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Entre les murs – La République de Platon n’est pas un livre de pétasses !

Par Bebealien

Les Palmes d’or à Cannes sont toujours sujettes à controverses car intimement liées avec la sensibilité artistique des jurys. On connaît la position plutôt à gauche de Sean Penn, président cette année, et on pouvait s’attendre à un palmarès faisant une belle part aux films à tendance sociale. Mais les Palmes d’Or c’est parfois aussi des films aussi chiants qu’improbables. Entre les Murs, malgré son excellente réputation en vaut-il vraiment le coup ? Et surtout que vient faire un film français social sur ce foutu blog ?

Entre les murs – Docu fiction intéressant

François un trentenaire prof de français au collège Francoise Dolto de Paris, réputé difficile, commence un nouvelle année scolaire. Prof principal d’une classe dont il connaît déjà quelques élèves, il va tenter de donner des bribes de civisme, de pensée démocratique et de leçons de vie à ses élèves… le travail de n’importe quel prof.

Une affiche banale pour un chouette film. Il manque du sang, des explosions est des flingues… mais en même temps ca n’aurait pas collé…

Entre les murs est l’adaptation sur grand écran du roman éponyme de François Bégaudeau décrivant sa vie de professeur. Il reprend d’ailleurs son propre rôle sur grand écran, entouré d’une bande d’acteurs amateurs reprenant tous leurs vrais rôles, corps professoral comme élèves. Et autant le dire de suite, le résultat est bluffant. Si certains personnages reprennent leur vie telle qu’elle, d’autres créent un personnage à partir de bribes d’élèves ou de professeur glanées ci et là. Il est impossible de voir qui joue et qui fait « comme dans la vraie vie » et c’est une vraie claque.

François avec ses élèves Souleymane et Boubakar sur un exercice d’autoportrait

En général les jeunes acteurs sont connus pour être de grands cabotins, incapables de mettre de la nuance dans leur jeu. En leur proposant de reprendre leur propre rôle, loin de les mettre tout le temps en valeur, le film impressionne par la justesse du jeu. Mais au-delà de la forme, le fond est franchement pertinent également.

On sait tous que le métier de prof à bien évolué depuis les années 50 avec ses petits élèves en blouse et ses collections de bons points. Le prof n’a plus seulement une fonction de transmission de savoir, mais également d’écoute, d’accompagnement, d’encouragement… d’autant plus qu’il travaille avec des élèves issus de milieux difficiles. Sans toutefois avoir un rôle de substitut par rapport à une autorité parentale défaillante, il doit néanmoins donner des repères suffisant pour aider ces jeunes adolescents à évoluer dans une société complexe.

Esmeralda, grande gueule de la classe

En ce sens, le film tape juste. Il montre la complexité de la situation personnelle de certains élèves, la difficulté pour les meilleurs de sortir du lot et surtout la difficulté pour un professeur d’avoir parfois un rôle d’arbitre devant trancher sèchement et influencer fortement la future vie d’un ado. Le film décrit ainsi la situation de Souleymane (superbement joué par un ado pour qui c’est un rôle de composition, car il se décrit lui-même comme timide et réservé) un garçon qui pourrait être brillant, mais qui dans un contexte difficile préfère ne pas travailler et s’aliéner le corps enseignant. Son expulsion éventuelle pourrait entraîner un retour au pays pour lui… mais peut être pas… Lourde responsabilité néanmoins pour un prof que de devoir trancher avec des conséquences aussi lourdes.

Une photo de classe avec ses différents clans, basé sur des schémas raciaux ou culturels

Le film a aussi l’intelligence de montrer un pétage de plomb côté professeur, quand l’insolence des élèves se fait insistante et que sous le masque de l’autorité du prof l’humain apparaît avec ses faiblesses et entre autre sa colère. Les mots qu’il emploiera seront à l’origine d’une situation incontrôlable et aux conséquences lourdes pour un élève.

Peut on vraiment dire que Entre Les Murs est un film ? Ou est-ce un documentaire faisant la photographie de la condition de professeur et d’élève aujourd’hui ? La nuance est tenue entre les deux, tant fiction et approche ultra réaliste se confondent. Quoi qu’il en soit, l’intérêt n’est pas là, mais dans le constat du dysfonctionnement d’un système qui perd son but premier et unique d’enseignement et de transmission de savoir pour devenir également un mélange d’assistance social, de conseil et de soutien à des élèves malchanceux. Indispensable.

P.S. : A mon avis on entendra de nouveau parler de Franck Keita dans le rôle de Souleymane. Ce gosse à un très gros potentiel !


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