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Blindness

Par Rob Gordon

Blindness

Plus qu'un film sur l'aveuglement, Blindness voudrait être un film politique et sociologique, sur la discrimination, la mise à l'écart, la lente putréfaction d'une société qui ne tire aucun bénéfice de ses chances de nouveau départ. Les objectifs sont clairement affichées, tout comme le désir de Fernando Meirelles de livrer une oeuvre visuellement travaillée afin de nous plonger dans l'angoisse de cette cécité soudaine. C'est vrai que c'est beau, les intentions, mais ça n'a jamais fait un film. Se basant sur une histoire originale et intrigante, Blindness tourne rapidement à vide, tant sa description du chaos qui enveloppe progressivement nos troupeaux d'aveugles semble schématique. On nage quelque part entre la vacuité d'Invasion et la prétention boursouflée de Dogville. Dommage d'ailleurs que Nicole Kidman n'ait pas interpété le rôle endossé par Julianne Moore, ça aurait fait une jolie trilogie du vide sidéral.


Impossible donc de prendre Blindness au sérieux dans les thèses qu'il tente maladroitement de défendre (et qu'on serait bien incapable de résumer, tant elles partent dans tous les sens). Mieux vaut alors prendre le film pour ce qu'il est réellement, c'est-à-dire une oeuvre angoissante, oppressante, film de zombies sans zombies. Là, Meirelles livre quelques scènes assez fortes rappelant le meilleur de Romero (et, plus récemment, le 28 jours plus tard de Danny Boyle). Avec notamment une courte scène dans un supermarché, où la pauvre Julianne Moore manque de périr sous les assauts de quelques morts de faim. En revanche, il échoue à faire naître l'angoisse, pourtant évidente, qui prend ceux qui deviennent rapidement aveugles. Visuellement, comme d'habitude, le réalisateur brésilien en fait mille fois trop, jusqu'à saturation. Comme les personnages, on finit par trouver le temps long devant un film qui avait une histoire forte à raconter mais qui s'empêtre dans une logorrhée verbale et visuelle qui l'affaiblissent considérablement. La belle interprétation de Mark Ruffalo et Julianne Moore n'y changera rien : Blindness, c'est beaucoup de promesses pour pas grand chose.
4/10


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