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Non, Obama n'a pas tué le racisme

Publié le 12 novembre 2008 par Careagit
Ce n'est pas très étonnant je vous l'accorde. Il n'empêche que la bulle Obama est retombée aussi rapidement qu'elle a gonflé. Quelques semaines et la masse des citations du mot "Obama" sur les blogs de la planète est revenu à son niveau normal.
Inutile d'en faire des tonnes sur les enjeux de l'élection passée. Je me suis déjà soumis au jeu dans les billets précédents. Ce billet n'est en fait que la conclusion de plusieurs observations que j'ai faites dans mon humble vie... et des questions que je me pose à postériori. Tout a commencé dès le lendemain de l'élection du nouveau Président de la République US. Une petite fille noire prenait alors place à mes côtés dans le métro. Soudain, cette petite brisa le pesant silence des zombies de la rame en s'adressant à sa maman.
"Moi je trouve que c'est bien que Barack il soit président de la France, en plus il est comme moi".
Une fois nos sourires avalés et corrigée l'erreur de la petite, ne restait que les mots, et la simplification ô combien lourde de sens des paroles d'enfants. Le sur-lendemain, même métro. Un groupe de jeunes hommes de couleurs scandaient fièrement le nom d'Obama de plus en plus fort dans la station, comme un stade peut hurler le nom de son idole. Sur le quai, la situation ne pouvait faire que sourire. Elle confirma pourtant chez moi un ressenti bien présent depuis l'élection de Barack Obama. Ce dernier revêt sans le vouloir le costume du porte drapeau. S'il se trouve qu'il a su outrepasser cette segmentation aux Etats Unis, ce qui lui assura d'ailleurs la victoire, à l'étranger - et notamment en France - Barack Obama reste le candidat noir dont personne ne connaît vraiment ni personnalité, ni programme politique mais qui, par sa seule couleur de peau, pouvait prétendre au poste brigué au nom du changement.
Dernière pierre à l'édifice qui m'a poussé à faire ce billet. Un jour quelconque dont j'ai oublié la date. Je regarde une émission politique et y aperçoit le patron de Publicis s'adressant à Rama Yade d'un "Bravo à vous". Etonnée, la secretaire d'Etat répond qu'elle n'y ai pas pour grand chose et qu'elle n'a aucun lien autre que diplomatique avec Barack Obama. Une fois de plus, ce "bravo", tout droit sorti du coeur sans arrière pensée, sûrement et qui vient sans nul doute saluer la victoire d'un camp, comme on salue la victoire dans un match opposant deux équipes.
J'ai pu au cours de la campagne US, critiquer à bien des égards les manières des médias de notre pays. De la simplification extrême des enjeux du scrutin jusqu'à l'annonce en quasi avance de la victoire de Barack, le plupart d'entre eux a franchi (sans le vouloir ?) l'étroite barrière qui sépare le journalisme classique du journalisme d'opinions. La France comptant 80% d'avis favorables pour le candidat Obama, peu se sont donc ému de ce scandaleux étât de fait. Dès la victoire, nombreux furent les reportages et les dossiers classant la victoire de Obama au rang des moments historiques au regard notamment de l'histoire plus ou moins récente des Etats Unis. Nous parlions esclavages, discriminations, l'histoire de Rosa et du bus tournèrent en boucle sur toutes nos chaînes dégageant un parfum légérement dégeulasse de racisme sous jacent.
La définition littérale du mot "racisme" implique une distinction et surtout une hiérarchisation des races. En l'espèce elle n'y est pas. Difficile donc de parler de racisme au sens premier du terme. Que penser de toutes ces réactions ou généralisations citées plus haut. Sont elles à la marge ? Suis-je l'unique témoin de quelques très rares situations ? Est on bien sûr de ne pas avoir trop souvent relégué Barack Obama à son statut de noir potentiellement présidentiable ? Quelle est donc la source de toutes ces réactions ?
Car finalement, n'est-ce pas du racisme que de reléguer perpétuellement les êtres humains à leurs couleurs de peau ?
Sujet sensible s'il en est n'est ce pas ? Pour ma part, j'aurais préféré que l'on me parle de son programme, de sa compétence de ses forces et faiblesses avant de préciser que cet homme était noir.

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