Madonna et McCain

” Elle n’était pas croyante, pas bien pensante, pas déformée par le conte de fées de la pureté, quelles qu’aient pu être les autres perversions qui la défiguraient. Elle n’avait pas le goût de juger autrui, elle en avait trop vu dans sa vie pour tomber dans cette imposture”…[Philp Roth]

Deux faits divers me rapprochent d’une lecture récente.

Le premier concerne Madonna . En grande tournée mondiale elle a provoqué la polémique en présentant un spectacle dans lequel une iconographie murale amalgame des photos de Mc Cain et d’Hitler d’un côté, et celles d’Obama et de John Lennon et Gandhi de l’autre. Que “la charmante” soutienne le jeune et fringant sénateur de l’Illinois contre le vétéran couturé du Viet Nam, c’est son affaire; je suis dans le même camp. Mais en revanche, je ne suis pas certain que de tels excès servent celui qui semble ainsi empoter l’adhésion de la vedette. Elle vient de récidiver, en diffusant sur son site, un clip sur les mêmes thèmes et en utilisant les mêmes amalgames. Certains pourront penser qu’il s’agit, en fait, d’une pub « inversée » ? Et pourquoi pas ?

Le second, c’est le procès intenté à Pierre Péan par SOS racisme, à propos de son livre “Noires fureurs, blancs menteurs “ paru en 2005 sur le « génocide » rwandais. Évoquant des rescapés qu’il aurait rencontrés, M. Abtan, ancien président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), affirme qu’ils “étaient saisis de peur à l’évocation” du nom de Pierre Péan. “Une émotion qui dans les références qui sont les miennes ne peuvent que me rappeler l’effet du nom Faurisson sur les rescapés de la Shoah”, ajoute-t-il. Ayant tenté de remplacer le mot “tutsi” par “juif” dans l’ouvrage de Pierre Péan, l’ancien président de l’UEJF a avoué mercredi n’avoir pu s’empêcher de faire le lien avec le “Mein Kampf” d’Hitler!

Appelés à la barre par la défense, Bernard Debré et Hubert Védrine, ont défendu l’écrivain. Le premier, ancien ministre de la Coopération du gouvernement Balladur à partir de 1994, a qualifié de “procès en sorcellerie” les poursuites intentées par SOS Racisme. Hubert Védrine, secrétaire général de l’Elysée à l’époque du génocide puis ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin à partir de 1997 a estimé que Pierre Péan était victime d’un “mauvais procès”…

Ces deux faits divers ne peuvent que renforcer l’émotion ressentie à la lecture d’un livre ici recommandé par un collaborateur de ce blog (Chambolle). C’est un ouvrage que je ne connaissais pas d’un auteur que j’adore : Philip Roth . Il fait partie d’une trilogie qui commence par « J’ai épousé un communiste », le maccarthysme des années 50, se poursuit par « Pastorale américaine » et les débordements convulsifs des années 60, et s’achève par le livre en question : « La tache  ». Dans lequel, entre autre, le conformisme des “racines” est parfaitement décrit, le pouvoir de la rumeur, la dictature absolue de l’amalgame durement décryptés. “Un livre sur l’Amérique de Bill Clinton en pleine affaire Lewinsky, en crise de pureté pour ne pas dire de purification ! Ce roman aborde le sujet de la tolérance ou plutôt de l’intolérance, sous bien des formes : intolérance raciale, intolérance sociale, intolérance face à la liberté de disposer librement de son esprit et de son corps.”

Je n’ai pas regarder le clip de Madonna (je ne le ferais pas), je n’ai pas lu le Péan (ça pourrait m’arriver), mais je prétends, chers amis, que nous sommes sur une très … très « mauvaise pente » celle de l’intolérance absolue, du refus de toute “déviance” par rapport au “correct” du moment, un terrible “Piège” ! Cette illustration insignifiante par des faits divers récents, ne saurait en cacher d’autres plus “graves” et signifiants; ils courent les gazettes.

“On s’étonnait tout de même que des gens si instruits, si policés, aient pu céder si volontiers à la tentation ancestrale de voir un homme incarner le mal à lui tout seul. Pourtant ce besoin existe, il est profond, il a la vie dure.” [Philip Roth]

Cette note ne saurait résumer non plus, l’ouvrage de Philip Roth, dans lequel vous retrouverez l’extraordinaire Professeur Coleman Silk, à la fois terrible et attachant, et qui “dérape son scénario de vie”, si patiemment élaboré, pour une parole de trop.

Pied de nez : le titre et les “clics” photos!

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