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La route…

Publié le 12 novembre 2008 par Lawrence Desrosiers
Difficile de rouler sur cette route.
Rarement rectiligne et large, plutôt sinueuse et ratoureuse, la prudence conseille bien. Il y a des obstacles, des virages brusques. Le bitume est mauvais. Les nids de poules fréquents.
À plusieurs pour conduire ce grand véhicule, le périple sera agréable et moins ardu.
Les intempéries, la neige, la chaussée glissante nous entraînent parfois dans des pertes de contrôle et des sorties de route. Il faut pelleter et pousser en équipe.
Parfois, c’est moi qui conduit, j’ai le pied pesant, je roule trop vite et freine à la dernière minute; alors, chacun y va de son commentaire, ça rigole. Je vois leurs bouilles sympathiques dans le rétroviseur, prêt à redresser la situation, à m’encourager et m’aider. Leur présence est rassurante.
Il nous faut emprunter les chemins secondaires, parsemés d’embûches, de rocher, de trous, d’ornières inquiétantes et cachotières. À plusieurs yeux, on y voit plus clair. Attention à la roche! Hé, t’as vu ce gros arbre qui nous coupe le chemin! Tourne, tourne! Bang! Pas de problème, avec le bon équipement l’arbre est scié et les morceaux tassés.
Il y a des moments de tension. Un fait des reproches et doute de l’itinéraire. Un autre est fatigué et veut dormir. Ça discute fort, les décisions se prennent et on avance.
Il faut prendre un peu de recul, la marche arrière n’est pas notre choix préféré, elle nous éloigne du but à atteindre. Elle est essentielle pour se calmer, regarder la carte avant de la perdre pour garder le bon chemin.
Les changements imprévus à l’itinéraire sont fréquents et constants; c’est le pire des irritants. Il nous oblige à nous adapter, à sortir d’une routine sécurisante. Ils nous rendent négatifs, craintifs. On les expérimente et les adopte parce qu’ils nous rapprochent du but à atteindre.
En équipe, tout est possible.
Mais diable, quel est donc ce but?
C’est le plus grand, le plus noble. Celui de sentir qu’on a été utile à notre société, qu’on a aidé. Rien d’autre.
Après trente-cinq ans de cette route, ma vue faiblit, mes cheveux grisonnent. Je suis las et fatigué. J’ai peur de rouler la nuit. J’ai le goût de me reposer.
L’heure est venue pour moi de m’asseoir à l’arrière et de me laisser conduire, d’admirer le paysage, de me souvenir de tout ce chemin parcouru, des obstacles franchis. D’être fier et de remercier mes équipiers pour leur aide et leur solidarité, de leur offrir ma gratitude et mon entière confiance pour le reste de ce parcours.
Quel beau voyage!
Les derniers kilomètres en votre compagnie m’ont fait du bien. Pour toujours, vous ferez parti de mon bonheur et de mes souvenirs.
Lo x

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