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On ne va pas en faire un roman

Publié le 10 novembre 2008 par Chroneric

Julien Green disait "La récompense des livres, c'est d'être lus".

Qui ici est capable de me donner le nom d'un film qu'il a vu, le titre d'un livre qu'il a lu ou le nom d'un artiste qu'il a apprécié, qui a été récompensé par un quelconque prix Goncourt, Renaudot, Femina, un César ou un Lion d'or ? C'est l'Afghan Atiq Rahimi qui a été primé par le Goncourt. Tant mieux pour lui, je ne doute pas de ces capacités littéraires, son œuvre est certainement très bien. Mais ces évènements ont-ils un réel impact sur les ventes ? C'est vrai que sans cette mise en lumière, il aurait eu un succès modéré. Cependant, même en passant à la télévision, je ne suis pas sûr que monsieur et madame tout le monde se précipitera en librairie.

C'est bien là le problème. Ce genre de littérature n'est, en majorité, qu'appréciée par les initiés. Avec l'expérience on constate que la plupart du temps, ceux qui sont honorés par un jury de spécialistes n'est pas forcément le goût de la majorité. Les anciens primés sont ravis de cette reconnaissance mais qui se rappelle de leurs noms si ce n'est les habitués ? Qui se rappelle que Gilles Leroy a obtenu le Goncourt en 2007 pour "Alabama song" ? Qui se souviens de Alain Mabanckou lauréat du Renaudot en 2006 pour "Mémoires de porc-épic" ? De même que "La graine et le mulet" n'a pas du connaître un pic de fréquentation soudain après avoir eu le César du meilleur film français en 2008 ! Par contre, "Les visiteurs" n'a pas eu besoin de cette publicité…

D'une manière générale, à quoi servent ces cérémonies et autres dîners de délibération ? A rien, à part pour ceux qui y participent de passer un bon moment. Il suffit de voir l'audimat que suscitent les Molières par exemple pour se rendre compte que cela n'intéresse personne. D'ailleurs, cette soirée est-elle encore diffusée ? De plus en plus d'artistes d'ailleurs s'autorisent à dire que c'est très pompeux et d'un ennui mortel. D'être apprécié par ses pairs et par la profession c'est une chose, mais le plus important c'est le public. C'est pour eux que les artistes jouent ou les auteurs écrivent. C'est le public qui fait chauffer la marmite ! C'est le public qui fait la queue toute la nuit pour assister à l'avant-première, à attendre son artiste préféré ou à être le premier à lire la suite de ce petit magicien aux lunettes rondes.

Je serais même plus d'avis de conseiller à tous d'éviter les œuvres récompensées parce qu'elles correspondent aux goûts d'une petite poignée qui se disent spécialistes. Le jour où vous commencer l'écriture d'un livre, rappelez-vous pour qui vous le faites : pour vous éventuellement, pour le public certainement mais surtout pas pour trois intellos bobos qui se donnent de l'importance en distribuant les bons points. Si un jour j'édite un livre, j'espère que je n'aurais jamais avoir affaire à eux !


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