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"Casino Royale"

Publié le 09 novembre 2008 par Jb
7b7a2d72260bc69266fd79beb87e479e.jpg Note : 8/10
Attention : cet article est initialement paru sur ce blog le 3/11/2007. Pour une raison que j'ignore, l'URL de l'article n'est plus accessible. Je le réédite donc, d'autant plus qu'arrive en suivant la chronique de Quantum of Solace.
Je devais être l’un des seuls ploucs à ne pas encore avoir vu Casino Royale, le dernier James Bond. Je suis ravi d’avoir réparé ce manque car c’est une excellente surprise.
Le "folklore" 007 était, je trouve, devenu un peu lassant. Le côté parfois "pouet-pouet" de l’agent secret, saupoudré de scènes de gadgèteries un peu grotesques, avait fini par ne plus me laisser beaucoup d’espoir. Et puis arrive Casino Royale, qui renouvelle à plus d’un titre l’imagerie.
La mise en scène, d’abord, assure. Dès le générique, on sent le changement dans la continuité. Plus léchée, plus réaliste, plus noire, la réalisation s’éloigne pour le meilleur des plans et scènes convenus qui gangrenaient l’œuvre de Ian Fleming. Finis les gags un peu cheaps, finies les expressions un peu crétinouilles de l’acteur incarnant 007, on insuffle un peu de sérieux et de consistance. Cela ne veut pas dire que les cascades abracadabrantesques sont révolues, mais bizarrement elles passent mieux car insérées dans un contexte moins nouille.
L’intrigue, ensuite, gagne en épure. Bien sûr, il est toujours question de terrorisme international, toutefois ça n’est presque plus qu’un prétexte ; et, surtout, on évite les échafaudages scénaristiques tellement complexes qu’ils ne veulent plus rien dire.
Très amusant, d’ailleurs, de voir que le "méchant" est un dénommé Le Chiffre, dont l’art est simple : il assure à des organisations terroristes des placements d’argent que celles-ci peuvent toucher à tout moment. Sauf qu’il joue en bourse (à l’insu des salauds qui font appel à ses services) une partie de ces sommes, certain de toujours flairer les bons coups et de toucher le pactole en revendant pile quand il faut. Une dénonciation certes peu subtile des travers contemporains du capitalisme financier, mais ça marche.
Mais ce qui fait la principale force du film, c’est bien entendu l’histoire d’amour qui se noue entre Bond (Daniel Craig) et Vesper (Eva Green). Un seul autre épisode avait exploité cette veine : c’était Au service secret de sa majesté, avec le pitoyable George Lazenby. Bond se mariait et renonçait à sa vie d’agent secret mais c’était sans compter sur la cruauté de ses ennemis qui allaient tuer son épouse et le condamner à revenir au MI6.
Casino Royale joue lui aussi, avec ô combien plus de réussite, sur cette veine, avec un dénouement très différent même s’il revient, in fine, au même. Le film achève de faire de James Bond ce héros tragique et romantique qui, même lorsqu’il en éprouve la tentation, ne peut changer le cours de sa vie. Au service de son pays il est, au service de son pays il restera. La solitude du personnage est mise en exergue, de même que des références incessantes au passé : peut-on s’en débarrasser, peut-on le laisser à distance ? Pessimiste, le film répond par la négative : nous sommes empêtrés dans des fils de déterminisme trop labyrinthiques, le mieux est donc de ne pas se détourner de la voie choisie car cette bifurcation n’est toujours que temporaire. On n’échappe pas à son destin.
La dernière scène est, à cet égard, symptomatique. Elle se passe en toute logique à Venise, la cité des amoureux. Une fois encore, le symbole est relativement simpliste et convenu, un peu comme pour Le Chiffre, mais il fonctionne.
C’est dans cette ville mythique que l’histoire d’amour va se détruire, au sens figuré comme au sens propre : cf l’effondrement du bâtiment dans lequel luttent Bond, ses ennemis et Vesper. Cet effondrement est comme une mise en abyme de la ruine amoureuse et de la ruine intérieure du personnage de James Bond, condamné par là même à poursuivre éternellement ses agissements d’espion au cœur de pierre.
La réussite de Casino Royale est, à mon avis, de jouer sur les clichés et les codes de l’agent 007 (scènes de casino, scènes de poursuites, scènes d’amour, et surtout LA scène où James Bond sort de l’eau, singeant la scène légendaire de Dr No où Ursula Andress, telle Vénus, émergeait des flots avec son bikini blanc) sans sombrer dans le ridicule. Ou comment s’invente sous nos yeux le premier James Bond intertextuel et réflexif.
Allez tiens, en bonus, puisqu’on parle divertissement, je conseille dans le genre comédie un peu "cul-cul la praline" mais rigolote quand même, le Come Back avec Hugh Grant et Drew Barrymore. Hugh Grant y campe Alex Fletcher, un has been des eighties qui a connu la gloire avec son groupe d’alors, Pop. Depuis, il n’a plus d’inspiration et se contente de faire du recyclage dans des émissions de télé-réalité ou dans des shows à la petite semaine (style animation en Prisunic).
Ca n’est carrément pas un chef d’œuvre, c’est carrément moins intello encore que Casino Royale, mais ça mérite d’être vu ne serait-ce que pour le clip du début (qu’on retrouve en bonus sur le DVD). Ce clip est censé être le gros tube du groupe Pop, "Pop Goes My Heart". Hugh Grant y est hilarant, la réalisation du clip n’a rien à envier à celle de Leopold Nord et Vous et autres Wham ou A-Ah, et, surtout, la chanson est très bonne !! Depuis je l’ai dans la tête et elle ne me quitte plus…
Sur ces bonnes paroles, à vos DVD !

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