Magazine Politique

Désir de rupture n°21 : Refonder le système international

Publié le 29 octobre 2008 par Toreador

Le Monde a quatre hémisphères : un au Sud, un au Nord, et deux qui s’ignorent

Imaginez un gouvernement où le ministre des finances aurait plus de pouvoir que le Premier ministre. Ce dernier déciderait de grandes orientations, pérorerait, défendrait sa politique devant l’Assemblée Nationale. Et puis ensuite, ce serait Bercy qui choisirait de reprendre, ou pas, ces mêmes orientations. 

Ce système existe : c’est le nôtre

Ce Premier ministre de pacotille, c’est le système des Nations-Unies. Un système politique, lourd, fondé sur l’égalité des voix de ses membres, où seules les affaires de sécurité restent du domaine des cinq vainqueurs du dernier conflit mondial. Un système sans argent, qui fonctionne au plus petit dénominateur commun, colossale machine de Babel qui s’ébroue et ergote, au fil des accords et communiqués. Une grosse dinde grasse et endormie qui se réveille de temps à autre sous le coup de la chaleur pour glousser des résolutions stériles reconduites année après année, éternel royaume de la traduction multiple et de l’interprétation simultanée. 

Ce Bercy arrogant, c’est Bretton Woods. Un monde dirigé et dominé par les Occidentaux, où ce qui compte n’est pas la souveraineté étatique, mais le cash que ces pays acceptent effectivement de mettre en caisse pour aider au développement ou à la stabilisation financière des pays du système. Un monde avec de l’argent, mais peu d’idées, largement stérilisées par la doxa libérale nord-américaine. Ouverture des économies, réformes structurelles, dollarisation, libre-échange. Un serpent froid dont les préceptes  ont longtemps hypnotisé la planète entière, avant de devenir honnis par ses anciens obligés, au point d’obliger sa mue. 

Mariage à la communauté des acquêts

Ces deux mondes communiquent mais ne se parlent pas. Imaginer la réforme de Bretton Woods de manière isolée, c’est assurément une erreur, car l‘économie doit procéder du politique. On ne peut pas s’indigner d’une mondialisation incontrôlée alors que le seul organe politique d’impulsion est comme un poulet sans ailes. On ne peut pas s’élever contre l’émergence du G8 comme directoire de la planète sans réaliser que l’ONU ne comprend pas de véritable Conseil Economique et ne donc peut jouer ce rôle. On ne doit pas penser la réforme de manière partiale. 

L’ONU a besoin d’une réforme. Bretton Woods a besoin d’une mue. Tant mieux ! Certains équilibres doivent changer en leur sein. Il faut responsabiliser la première et démocratiser le second. On pourrait très bien fondre les deux systèmes en un. Une Assemblée Générale unique, avec les mêmes droits de vote. Et puis un Conseil de sécurité, ouvert aux puissances nucléaires reconnues par le TNP.

A coté, nous trouverions un Conseil du Développement Economique, rassemblant 3 PMA, 3 pays riches, 3 pays émergents, ainsi qu’un Conseil Economique et Financier, rassemblant les 10 Etats contribuant le plus au système, en sus d’un certain nombre d’autres Etats élus. Ces deux enceintes garderaient leur système de votes au prorata des cotisations. L’Allemagne ou le Japon, qui insistent pour être membres du Conseil de Sécurité, pourraient avoir des sièges de membres permanents dans ces deux enceintes.  

Il faut en finir avec la schizophrénie actuelle, où Kouchner va parler dans une enceinte, et Lagarde dans une autre. C’est la France qui est membre des deux, c’est à nous de réaliser l’unité !

Alors, POUR, CONTRE ou BOF ? A vous !

Banque-mondialeBretton WoodsdémocratiedéveloppementFMIONURéforme

Sujets: Désirs de Rupture | 11 Comments »


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toreador 41 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines