Magazine Cyclisme

L'édito de Patrick Chêne sur Sport365.fr

Publié le 25 juillet 2007 par Bernard Suzat
Les faits : Alexandre Vinokourov, le leader de l’équipe Astana dont on faisait volontiers le héros malheureux de ce Tour (victime d’une chute, il avait néanmoins réussi à gagner deux étapes) a été convaincu de dopage au terme de sa victoire dans le contre la montre. Et on ne parle pas là d’une goutte d’éphédrine dont il pourrait nous dire qu’il a été abusé par un produit bénin contre le rhume. Non, on touche au dopage type « bio man ». La transfusion homologue ! Le sang d’un donneur compatible lui est transfusé avant de prendre le départ de l’étape !
Les conséquences : le Tour et le cyclisme vont vaciller. On entre incontestablement dans une période de turbulence jamais vue.
Avant les années 90, on évoquait le dopage type « forçats de la route ». Une sorte de mauvaise habitude culturelle qui poussait les coureurs à toucher aux amphétamines ou aux corticoïdes. Des mauvaises manières, certes, mais qui avaient un petit goût de bricolage…
Au milieu des années 90, on découvre le dopage organisé, scientifique et planifié. Un dopage qui enrichit alors une véritable filière criminelle. C’est l’EPO. Il ne s’agit plus d’un dopage qui ne change pas grand-chose aux résultats (Anquetil, Merckx et Hinault étaient bien les plus forts), mais de modifications biologiques qui font d’un modeste équipier (Bjarne Riis) un intouchable champion… En 98, les affaires sortent. C’est la grande lessive. Le cyclisme est face à son destin. Il peut se reprendre en mains. Le grand déballage peut faire du bien. On espère la prise de conscience. On parle du Tour du renouveau…
Force est de constater aujourd’hui que tout cela n’a servi à rien. Imaginer Vinokourov, le si souriant Vino, se faire injecter du sang avant un contre la montre alors que la lutte contre le dopage est à la une de tous les médias, c’est pitoyable. Effrayant. Criminel.
La question n’est même plus de savoir si le Tour doit continuer. Si Rasmussen doit être viré. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est démonter le système. Avec tout l’arsenal qu’offre une société civilisée. Car ce genre de manipulation ne se fait pas toute seule. Qui fait le geste médical ? Qui assure au coureur Kasakh qu’il ne risque pas sa vie ? Qui vend les produits ?
En écrivant il y a quelques jours que ce Tour 2007 était pourri, j’avais un peu de scrupules tant ASO (la société organisatrice) faisait preuve de courage et de détermination. Aujourd’hui, c’est confirmé : ce Tour est raté ! Gâché. Et ma dernière pensée ira pour les coureurs propres –je vous assure qu’il y en a- qui se battent pour leur sport et terminent épuisés loin des tricheurs avec pour seule récompense le regard suspicieux d’un public qui ne croit plus à rien….

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Bernard Suzat 21 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines