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Le gilet de Nicolas Delesalle

Publié le 11 octobre 2008 par Loïs De Murphy

Lagerfeldgilettrianglesecurite Nicolas Delesalle est journaliste et travaille pour le magazine Télérama. Peut-être même a-t-il une carte de presse et soyons fous, supposons – quelle folle rumeur n’aime-t-on pas lancer – qu’il sort de l’École Supérieure de Journalisme de Lille. Je peux émettre cette hypothèse et ne pas la soumettre à l’épreuve d’une vérification simple, puisque je ne suis pas journaliste.

Dans le n° 3065 et à la page 78, il nous fait le compte-rendu d’une longue et minutieuse enquête sur l’attitude des français face à la possession du gilet rendue obligatoire depuis le 1er octobre 2008. Quelles classes sociales de la population a-t-il échantillonnées et dans quelles régions de France, mystère et boules de geisha.

Il pourrait se perdre dans d’aimables conjectures mais il choisit ce fougueux de nous affirmer les perles suivantes :

« Le gilet de signalisation, c’est la forme du moment » ; « il y a dans ce morceau de pétrole raffiné (il a osé le jeu de mots) quelque chose qui tient à la fois de l’aventure, du porte-avions, de la Tour infernale et du pompier courageux. » , « beaucoup d’automobilistes sont fiers de leur gilet. Partout, on le voit accroché au siège conducteur, alors qu’il pourrait être caché dans la boîte à gants. (…) L’étoffe du héros de la départementale. » 

Je m’empresse de filer sa métaphore : la pépète du sixième arrondissement s’identifie donc à un pompier courageux ou à un porte-avions. Le sac Vuitton est posé sur le siège du passager, la pédale d’embrayage est pressée par son pied gainé d’un bas Wolford entre les chaussures Gucci enlevées pour une conduite plus zen après le cours de yoga prana, et le gilet rendu sexy par la pub de Karl Lagerfeld trône crânement sur le dossier du siège conducteur, drapant habilement ses épaules en trompe-l’œil. Ok, ce n’est pas une métaphore, mais l’image me fait bien rire.

Le français lambda surtaxé par les TVA comme jamais, écœuré de payer pour tout ce qui est obligatoire et surtout enchanté de se ruiner pour sa voiture en dehors de ses achats « tuning » se prend pour un man at work, un citoyen vertueux et veut que son voisin le sache. C’est ce que je comprends à la lecture de son article. Tiens, dans son esprit les femmes sont des hommes comme les autres, donc.

Alors effectivement, un nombre certain d’automobilistes mettent le gilet sur leur dossier. Hommes, femmes, jeunes, vieux, bobos, techniciens, étudiants, secrétaires, beaucoup le portent ainsi. Peut-on me rappeler à quel point la peur du gendarme et du contrôle routier peuvent inciter à montrer patte blanche et donc gilet jaune, même quand on ne vous a rien demandé ? Surtout par les temps et les Taser qui courent. Peut-on me dire combien roulent sans permis, sans contrôle technique à jour, avec les pneus lisses, un phare cassé ou fortement alcoolisés (trois verres de bière) et ne souhaitent pas faire l’objet d’un contrôle de routine ? A chaque fois que je vois une automobile avec la tâche fluo sur le dossier, j’entends presque le conducteur supplier : « foutez-moi la paix les flics j'ai mon ausweis, heu... mon gilet jaune... non, pas moi, pas moi, pourvu que ça ne tombe pas sur moi… »

Et vous Nicolas Delesalle ? Comment portez-vous votre gilet ?


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