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Les joyaux de la Chanson Française : Véronique Pestel

Publié le 10 octobre 2008 par Flash-News

Les joyaux de la Chanson Française : Véronique Pestel

Les joyaux de la Chanson Française : Véronique Pestel
Certain(e)s artistes évoluent dans le paysage culturel depuis des années sans que les médias ou l'élite intellectuelle parisienne ne s'intéressent à eux et elles. Pire encore, ces artistes sont tout simplement oubliés dans les anthologies et autres dictionnaires sur la chanson française pour d'obscures raisons. Il est possible aussi que l'indépendance d'un artiste en dehors des modes agace, gêne.
Ainsi Marc Havet chante depuis 1980, possède sa petite salle parisienne de concert-bar, le fameux Magique (qui compte notamment une belle clientèle de touristes étrangers attirés par la chanson française), écrit et chante de superbes chansons mais ne passe quasiment pas à la télévision, la radio, est peu présent sur Internet et n'est pas cité dans les ouvrages de référence sur la chanson française.


Les joyaux de la Chanson Française : Véronique Pestel

 

Tant d'années de carrière et rien, nous pourrions dire. Bien sûr les journalistes sont parfois arbitraires. Odieusement arbitraires. L'absence de William Sheller dans le bouquin La Chanson Française pour les Nuls, de Bertrand Dicale laisse songeur. Quand dans le même ouvrage Michelle Torr a droit à 5 lignes (cela dit nous n'avons rien contre Michelle Torr, hein, n'est-ce pas).

Bon, et puis il y a beaucoup d'artistes, tout n'est pas forcément digne d'intérêt. Pourtant l'artiste, par sa voix, sa musique, son univers, son image est présent dans nos vies, il fait partie de nos univers mentaux, de nos meubles. Ce n'est pas rien.
Les médias dans leur écrasante majorité ne parlent guère de Nicolas Bacchus, de Xavier Lacouture, de Laurent Viel. Pourtant il y a un public. Ces artistes ne roulent pas en limousine, parfois même survivent plus qu'ils ne vivent. Mais le public est là. Et si finalement c'est ça qui gêne ? Un artiste qui persiste et signe ses chansons d'année en année sans vraiment avoir le soutien des médias, même spécialisés, sans avoir le soutien du "milieu" professionnel...sortir un premier disque n'est pas difficile, encore moins de nos jours. Mais durer...ah durer.
Le monde musical est impitoyable, avec ses hiérarchies, ses gloires et ses décadences, son aspect mystérieux, à part. Tous ces artistes, y compris les moins connus, sont à la fois non-intégrés dans la société des 35 heures et des congés payés et à la fois exposés, ne serait-ce que sur scène. Connus et moins connus sont marginaux. Certains artistes revendiquent, parfois parce qu'ils y sont un peu forcés, leur marginalité.
Dans le petit monde de la chanson française, il est difficile d'être de couleur, car hélas la société est telle qu'elle est, un Noir qui jouerait de la Valse musette laisserait songeur aussi bien le public noir, qui ne jure dans son immense majorité que dans les musiques "noires" et étonnerait le public blanc qui n'a pas l'habitude de ce genre d'artiste. Henri Salvador, métissé, fut un pionnier, il est parti. Le monde de la chanson est monocolore, à quelques exceptions près : Ridan, Maik Darah, Jann Halexander.
Il est encore plus difficile d'être femme.
Barbara fut sacralisée de son vivant, femme entourée d'hommes (producteurs, musiciens, arrangeurs), morte elle est devenue un mythe. On aime bien les femmes mortes : Jeanne d'Arc, autrefois, Barbara maintenant, dans un autre genre. On aime la femme qui est belle et qui se tait, on aime la femme brisée et seule sur laquelle on peut fantasmer, que l'on peut acclamer en pensant que ces acclamations seront des réconforts pour l'artiste.


On aime moins, mais c'est inconscient, voyons, la femme debout, celle qui parle et qui dit non, la fameuse Sorcière comme les Autres chantée par Anne Sylvestre.
Anne Sylvestre, parlons-en, pionnière de l'auto production, pratiquement la première femme auteur compositeur interprète du 20ième siècle en chanson française, ce n'est pas rien. Celle dont les chansons pour adultes furent souvent ignorées au détriment des pourtant splendides mais tout de même moins intéressantes chansons pour enfants.
Mais voilà, Anne Sylvestre a fêté ses 50 ans de carrière, les gros médias ont enfin (peut-être timidement tout de même) répondu présent de France 2 à Télérama...
entre-temps, l'Olympia de Georges Chelon passait inaperçu (oui, il chante encore).

Les joyaux de la Chanson Française : Véronique Pestel

Et puis il y a  Véronique Pestel.

Une fabuleuse et mystérieuse(parce que trop rare) chanteuse à la longue tignasse rousse, dont les textes sont vraiment magnifiques, travaillés et les musiques de belle facture.

C'est de la chanson française très classique, incroyablement littéraire.

Chanter 7 minutes un poème d'Aragon sur Pablo Neruda est une prouesse. Madame Pestel, dame légèrement métissée (on retiendra l'émouvant Mamie Métisse qui prend aux tripes au fur et à mesure qu'on avance dans le texte et vibrant hommage à la grand-mère de l'artiste) mène une carrière discrète, trop discrète.

Elle ne possède pas de page Myspace, pour l'écouter il faut aller la voir sur scène ou acheter ses disques, les commander. On ne peut pas la télécharger sur virginmega, fnacmusic ou itunes. Ce qui donne  à ses chansons l'allure de joyaux. Envoûtants comme Rue d'Amsterdam.

L'introduction aux violons sur la chanson Le Temps bouleverse quiconque est sensible et a l'oreille musicale.
Dans le fond finalement, peu importe de savoir si Véronique Pestel est reconnue à sa juste valeur ou non.

L'essentiel : elle existe.
Tout sur Véronique Pestel
http://veronique.pestel.free.fr/
http://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%A9ronique_Pestel
www.chantdesartisans.org (pour commander les disques)
en concert le 15 novembre 2008 à Créteil


Luc Melmont


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