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Le Japon accule par sa politique bugetaire

Publié le 09 novembre 2008 par Graphseo

Si l'Archipel avait pour l'heure échappé à la tempête financière, le tsunami de la récession économique ne devrait pas manquer de balayer ses côtes. Au Japon, les clignotants virent les uns après les autres au rouge. PIB en chute libre, appréciation du yen, production industrielle en berne, baisse des exportations, explosion des défaillances d'entreprises, remontée du fléau du chômage, stagnation du pouvoir d'achat, reprise de l'inflation, recul de la consommation… le cocktail est explosif.

Le Japon se relevait à peine d'une décennie perdue. Le voilà qui trébuche à nouveau. La récession n'est pas loin. Peut-être est-elle même déjà à l'œuvre ? Le deuxième trimestre n'avait pas été glorieux, le troisième ne devrait pas rattraper le coup – le couperet des chiffres devrait le confirmer d'ici quelques jours.

La banque centrale du Japon n'attend pas plus de 0,1 % de croissance pour l'exercice fiscal 2008-2009 si tout va bien, c'est-à-dire si les marchés et les prix des matières premières se stabilisent. Quant à 2009-2010, l'institution japonaise pronostique une croissance de 1 %. Sans doute, cette prévision sera-t-elle révisée à la baisse. La reprise dont se vantaient les autorités japonaises après le marasme qui avait fait suite à la crise de 1997 est moribonde.

Quid des marges de manœuvre du Japon ? Elles sont bien maigres, ma foi. L'Archipel compte sur deux moteurs : ses exportations, notamment d'équipement électronique et de transports, et sa consommation intérieure. Le premier toussote : les Etats-Unis, un de ses plus gros clients, ne sont guère dépensiers en ce moment. Les automobiles nipponnes trouvent moins de preneurs. Ses autres partenaires commerciaux, la Chine et le Moyen-Orient, se portent, eux, heureusement mieux : selon des chiffres du CEPII, les exportations japonaises vers la Chine ont même augmenté de 12 % en valeur sur un an en mai dernier. Toutefois, le Japon reste dépendant de la bonne santé de ces pays émergents et l'inconnue à ce sujet est grande.

L'autre moteur cale : la consommation privée est en effet mise à mal par la stagnation voire la baisse récente des salaires des Japonais, la remontée de l'inflation, de possibles mesures politiques comme le relèvement de la TVA… Le matelas des Japonais est bien maigre : la chute des marchés boursiers a affaibli leur richesse nationale et le taux d'épargne, dans le pays, n'est traditionnellement guère élevé (guère plus de 3 %).

Le gouvernement japonais possède, en outre, peu de leviers au niveau de sa politique budgétaire. Il est acculé par une dette publique qui représentait pas moins de 170 % du PIB l'an dernier. C'est l'une des plus lourdes de l'OCDE.

Enfin, la marge de manœuvre de la BoJ, la banque centrale nippone, est insignifiante. Elle s'est résolue, par deux fois depuis le début d'année, à toucher à son taux d'intérêt. Ce dernier plafonne désormais à 0,3 %. Il lui reste donc peu de cartouches. En contrepartie, la banque centrale joue sur les injections monétaires, qu'elle a multipliées en octobre, pour protéger son secteur financier.

Mais faire tourner la planche à billets ne résout pas les problèmes de fonds et ne fait que décaler les effets secondaires des crises. La crise financière actuelle, née des subprime, n'a-t-elle pas été enfantée par celle de la bulle Internet ? Malheureusement, l'histoire se répète et répète plus souvent ses erreurs que ses bonnes idées.

Alexandra Voinchet

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