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Walt Disney - Marc Eliot

Par Woland

Walt Disney, Hollywood's Dark Prince Traduction : Philippe Loubat-Delranc, Yves Sarda & Jean-Luc Piningre

Ainsi que l'indique son titre, "Le Prince Noir de Hollywood" - inexactement rendu en français par "La Face cachée du Prince de Hollywood" - cette biographie de Walt Disney n'a pas reçu l'aval de ses héritiers. Elle n'a pourtant rien de bien scandaleux même si elle insiste très lourdement sur l'anti-judaïsme du personnage et sur sa haine des communistes.

Elle soulève également quelques points plus intéressants. Dont les doutes que le créateur de "Blanche Neige" aurait conservés toute sa vie sur ses véritables origines. L'auteur affirme que, si le jeune Walter était bien le fils d'Elias Disney, sa mère n'était autre qu'une Espagnole qui, par la suite, lui servit de gouvernante./b Je ne sais si la traduction est ici en cause mais la façon dont Eliot présente la chose paraît on ne peut plus rocambolesque, trop pour convaincre le lecteur et pas assez pour l'empêcher de rêver.

Seul fait certain : Walt Disney eut une enfance rien moins qu'heureuse, auprès d'un père particulièrement brutal. Petit garçon sensible et imaginatif, Walt s'évadait comme il pouvait, en dessinant. La religion unitarienne, à laquelle appartenait la famille, l'influença aussi durablement dans sa sexualité. Sur ce plan, il se montra toujours très discret - et les commères de Hollywood, Parsons & Hopper, avec lesquelles il eut toujours de bonnes relations, ont peut-être protégé cet homme avec qui elles partageaient les mêmes réseaux d'influence politique.

Autre certitude : contrairement à ce que Disney affirma toute sa vie, c'est bien le colérique et bouillant Donald Duck qui pouvait prétendre à lui servir d'alter ego, et non le doux et propret Mickey. La célébrissime souris fut d'ailleurs imaginée non par Disney - là aussi, la légende a du plomb dans l'aile - mais par son dessinateur et associé, Ub Iwerks. Ce dernier, inutile de le préciser, ne toucha jamais aucun droit sur sa création et finit par quitter l'usine Disney.

Walt Disney, un mauvais patron ? Analyse trop simple. Il était tout à la fois exécrable et charmant. Quand il planchait sur l'idée d'un film, quand il se mettait à "raconter" l'histoire, mimant chaque geste, donnant chaque intonation, jouant le jeu jusqu'au bout, ses employés étaient sous le charme. Quand il grappillait sur les salaires et parlait de mettre à la porte tous ceux qui tenteraient de rejoindre la Guilde des Cartoonistes, c'était évidemment une autre affaire ...

La biographie d'Eliot se lit bien mais elle laisse le lecteur sur sa faim. Il en sort en effet avec l'impression que l'auteur, aussi puritain que son modèle, s'empresse de grossir certains traits pour qu'on évite d'approfondir d'autres réflexions, d'autres détails. Ainsi, l'anti-judaïsme de Disney et ses convictions républicaines ne peuvent apparaître comme un scoop fabuleux à ceux qui s'intéressent à l'Histoire du cinéma américain. Plus étonnantes sont - entre autres - les semi-confidences sur la vie de recluse qu'aimait à mener l'épouse de Disney ou encore le rapport entre la sexualité de Disney et les "débordements" de Donald dans "Les Trois Caballeros."

Mais autant Eliot se montre prodigue de documents et d'explications quand il est question du FBI et des opinions politiques de Disney, autant il ne fait qu'effleurer la vie affective et sentimentale du personnage. Les précautions qu'il affiche pour amener le lecteur à faire le rapport entre la relation mère-fils chez les Disney d'une part et, d'autre part, la sexualité inhibée (à connotation homosexuelle ?) de leur célèbre rejeton sont même proprement risibles.

A lire donc comme une curiosité et faute de mieux en attendant LA biographie à la vraie mesure de Walt Disney, l'homme et l'artiste. ;o)


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