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Comment enseigner le vocabulaire au collège?

Publié le 08 novembre 2008 par Alpiret

Si l’on veut préparer les élèves à la lecture des Classiques, il faut, entre autre, enrichir leur vocabulaire. Je me souviens de mes lectures, quand j’étais collégien, parasitées par mon manque de vocabulaire. Par exemple, l’élève prend un Molière et bute sur 10, 20 mots ou plus par page. De ce fait, le plaisir de lire est très limité.

De plus, on sait que plus le vocabulaire est riche, disponible, plus la pensée sera ciselée, fine, précise…

J’ai d’abord commencé par relire les oeuvres en soulignant les mots que les élèves ne connaissent pas (je me souviens de l’indigence de mon vocabulaire quand j’avais leur âge). Je faisais des listes de mots que nous cherchions avec les élèves. Armés de ces connaissances lexicales, auxquelles j’ajoutais des connaissances encyclopédiques (nous travaillions sur des articles pour comprendre les idées politiques, religieuses, le contexte de l’époque de l’auteur étudié), nous pouvions nous lancer dans la lecture d’ouvrages riches et de plus en plus complexes.

Voici une liste non exhaustive des oeuvres étudiées en Quatrième : quatrieme_lexique

Nous cherchions d’abord les mots. Puis nous écrivions des petits textes comme des sketchs, des lettres… en employant le vocabulaire nouvellement appris. De cette manière, les élèves s’apprivoisaient d’abord à la langue de l’auteur avant de pouvoir le fréquenter vraiment.

Mais cela n’a pas plu à mon I.P.R. (inspectrice) qui trouvait que mes choix étaient arbitraires (Pourquoi choisissais-je tel mot et pas tel autre ?) et ma méthode trop classique (apprendre des listes de mots faisait penser aux méthodes des Prépas que je n’ai jamais connues _ j’ai fait la fac. et j’ai fait mes études secondaires dans un endroit chaud de banlieue parisienne, où les préoccupations n’étaient pas tant d’apprendre que de réussir à sortir du collège sans subir de violence physique…) Il eût fallu, je pense, que les élèves devinassent toujours, avec la bonne fée appelée “méthode inductive”, le sens des mots inconnus d’après le contexte. Je trouvais cette méthode beaucoup trop utopique voire ironiquement élitiste (seuls les élèves issus d’un milieu favorisé pouvaient s’en sortir car ils avaient déjà un bagage culturel qui leur permettaient de découvrir ce qu’ils ignoraient d’après le contexte; si vous êtes en Angleterre et qu’on vous dit en anglais : “Passe-moi le sel”, que vous igonerez le mot “sel”, vous pouvez toujours comprendre avec le contexte mais encore faut-il que vous compreniez quelque chose et même encore faut-il pouvoir aller en Angleterre _ nombre d’élèves ont un vocabulaire très limité et une culture indigente. Il faut tout de même les nourrir progressivement.

Je me suis donc demandé pendant des années comment enseigner le vocabulaire. Je ne voulais pas renoncer à mon approche méchamment “classique” mais je pensais qu’il fallait chercher plus loin.

Un jour, j’ai découvert le site de Marie Haefeli : http://lewebpedagogique.com/litterae. La notion de carte heuristique m’a enthousiasmé d’autant que j’enseignais déjà en utilisant l’image. La Garanderie, Montessori et d’autres m’avaient sensibilisé au besoin de passer la perception auditive, visuelle… sensuelle pour faire accéder l’élève progressivement à l’abstrait.

Maintenant, je reprends mes listes de vocabulaire ; je regroupe les mots par thèmes, objectifs (ex. faire un portrait) et je fais des cartes heuristiques que mes élèves utilisent librement pour leurs rédactions.

Cependant je pense redonner, en plus, à mes élèves mes vieilles listes car je sens (en observant les réactions dans mes classes) que cette approche visuelle ne peut suffire dans cette tâche titanesque- donner un bagage lexical solide à des élèves qui me ressemblent tellement quand j’avais leur âge et que j’ignorais des mots comme “réciproque”.

Je sais que ma façon de penser n’est pas orthodoxe - remettre en question la toute-puissante méthode inductive et pourquoi pas contester la méthode globale, pendant qu’on y est ? Je ne m’intéresse pas à la mode pédagogique mais aux fruits. Peu importe qu’on fasse un cours magistral ou qu’on suive une méthode inductive, il faut s’adapter aux élèves, à leur rythme, à leurs besoins. Les approches pédagogiques sont presque toutes bonnes si elles se complètent, si on refuse tout dogmatisme.


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