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Charles Juliet, faim et silence

Par Christian Tortel

Au sortir du marché dominical, d’un cabas l’autre, entre tomates et raisin, librairie de L’Atelier, Paris XXe, Ces mots qui nourrissent et qui apaisent (P.O.L), réunit par Charles Juliet dans ce que précise le sous-titre : ” Phrases et textes relayés au cœur de mes lectures “. C’est intéressant parce que ce n’est pas qu’un recueil de citations, classées, façon ” tout sur tout par tous “, mais… l’invitation à un banquet de mots d’esprit, nourritures, phrases et textes ” livrés en désordre (…) répartis à la périphérie d’un cercle dont ils indiquent le centre. Un centre qui est aussi une source et que chacun doit découvrir en lui-même et par lui-même. “

Au sortir de l’Ecole du service de santé militaire, l’étudiant Juliet fit le point, nous détaille la préface :

” Quand j’ai découvert l’étendue de mon ignorance et de mon manque de culture, une faim de savoir littéralement dévorante s’est emparée de moi et ne m’a plus lâché. Pris de boulimie, j’ai alors ingéré de nombreux livres. Cependant, la lecture continuait de m’apparaître comme une jouissance défendue, une nourriture qui d’un jour à l’autre pourrait m’être retirée. Il falait que je mette les bouchées doubles et que quelque chose subsiste des livres qui me passaient par les mains. Pour ce faire, j’ai donc pris l’habitude d’en recopier quelques mots, quelques lignes…

(…) Que fait-on de ce qu’on sait ? Que fait-on de ce que la vie dépose en nous au fur et à mesure que passent les années ? Et moi, qu’allais-je faire de ces cahiers ? (…) Je me suis décidé à transmettre - en toute modestie et simplicité - ce que j’ai reçu à profusion, ce que mon travail d’écrivain m’a apporté… “

Exemple, au hasard, p. 65, cette citation de Chet Baker, relevée par Charles Juliet himself : Jouer, « c’est jouer du silence ».

A noter, dans le recueil de poèmes précédant de Charles Juliet, L’Opulence de la nuit  (P.O.L, 2006), ce goût du mot nourrissant :

Quand j’ai faim tout me nourrit

racontait cette chanteuse

dont le nom m’est inconnu…

et ce dépouillement, tel que relevé par Astrid de Larminat :

Il n’a pas à triturer puis polir les mots

qu’il emploie

Il laisse son silence

les épurer les fertiliser.

ééé

ééé


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