Magazine Entreprendre

Fusion ANPE/Assedic : Laurent Wauquiez a dialogué avec les internautes

Publié le 31 octobre 2008 par Martinez

Le secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi a dialogué en direct avec les internautes, le 16 octobre 2008.

Ce chat a porté sur le nouveau Service public de l’emploi issu de la fusion de l’ANPE et du réseau des Assedic. Le nouveau nom et les nouveaux services pour les demandeurs d’emploi ont été présentés par le Secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi.

Ci-dessous un extrait du script du chat

Modérateur : Bonjour à tous, le chat commence dans quelques minutes. Posez dès maintenant vos questions...

* JJBB35 : Est-ce que L’ANPE est plus efficace et y a-t-il un meilleur contrôle des chômeurs ou des demandeurs d’emploi ?

L. Wauquiez : On considère que l’accompagnement par l’ANPE offre un gain d’efficacité de 20% pour trouver un emploi.

Max : Quelle sera la répartition des rôles entre le nouvel opérateur et les Maisons de l’Emploi ?

L. Wauquiez : Il faut dire les choses clairement. Les maisons de l’emploi ont été créées car on n’osait pas fusionner l’ANPE et l’ASSEDIC. Les maisons de l’emploi apporteront d’autres choses à travers les missions locales et l’orientation.

Laurent : Quel est le coût estimé de cette fusion ? Qui va payer ? (recherche d’un logo - recherche d’un nom - immobilier (nouveaux sites et sièges) - signalétiques - brochures - site internet - formations de plusieurs dizaines de milliers d’agents en vue de la polyvalence, etc.)

L. Wauquiez : Tout d’abord le coût pour trouver le nom est de 135 000 euros. C’est un prix compétitif. On a vraiment essayé de faire au plus juste. Je suis auvergnat et nous avons la réputation de compter chaque sou. Donc j’essaie que la réforme soit bien ajustée en termes de dépenses. Bien sûr, cela a un coût car il faut former les agents. Mais c’est un investissement qui vaut la peine. Cela va améliorer leur efficacité et donc ce sont des gains à terme. Par ailleurs, il y a deux services de gestion des RH, deux services de compta, etc. Cela fait beaucoup de monde qui n’est pas au service des demandeurs d’emploi.

pourvoir : La fusion ASSEDIC-ANPE va-t-elle contribuer à ce que l’ANPE s’intéresse un peu plus au public des bénéficiaires des minimas sociaux (notamment RSA) et non pas uniquement aux demandeurs d’emploi indemnisés par l’ASSEDIC ?

L. Wauquiez : C’est une question importante car un des buts de la réforme est de savoir si cela va les aider ou non. Aujourd’hui, vous avez des aides à la mobilité aux ASSEDIC si vous entrez dans les cases. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si on vous aide à trouver un job. Maintenant, on ne vous aidera pas en fonction de votre bon ou mauvais statut, mais parce que cela vous aidera à trouver un emploi.

isidore61 : C’est la 1re fois qu’une fusion entre 2 opérateurs qui ont des statuts et des missions différentes se réalise ; avez-vous vraiment pris la mesure de la complexité de la démarche ? Cette complexité ne pourrait-elle pas amoindrir, du fait des longues négociations et du coût, les bénéfices de la fusion ?

L. Wauquiez : C’est vrai, c’est une très grosse opération. C’est 45 000 agents, 1 500 sites sur le territoire. On demande un gros effort aux agents. Souvent, le travail fait par les agents ASSEDIC est caricaturé et à tort. C’est parce qu’ils ont fait ce job que pour le Pôle Emploi, je suis confiant. Je ne veux pas que ce soit juste la réforme d’une usine à gaz administrative, mais je veux qu’on améliore le service rendu.

Béatrice : Les métiers des agents ANPE et ASSEDIC sont très différents. Chacun va-t-il devoir apprendre le métier de l’autre ?

L. Wauquiez : Oui, en partie. D’abord, c’est un métier qui est complexe dans lequel il y a une vraie spécialité. Quand vous êtes ASSEDIC, il faut connaître le domaine juridique. Mais il faut que tous les agents pour l’emploi puissent être en lien avec les demandeurs d’emploi. Derrière, il y a des tâches plus spécialisées avec des agents plus spécialisés. Une formation sera faite pour les agents afin de leur permettre de mieux se connaître. C’est un beau défi, dans une vie professionnelle, de pouvoir moderniser le travail qu’on rend. L’accompagnement pour les demandeurs d’emploi, c’est un beau défi !

Tengaar : Les agents Pôle Emploi auront-ils plus de temps pour s’intéresser aux entreprises et les mettre plus en relation avec les demandeurs d’emploi ?

L. Wauquiez : C’est une question très importante car le service public de l’emploi est là pour s’occuper des demandeurs d’emploi, et aussi pour récupérer les offres. Un des gros avantages de la création de Pôle Emploi, c’est qu’on va mettre la culture et les compétences ensemble. Je souhaite qu’on développe des partenariats avec les entreprises sur la durée, que nous les accompagnions vraiment, en leur proposant les personnes, les formations, etc. C’est dans cette logique qu’il faut créer une force de prospective pour aller chercher les emplois un à un.

christandebeziers : L’UNEDIC est bénéficiaire cette année mais le « bénef » a été retiré pour financer autre chose, pourquoi ?

L. Wauquiez : L’UNEDIC est bénéficiaire certes mais ce n’est pas fait pour ça. On a suffisamment de choses à faire, comme bien accompagner les gens et arriver à financer tous nos défis. Une partie de l’argent de l’UNEDIC, 10%, sert à financer cette réforme. C’était déjà le cas avant, il s’agit de financer l’amélioration pour les demandeurs d’emploi.

Karim : Quand est-il de la mobilité des demandeurs d’emploi après l’expérimentation ?

L. Wauquiez : C’est un sujet qui me tient très à cœur. Je viens d’un département plutôt rural, la Haute-Loire, dans lequel les questions de mobilité ne sont pas négligeables. Si vous n’avez pas des aides pour la mobilité, vous ne pouvez pas y arriver. Quelqu’un qui n’a pas son permis de conduire a des chances réduites d’accéder à un emploi. Cela vaut donc la peine d’investir là-dessus. Je préfère financer le permis de conduire, ou le prêt d’une voiture plutôt que de laisser galérer quelqu’un.

Mr Douh : La crise financière va-t-elle impacter l’emploi ? Est-ce que la fusion va apporter un plus dans cette gestion de crise ?

L. Wauquiez : Oui, elle va impacter l’emploi. Ce ne serait pas honnête de dire l’inverse. Par contre, mon travail est d’essayer de protéger le plus possible le secteur et d’amortir le choc. C’est ce qu’on essaie d’ailleurs en créant Pôle Emploi. C’est ce qu’on essaie aussi de faire en travaillant sur la formation professionnelle pour qu’elle bénéficie à ceux qui en ont vraiment besoin. Hier, par exemple, on a signé une convention avec BNP Paribas pour développer des emplois dans le service. J’aime bien quand les banques s’occupent de ça. C’est aussi en allant chercher les nouveaux emplois, je pense aux emplois verts pour le développement de l’écologie ou le secteur du service à la personne. Je suis très intéressé que les internautes posent des questions là-dessus. Ma vision de la politique de l’emploi, c’est de préférer des mesures pragmatiques plutôt que des grosses usines à gaz. Aider, par exemple, quelqu’un à passer son permis de conduire, c’est lui permettre de trouver un emploi près de chez lui. Je crois beaucoup à ces mesures concrètes, très pragmatiques.

brigitte : Je déplore un peu que les agents de l’ANPE nous envoient des offres qui ne correspondent absolument pas à notre profil ?

L. Wauquiez : Je comprends ce que dit Brigitte. En même temps, il ne faut pas jeter la pierre à l’ANPE, ils gèrent beaucoup d’emplois et beaucoup d’employeurs. Parfois, quand on est employeur, on se retrouve avec des piles d’offres. Cela fait partie des secteurs où l’on a une marge d’amélioration, cela fait aussi partie des sujets sur lesquels on veut passer des partenariats pour les techniques de recrutement. Une technique de recrutement que j’aime bien... C’est de faire des recrutements en regardant le profil des gens, ce qu’ils ont au fond d’eux-mêmes, s’ils peuvent devenir de bons collaborateurs. Ce n’est pas le diplôme qui compte.

Alpharad : L’accompagnement renforcé des demandeurs d’emplois n’est-il pas une manière cachée de pouvoir accroître le nombre de radiations ? (pièges à radier)

L. Wauquiez : Ce n’est pas le but, mais le but est quand même, même en période de crise, de refuser ceux qui abusent du système. On veut mieux accompagner ceux qui cherchent un job. Il y a des gens qui sont indemnisés en France, et qui travaillent en Belgique. Je ne peux pas accepter ça. Ces gens prennent l’argent qui pourrait être mieux utilisé pour ceux qui cherchent de l’emploi. On n’accepte pas tout et n’importe quoi.

Malik34 : Je suis agent ANPE, à quand l’objectif fixé par Mme LAGARDE de 30 demandeurs d’emplois à suivre par conseiller ? J’en ai actuellement 140 à suivre par mois.

L. Wauquiez : Pardonnez-moi, ce n’est pas à moi de le dire car vous connaissez mieux votre métier que moi, mais la moyenne de demandeurs d’emploi suivis par conseiller est de 80 aujourd’hui. Mais si on vous met des personnes vraiment éloignées de l’emploi, c’est impossible. Sur ces 80, s’il y a des cadres, il n’y aura pas de problème à le faire. En Suède par exemple, 80 demandeurs d’emploi sont suivis, mais ils arrivent à mieux spécialiser les accompagnements. Cela aboutit à une efficacité plus importante. Je raisonne plus dans l’objectif de « faciliter votre travail ».

Michel49 : Pourquoi les agents ANPE qui placent les chômeurs ne sont pas issus du monde actuel de l’entreprise ? Car hélas, beaucoup ne connaissent rien au monde actuel.

L. Wauquiez : Tous les agents du futur Pôle Emploi méritent mieux que la caricature. Il y en a plein qui viennent de l’entreprise. Donc il y a un vrai brassage. Ce n’est pas les agents qui sont mauvais, c’est le système qui n’était pas bon. Les coupables, c’est nous les politiques.

alfredob : Comment peut-on privilégier le sauvetage des banques à la précarité et au chômage ? Je trouve ça inhumain

L. Wauquiez : Bien sûr que les chiffres annoncés donnent le vertige avec tous ces milliards d’euros. Il faut comprendre que ce n’est pas de l’argent qui sort, c’est un engagement, une signature faite par l’État destinée à redonner confiance. C’est une erreur d’opposer le secteur économique et financier et le job que vous aurez. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de sauver les banques pour sauver les banques, mais pour sauver les emplois. Mon job est surtout de m’occuper de l’emploi et de ceux qui en cherchent un. Il faut qu’on garde espoir, qu’on se batte, il y a une tempête, il faut tout faire pour essayer d’amortir la crise. Mes derniers mots seront pour les gens de « Pôle Emploi », pour leur dire qu’aujourd’hui, c’est un jour important. Ils changent de nom et on leur demande beaucoup d’efforts. Je voulais les remercier de toute l’énergie qu’ils vont développer, car leur job est très beau. Ils peuvent redonner de l’espoir à des gens.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Martinez 282 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte