller crescendo, voilà le plus belle surprise de ce mois de septembre.
8/10


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