Umberto Veronesi

Umberto Veronesi est le fondateur de l’Istitut Européen d’Oncologie, mon employeur. L’autre jour en furetant dans une librairie, je suis tombée sur un livre de lui. Il en a écrit beaucoup, en tant que grand cancérologue spécialisé dans le cancer du sein. Celui-là s’appelait “L’ombra e la luce” et en sous-titre: “La mia lotta contro il male”. Traduction: l’ombre et la lumière: ma lutte contre le mal. En général, les Italiens n’ont pas peur du lyrisme et manient avec dextérité les symboles mystiques.

Autant le dire tout de suite, Umberto Veronesi est une star en Italie, surtout à Milan, surtout à l’IEO. Outre son rôle de médecin et de chercheur dans le cancer du sein, il a aussi été un pionnier des soins palliatifs en Italie. C’est également un homme politique de gauche avec des positions très tranchées. Aujourd’hui, à 83 ans, il siège au sénat de Rome et assure toujours le poste de directeur scientifique de l’IEO.

Son livre est très intéressant pour comprendre l’homme, sa vocation et sa manière de transformer ses convictions en actions. Ceci dit, j’ai un avis mitigé. Clairement, j’ai été un peu choquée d’emblée par le sous-titre: “ma lutte contre le mal”. C’est même, je crois, ce sous-titre ambigü qui m’a fait acheter le bouquin.

Ce livre m’apparait comme un certain fouillis de références de toutes sortes au “mal”. Du nazisme au cancer en passant par le tsunami, la drogue, la loi, en s’appuyant sur une foison de références de la Bible à Woody Allen. En somme le livre est assez agréable à lire mais on sent qu’il a été écrit en réponse à une commande et que l’auteur n’était pas très inspiré.

Toutefois, il comporte des idées intéressantes qui éclairent sur la pensée de l’auteur. Le postulat de base est le suivant: tout humain a le droit au bonheur. U. Veronesi est laïc, même s’il se réfère souvent à la Bible comme livre fondateur de notre culture. Il s’oppose à la vision de la souffrance comme punition de nos péchés et se dresse contre toute idée que la souffrance liée au cancer puisse avoir une quelconque utilité (d’expiation ou de je ne sais quoi).

Il fait le parallèle entre les hommes cadavériques des camps de concentration et l’effet du cancer sur les malades terminaux.

Le livre prend parfois des tournures politiques car il présente ses dadas principaux que voici :

-   Les OGM sont une promesse à exploiter, notamment pour les possibilités de cultiver des plantes qui auront besoin de peu d’eau (sic)

-   Le gène P66 – gène du vieillissement et de la dégénérescence. Les individus n’ayant pas ce gène pourraient vivre jeunes plus longtemps et seraient peu ou pas sujets aux maladies de la vieillesse (cancer, parkinson, alzheimer)

-   L’intégrisme musulman peut-être endigué par la pensée scientifique

-   Le dilemme d’Antigone : loi de la Famille contre loi de l’Etat

-   L’euthanasie : il est en faveur, effectivement, mais souligne qu’aucun patient ne lui a jamais demandé l’euthanasie, peut-être qu’il arrive à donner au patient envie de continuer à vivre.

-       Légalisation des drogues (toutes les drogues) et éducation à fond pour que chacun puisse décider en toute conscience de ne pas en prendre. (Umberto Veronesi est le promotteur d’une grande campagne d’information contre la cigarette: “io non fumo”)

Voilà, bon, c’est un peu résumé, mais c’est déjà assez long comme ça. Je crois que le fouillis du bouquin se lit sur ma note…