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VDV 18 : Ça pinote en Alsace

Par Oenotheque
Plus que le pinot noir, c’est le thème de ce 18ème rendez-vous des vendredis du vin est le pinotage, ou encore le pinotement. Entendez par là quand le vin pinote, c'est-à-dire qu’il exprime le caractère « vrai » de ce cépage bourguignon globe-trotter. Me voilà bien embêté, car le pinot noir dispose d’un registre d’expression très large, laquelle correspond à sa vrai nature ?

Si sa patrie est la Bourgogne, pour moi il évoque avant tout le seul cépage rouge d’Alsace. Et c’est là que je vous propose d’en découvrir deux facettes carrément opposées. Le pinot noir y a longtemps été vinifié pour obtenir un vin très clair. Ce fut également, et pendant assez longtemps, le cas en Bourgogne. Et bien des anciens vignerons alsaciens l’aiment encore comme ça : des parfums délicats de fleurs d’aubépine, une certaine acidité, mais aussi une grande fragilité. Un millésime chasse l’autre, ces vins ne sont pas destinés à la conservation, mais doivent être bus dans l’année. J’ai la chance de bénéficier de quelques bouteilles élevées par un vigneron en marge de sa production commerciale, pour son usage personnel et le plaisir de quelques amis. Il offre un plaisir franc et accompagne à merveille un plateau de charcuteries alsaciennes. Vinifié sans souffre, il ne se conserve pas une fois ouvert, mais comme on peut vider la bouteille sans crainte de migraines …

VDV 18 : Ça pinote en Alsace

 A gauche, un pinot noir comme un clairet alsacien,
à droite la cuvée Marie-Odile de Bernard Weber.

Les goûts ont évolué au fil des années et le pinot noir s’est peu à peu assombri. Ce faisant, on n’a pas évité les excès du genre : extractions trop poussées et usage abusif de fûts neufs en tête. Mais fort heureusement, quelques talentueux vignerons alsaciens ont su faire du pinot noir de grands vins rouges d’Alsace. C’est notamment le cas de la famille Hugel à Riqewihr, de Jean-Pierre Frick à Pfaffenheim (notamment pour une belle, mais fragile, cuvée sans souffre), d’Audrey et Christian Binner à Ammerschwihr, ou encore de René Muré qui le cultive sur le Vorburg, grand cru ne pouvant pas en arborer la mention, puisque le pinot noir de fait pas partie des cépages autorisés en grand cru, alors que la géologie du Vorburg est idéale pour ce cépage …

Tous les précités sont situés dans le Haut-Rhin, qui, comme chacun le sait est au sud. Jusqu’à peu, les pinots noirs bas-rhinois (donc plus septentrionaux) ne m’avaient guère convaincu. Bernard Weber, de Molsheim, a relevé le défi. Il a considérablement perfectionné sa maîtrise de ce cépage depuis quelques années. Sa cuvée « Marie-Odile » en est la preuve, sur un millésime 2003 pourtant pas facile. Alors que nombre de confrères ont eu recours à des artifices pour palier le manque d’acidité des raisins vendangés en cette année de canicule (par exemple des vignerons, pourtant certifiés bio, ajoutant de l’acide tartrique, …) Bernard Weber a simplement joué sur le gaz carbonique. Résultat, une belle expression du pinot noir, toute en fruits rouges et noirs (cerises, mures, …), qui, malgré ses 13,5°, reste d’une incroyable fraicheur.


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