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Ma première Foire de Brive

Par Albrizzi
Acte I
Voilà un salon du livre qui a presque mon âge, à trois ans près. Pour sa 27ème édition (je viens de fêter mes 30 ans), la Foire de Brive m’ouvre ses bras et m’embarque dans son aventure. Tout commence à Paris, gare d’Austerlitz où près de 300 auteurs, éditeurs, attaché(e)s de presse, et journalistes ont rendez-vous à 9h57 pour prendre le train des livres. De multiples rumeurs ont précédé ma première foire : Brive a été surnommée par Eric Orsenna « cholestérol city », et serait le théâtre de joyeuses agapes qui ne s’arrêtent pas pendant trois jours. Retour prévu dimanche soir à 22h37. C’est parti.
N’appartenant pas à une maison d’édition, chaque éditeur a droit à un wagon, je n’ai pas de place réservée, Stéphane Billerey, directeur commercial des éditions Plon, m’invite sur le quai de la gare à monter dans le leur. A peine assise, je tombe nez à nez avec une auteure de chez Gallimard (ouf, les cloisons ne sont pas si étanches !) que je suis depuis son premier roman, Valentine Goby, dont j’ai connu le frère il y a des années. Nice, Valbonne, Aix-en-Provence… Mon hypokhâgne ressurgit sur le frontispice de ma mémoire, convoque ma meilleure amie Adeline, expatriée désormais à New York, tandis que Valentine me présente aussitôt ses deux voisins qui sont eux aussi écrivains (vu l’endroit où je me trouve et la destination qui nous attend, cela risque de devenir une habitude, ici tout le monde ou presque écrit, la différence se situe plutôt entre ceux qui sont publiés et les autres) Patrick Goujon et Régis de Sa Moreira.
Il est 10h30 et nous attaquons à la liqueur de figue pour les uns, d’une couleur rouge tirant vers la rouille, et de gentiane pour les autres, au reflet ambré hésitant vers le jaune. La journée risque d’être rude. Je m’abstiens. Une panière décorée d’une feuille de marronniers aux dégradées d’automne, nous est servie, garnie de « tourtous », mini crêpes roulées et fourrées à la terrine de campagne, mélangée à des éclats de marrons et de noix. Je daigne en prendre un morceau, malgré l’heure encore matinale, ça passe. Autour de moi, les voyageurs ne semblent pas rebutés par les petits verres d’alcool.
Une bonne demi-heure plus tard, une entrée nous est servie : une fine tranche de foie gras de canard mi cuit saupoudrée de gros sel. Fondante. Puis arrive le plat principal : un chou farci de riz de veau truffé, accompagné d’un gâteau de cèpes et pommes vapeurs, et arrosée d’une sauce aux morilles. Cette fois, c’est moi qui fonds. Ce voyage me plaît beaucoup. Presque trop, mais puisqu’il faut terminer sur une touche de sucré, nous voilà ravis avec un « gargouilleau », sorte de gâteau à la pomme mélangée à la crème, à proximité d’une sauce chocolat.
Un Haut-Montravel moelleux, Château Moulin Caresse 2007 (je n’invente rien) vient combler les palais les plus difficiles. Il est presque l’heure d’arriver à Brive, sans que quiconque ait le temps de s’ennuyer, Denis Tillinac a eu sa dose de nicotine, passé au moins trois ou quatre fois devant moi pour accéder au sas fumeur.
Après le train, tout se précipite, chacun tirant sa petite valise à roulette, ouvre des yeux, la plupart habitués sauf pour moi et quelques petits nouveaux, sur les badauds et les journalistes du crû venus nous accueillir. Enfin, nous, c’est le fantasme de beaucoup et la réalité de peu : les flashs crépitent surtout autour de Frédéric Beigbeder, jean, pull en laine bleu marine, et barbe qui s’affirme : le président de la Foire de Brive prend possession de la gare avec une petite moue, la première interview n’attend pas, un journaliste l’attaque micro en main, même si un tapis rouge a été préalablement déroulé sur le quai. Saint-Germain des Prés investit la province, et cela ressemble à un zoo. Je m’aperçois soudain avec effroi que je suis du côté des animaux que l’on observe. Ces bêtes curieuses annoncées dans la presse, venues répandre la bonne parole en terre corrézienne et estampillées « vu à la télé », en fais-je partie ?
To be continued...

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