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T’as vu mon bracelet ?

Publié le 27 septembre 2008 par Jbernard
Ce fut peut-être le moment décisif du débat entre le candidat républicain John McCain et le candidat démocrate Barack Obama. Et dans les années à venir on se rappellera peut-être de ce moment comme « la bataille des bracelets ».
Sur le ton de la confidence, McCain nous a raconté l’histoire d’une femme qui est venue le voir lors d’un meeting électoral dans le New Hampshire. « Sénateur McCain, je veux que vous me fassiez l’honneur de porter un bracelet avec le nom de mon fils gravé dessus. Il avait 22 ans et il a été tué au combat près de Bagdad » - Matthew Stanley – « avant Noël l’an dernier ». Et je lui ai dit : « Je porterai son bracelet avec honneur ».
Et là Obama a sans doute vu s’envoler des millions de votes vers son adversaire et il ne pouvait pas laisser passer cela. « Laissez-moi faire juste une remarque. J’ai aussi un bracelet, de la mère du sergent Ryan David Jopek, qui n’a été donné à Green Bay. Et elle m’a demandé : « Pouvez-vous s’il vous plait m’assurer qu’une autre mère ne va pas vivre ce que je suis en train de vivre ? ». C’est sûr que pour les téléspectateurs qui étaient un peu perdus dans la bataille de chiffres économiques, l’échange avait quelque chose de plus familier.
Autrement, Bush a eu les oreilles qui ont sifflé lors du débat. Dès son petit laïus d’introduction, Obama a résumé les choses de manière plutôt efficace : la crise financière “est le verdict final de huit ans de politiques économiques qui ont échoué, promues par George Bush, soutenu par le sénateur McCain”. « John, c’est votre président, avec qui vous avez dit être d’accord 90% du temps, qui a présidé cette orgie de dépenses et d’énormes déficits. Et vous avez votez pour pratiquement tous ses budgets. Aussi, être ici après huit ans et dire que vous allez contrôler les dépenses et équilibrer nos réductions d’impôts pour qu’elles aident les familles des classes moyennes, quand au cours des huit dernières années cela ne s’est pas produit. Je pense que c’est un peu dur à avaler. » Et là c’est McCain qui a vu des millions de votes s’envoler. Il a dû rendre les armes et abandonner Bush à son sort. « Il est bien connu que je n’ai pas été élu Miss Amabilité au Sénat ni avec l’administration. Je me suis opposé au président sur les dépenses, sur le changement climatique, sur la torture des prisonniers, sur Guantanamo, sur la façon dont la guerre en Iraq était menée. J’ai un long bilan en la matière et les Américains le savent très bien ». Encore un peu, il allait nous dire qu’il était démocrate.
Sur la défensive sur l’économie, McCain était en revanche beaucoup plus à l’aise sur la politique étrangère, son domaine de prédilection. Et il s’est montré plutôt sarcastique à l’égard d’Obama en ne cessant d’affirmer que ce dernier ne comprenait pas ce qu’il fallait faire. « Je crains que le sénateur Obama ne comprend pas la différence entre une tactique et une stratégie » (la plupart des téléspectateurs non plus sans doute) « Je ne pense pas que le sénateur Obama comprend qu’il y avait un Etat dans une situation d’anarchie au Pakistan quand Musharraf est arrivé au pouvoir ». Obama, moins à son aise que sur l’économie, n’a pas raté McCain sur l’Iran. « Je suis complètement d’accord que les présidents doivent être prudents dans ce qu’ils disent. Mais vous savez, venant de vous qui, dans le passé avait menacé d’extinction la Corée du Nord et chanté des chansons sur le bombardement de l’Iran, je ne sais pas si ce que vous dites est crédible ».
Mais tout cela n’a que peu de poids comparé à la bataille des bracelets.

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