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La Belgique va-t-elle exister longtemps encore?

Publié le 17 juillet 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

SELECTION RELATIO SUR LES COULISSES DE BRUXELLES: Dsc02573

Plus d’un mois après les élections législatives, la Belgique n’a toujours pas de gouvernement et semble plus éloignée que jamais de trouver une coalition permettant de la diriger durant les quatre prochaines années.

 UNE CRISE

INEXTRICABLE

 Mon confrère et ami Yves Clarisse, excellent connaisseur du Royaume d’outre-Quiévrain, a écrit dimanche une longue dépêche intitulée : « La Belgique plonge dans une crise inextricable ».

En cause : les revendications flamandes visant à vider de ses dernières compétences la Belgique fédérale, revendications refusées –pour l’instant- par les francophones (minoritaires dans le pays). Le journal francophone, Le Soir, ironise en affichant dans un cercle rouge un « compte à rebours » au-dessus des articles : « 36 jours sans nouveau gouvernement »…

Certes, le Roi a désigné, dimanche, le Flamand Yves Leterme, dont le parti démocrate-chrétien, le CD&V, allié aux indépendantistes du NVA, a emporté haut la main le scrutin en Flandre, pour former un gouvernement (on appelle la fonction ici : « formateur »).

A priori, la tâche paraît simple : les démocrates-chrétiens et les libéraux du nord et du sud disposent sur le papier d’une confortable majorité (81 sièges sur 150). Cette alliance –dite « orange-bleue »- pourrait même être élargi aux écologistes (12 élus).

Mais, pour Leterme, l’objectif de la future majorité est moins de gouverner le pays que de donner davantage de pouvoirs aux Régions, entendez à la Flandre, notamment dans la gestion de la santé, des allocations familiales ou encore du chômage. Le nord ne veut plus payer pour Bruxelles et la Wallonie confrontés à un fort taux de chômage. Pour Leterme et ses amis indépendantistes du NVA, seules les allocations vieillesses devraient rester fédérales. Pourquoi ? Tout simplement parce que la Flandre est confrontée à un fort vieillissement de sa population…

Il serait faux de croire que le peuple flamand serait fédéraliste à la différence des élites politiques, un argument que les francophones répètent à tout bout de champ pour se rassurer : près de 60% des citoyens flamands n’ont-ils pas voté pour des partis qui prônent l’indépendance de la Flandre ou, à tout le moins, la création d’une simple confédération entre le nord et le sud ?

Portés par cette vague populaire, les partis flamands n’hésitent plus à franchir toutes les lignes rouges. Ainsi, le Président de la Chambre,  Herman Van Rompuy, poids lourd du CD&V, n’a pas hésité à déclarer qu’il « serait stupide de former un gouvernement juste pour en avoir un. Ceci n’est pas une négociation normale, c’est une négociation de crise ».

 En clair, l’intérêt Dsc02575de la Flandre passe avant l’intérêt de la Belgique, tout comme l’avait déclaré à Libération, en août dernier, Yves Leterme (photo ci-contre).

De même, la semaine dernière, l’ensemble des partis politiques flamands, hormis les Verts (« Groen ! »), ont fait sauter le « cordon sanitaire » entourant le Vlaams Belang, le parti d’extrême droite flamand indépendantiste et raciste : pour la première fois, le second parti de Flandre a obtenu des élus au bureau de la Chambre, une vice-présidence et une questure.

Evidemment, tous les partis francophones ont voté contre cette élection. Mieux : l’ensemble des partis flamands n’a rien trouvé de plus urgent à faire que de demander dans la foulée la scission de l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde qui permet à quelques 200.000 francophones installés en périphérie bruxelloise mais région flamande de voter pour des candidats francophones.

Reste à savoir combien de temps les partis francophones vont pouvoir tenir en jouant uniquement la défense. Face à une Flandre qui a clairement choisi l’air du grand large, ne serait-il pas temps que le sud passe à l’offensive et négocie au prix fort la partition du pays ?  Pour la première fois, le sujet ne semble plus tabou. Le principal hebdomadaire francophone, Le Vif/l’Express vient de publier un entretien avec Vincent de Coorebyter, le directeur du Centre de recherche et d’information socio-politique (Crisp), dans lequel il affirme que « la situation arithmétique post-électoral peut mener à la fin de la Belgique ».

JEAN QUATREMER (LIBEBLOG)



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