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PONT SAINT ESPRIT (suite 1)

Par Elisabeth Leroy

pont st esprit.jpgPont Saint Esprit est une ville du Rhône, ce fleuve impétueux venu des Alpes suisses dont les colères et les crues dévastatrices n'ont été dominées qu'au 20 è siècle au prix d'immenses travaux de canalisation et d'endiguement. Dans cette partie de la vallée, le fleuve rencontre l'Ardèche, au tempérament méditerranéen et dont les crues peuvent être d'une telle force que dans le temps elle boutait le fleuve hors de son lit majeur. Divaguant alors sur les terres, le Rhône se divisait en une multitudes de lônes, chenaux secondaires et bras morts, entrecoupés de broutières, ces îles couvertes d'un fouillis de vorgines où "les millets aux grandes chevelures", les osiers et les saules se mêlent inextricablement. C'est pourtant grâce à ce paysage mouvant, inhospitalier et marécageux que, depuis l'Antiquité, les hommes ont choisi cet endroit pour passer d'une rive à l'autre. Comme en témoigne le nom de Malatras, le mauvais passage et, malgré les meuilles, ces contre-courants pleins de dangers de l'eau qui dort, c'est d'île en île, comme à chat perché, que se transbordaient sur des bacs, voyageurs et marchandises. Parce que le Rhône était colérique, les endroits favorables à sa traversée étaient rares, aussi, lorsque des conditions naturelles permettaient d'établir un "utriculaire" (radeau porté par des outres de cuir gonflées d'air) ou un bac, les lieux devenaient à la fois des carrefours routiers et des ports. Car le Rhône et sa vallée étaient - et sont encore de nos jours "l'ornière du monde", le passage obligé où convergeaient routes salinières et voie romaine qui reliaient la Méditerranée à l'Europe du Nord. Déjà au tournant de notre ère, le géographe Stabon décrivait le trafic qui régnait dans la véllée : "Comme le Rhône est difficile à remonter à cause de sa rapidité, il y a des marchandises que l'on préfère par terre au moyen de chariots".

Ainsi, parce que la vallée est un axe incontournable, une artère commerciale, mais aussi une frontière. Pont Saint Esprit, à la croisée des chemins fut une ville religieuse, commerciale et militaire.

Pour le baptême de la cité, l'Eglise chrétienne manipula miracles et légendes propres à édifier les foules, en utilisant par deux fois, des récits où s'entrecroisaient la réalité historique et la volonté de Dieu. On raconte qu'aux premiers siècles de notre ère, Saint Saturnin, en marche vers Toulouse, traversa le Rhône pour convertir les pêcheurs de la région. A l'endroit où il toucha la terre languedocienne une église portant son vocable fut édifiée. Ainsi, en hommage à l'évêque martyr de la ville rose, la petite cité fluviale prit le nom de Saint Saturnin du Port.

Au 10 ème siècle, un évènement fondateur fait entrer ce village de pêcheurs dans la période médiévale : en 948 Géraud, Comte d'Uzès et prélat, notifie à ses pairs sa volonté imprescriptible. Ecoutons-le : "Tandis que nous sommes encore voyageurs dans cette vallée de larmes et que nous pouvons mettre à profit le temps favorable et les jours de salut qui vont nous échapper, hâtons-nous de faire tout le bien qui est en notre pouvoir en répandant nos bienfaits", c'est-à-dire en faisant don de ses biens temporels à l'abbaye de Cluny. Les bénédictins fondent alors à Saint Saturnin du Port un établissement monastique, la septième filiale de l'abbaye bourguignonne, dirigée par un prieur qui est aussi le seigneur foncier de la ville. Installés sur le rocher dominant le fleuve, les moines bâtissent en 1150 une église romane dédiée à Saint Pierre dont le style est influencé par l'architecture du temple païen de Diane, à Nimes.

La place Saint Pierre, cantonnée par l'église paroissiale et par celle du prieuré, était le coeur de la communauté où les habitants se rassemblaient lors du marché hebdomadaire (attesté dès 1164) ou de la foire de Pâques. Ainsi, Saint Saturnin du Port développa une économie marchande importante, notamment avec les commerces des grains, du sel, de l'élevage et de ses produits transformés.

Dès le Moyen Age, l'influente famille Piolenc fait fructifier sa fortune par le commerce des grains, ainsi que l'affiche son blason où sont figurés "six épis d'or posés trois, deux, un" et dont la devise "tes champs en sont remplis en abondance" clame la prospérité. Ces négociants possèdent une demeure, appelée la Maison des Chevaliers, sise dans la bourgeoise et commerçante rue Saint Jacques, et qui abrite aujourd'hui les trésors du très beau Musée départemental d'Art Sacré.

(Sur la photo, on voit à droite le clocher de l'église Saint Saturnin)


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LES COMMENTAIRES (1)

Par pioupiou
posté le 24 novembre à 20:27
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bonjour a tous j abit a bagnols sur ceze je cherche des poste pour la peche a la carpe avec acer pour decendre ma barque sur pons st espris ou alentour marci a tous

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