La ville.

I.
La ville est un chaos,
un grand shaker cruel
qui malaxe les tons,
entrheurte les reflets,
creuse le profondeurs
et distord les profils
en les enchevêtrant
avec un bel entrain;
dans ses formes cassées,
dans ses encastrements,
ses mises en mouvement
aux lignes cabossées
elle inscrit sa ruée
vertige évanescent,
profusion qui finit
par annuler
tout poids.

II.
Le métro fonce, pressé de
mener au port sa cargaison
de têtes vides, d'yeux absents
et tout ceci semble
normal.
Et vous, le cou rentré dans les
épaules, vous vous résignez
pur la nième, xième fois
à détourner vos yeux
des gens.
Il n'est nul regard pour ciller,
pour chercher à nouer contact,
pour vous rassurer en jouant ne
serait-ce qu'un temps
les miroirs.
Et l'indifférence
vous broie,
l'absurdité
de ce trajet
subitement, vous saute aux yeux
et vous pénètre
en profondeur.
Les claquements de portes secs
ponctuent l'amère frustration
bruits de fond à la négation
de vous qui vous est opposée.
Vous vous sentez miné, privé
de présence, de pesanteur,
votre charnelle densité,
votre pulpe n'est plus, soudain
qu'un souvenir presque étranger,
vous vous pinceriez, pour un peu.
"Ils" ne se préoccuppent pas
de vous, au mieux, vous les gênez
c'est dans de telles conditions
que vous apprenez à
haïr.

P.L