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Nicolas Sarkozy confronté au krach politique

Publié le 10 octobre 2008 par Exprimeo
La crise financière semble emporter l'économie réelle pour se transformer en véritable krach politique. Au moment où chacun a les yeux sur les cours de bourses, un krach politique s'annonce peut-être. Au Canada, le Parti Conservateur a perdu 8 points en 10 jours. Son avance sur le Parti Libéral a fondu de 13 à 5 points. Aux Etats-Unis, John McCain, héritier malgré lui de GW Bush, est renvoyé dans les profondeurs des intentions de votes. Il n'existe pas de crise très sérieuse qui ne dégénère pas en krach politique. Winston Churchill avait une formule simple pour évoquer la façon de faire face à des périodes dangereuses : " il faut prendre l'évènement par la main avant d'être saisi par lui à la gorge ". Cet aspect volontaire et courageux est l'une des caractéristiques du profil de crise. L'état de crise fait naître une aspiration à faire vivre la différence entre un homme politique et un homme d'Etat. L'homme politique incarne des actions. L'homme d'Etat symbolise un engagement collectif. Les actions sont du ressort du quotidien. L'engagement collectif relève de l'idéal à terme. Il donnera un sens à des actions qu'on n'imagine peut-être pas encore. L'enjeu n'est plus du même niveau. Si aujourd'hui les citoyens sont coupés de leurs élites politiques, administratives ou économiques, c'est qu'ils ont la certitude que ces élites ont cumulé trop d'erreurs et trop de mensonges. Trop d'erreurs, parce qu'elles n'ont pas été capables de suffisamment prévoir, d'engager les réformes pour sortir de la crise. Trop de mensonges, parce que les élites se sont discréditées en refusant d'accepter leurs erreurs. Ce cumul a cassé la confiance et le respect. Il n'y aura donc d'évolution qu'en apportant une double correction : - admettre le droit à l'erreur, - pour enfin refuser le droit au mensonge. Cet enjeu montre qu'il s'agit de bâtir une autre culture politique. Il ne peut plus être question de s'en remettre à une " élite providentielle " ayant réponse à tout. Bien au contraire, il importe d'évoluer vers davantage d'humilité, de transparence, d'écoute, de partage des décisions. C'est une vraie " nouvelle morale " qui est nécessaire. Sur quoi repose cette nouvelle morale : - il faut dépasser les oppositions systématiques pour faciliter les passages et les rencontres de points de vues, - il faut ouvrir les instances de direction aux profils les plus divers, - il faut rompre avec l'autoritarisme aveugle qui refuse le compromis et qui repose en permanence sur une valorisation excessive de l'intérêt général en qualité d'abstraction. La précarité ne devrait pas d'abord frapper les plus faibles mais les plus puissants. Les dirigeants, plus que tous les autres, doivent être contestés de façon permanente afin d'évincer les incapables ou les paresseux. Sans cette instabilité permanente des élites, ces dernières se sclérosent, se protègent, se coupent de la " vraie vie " connue par le plus grand nombre et accélèrent leur chute. Cette nouvelle mentalité est le principal défi des prochaines années. Elle ouvre un exercice différent du pouvoir. Elle impose un contrôle différent du pouvoir. Elle exige un exercice différent de la qualité de citoyen.

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