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Congrès de Reims : Interview d'Henri Emmanuelli et déclaration de Gérard Filoche

Publié le 13 novembre 2008 par Slovar

Comme Slovar s'y était engagé, nous publions en intégralité deux textes qui nous ont été envoyés ce jour. Il s'agit d'une interview d'Henri Emmanuelli réalisée par Bernard Mazières et un texte déclaration de Gérard Filoche. Vous trouverez les deux en intégralité ci-dessous.
Nous vous rappelons que Slovar publie tous les textes et déclarations que les participants au congrès de Reims souhaiteraient lui envoyer. Nous rappelons également que Slovar les Nouvelles n'a voté pour aucune motion puisque ses animateurs et contributeurs sont tous indépendants des partis politiques.
Député socialiste des Landes, ancien ministre et ancien président de l'Assemblée nationale, Henri Emmanuelli est signataire de la motion la plus à gauche du prochain congrès du PS à Reims, celle du député européen Benoît Hamon, 41 ans, candidat à la succession de François Hollande à la tête du Parti socialiste. Pour Emmanuelli, Ségolène Royal ne peut prétendre à la direction du parti.
Une candidature de Ségolène Royal serait-elle bonne pour le PS ou serait-elle une candidature d'«affrontement», comme le disent certains ?
Henri Emmanuelli. Sa candidature est un problème de choix politique et de stratégie. Et je ne partage ni ses choix ni sa stratégie. Ils ne sont pas bons pour notre parti.
Mais concrètement que lui reprochez-vous ?
Sa stra-té-gie! Je ne l'ai quand même pas rêvé, lors de la présidentielle, elle a proposé à François Bayrou d'être Premier ministre. C'est le problème n°1, il est essentiel.
Ce n'est quand même pas François Bayrou qui va faire la pluie et le beau temps au congrès socialiste !
Justement, non! Je ne le veux pas. Ce n'est pas moi et 70% des socialistes qui font des appels du pied aux centristes.
Autrement dit, pour vous, une candidature alternative s'impose...
Evidemment ! Depuis le vote des militants, on assiste à quelque chose de stupéfiant. Tout le monde se met à penser dans ce pays que lorsque que l'on fait moins d'un tiers des voix, on est majoritaire ! Ce n'est pas le cas. La motion Collomb ou Mme Royal était, a fait seulement 29 % au sein du PS, on comprend bien dans ces conditions qu'il y aura d'autres candidatures.
Souhaitez-vous d'autres candidatures, en dehors de celle de Benoît Hamon que vous soutenez ?
Je soutiens celle de Benoît Hamon, s'il devait y en avoir d'autres, j'aviserai. Mais, pour le moment, il n' y en a pas d'autres.
Appelez-vous à un front «anti-Ségolène» ?
Mais ce n'est pas un front ! Chacun a le droit de défendre ses options politiques. Je ne comprends pas cet acharnement, qui devient d'ailleurs suspect, à présenter les 70% des militants qui n'ont pas voté Royal comme des «anti». Ce sont plutôt les minoritaires, c'est-à-dire les royalistes, à qui on pourrait faire ce reproche. Il y a une volonté de présenter ce congrès en termes d'affrontement de personnes que je désapprouve totalement. Je le répète avec force : 70% de ceux qui ont une stratégie commune ont le droit d'avoir un candidat commun. Cela me paraît la moindre des choses.
Seriez-vous prêt à soutenir la candidature de Martine Aubry?
Pour le moment, je ne connais qu'un candidat déclaré : Benoît Hamon.
Justement, ne trouvez-vous pas anormal qu'à deux jours de l'ouverture du Congrès de Reims, aucun autre leader ne se soit déclaré pour devenir le chef de l'opposition ?
Ne dramatisons pas ! Ce n'est pas la première fois. Rappelez-vous l'histoire du PS. A la veille du congrès d'Epinay (ndlr: congrès fondateur en 1971), François Mitterrand n'était pas candidat et il est devenu premier secrétaire trois jours après. On connaît la suite.
Mais aujourd'hui, personne ne s'impose. Le vote des militants, le 6 novembre, le démontre. Il y a une crise de leadership...
Est-ce que Nicolas Sarkozy était président de l'UMP quatre ans avant la présidentielle? Non. Depuis quand est-il devenu urgent d'avoir un candidat à la présidentielle? Qui l'a décrété? Personne.
A vous entendre, le PS serait donc en parfaite santé ? Genre «circulez, il n'y a rien à voir»...
Non, je ne dis pas cela. Il y a eu un rejet des personnes que l'on a sans doute trop vues. Il faut qu'elles cèdent la place, c'est le sens du vote des militants. Il faut un renouvellement. Quant à savoir si le PS est malade, c'est un peu surréaliste. Je vous rappelle que les socialistes, cette année, n'ont perdu aucune élection. Au contraire. Or on parle de lui comme s'il avait été un grand vaincu.
Reconnaissez qu'à deux jours de votre congrès, ce psychodrame autour des candidatures au siège de François Hollande fait désordre...
Il n'y a aucun psychodrame. Un congrès du PS, ce n'est pas la Star Ac ! Je le répète : 30% veulent une alliance avec le centre et 70% n'en veulent pas. Les choses sont claires. Il faut donc un candidat commun à ces 70%.
Redoutez-vous des dérapages au congrès de Reims ? Un peu comme à Rennes, il y a presque vingt ans, avec l'affrontement Jospin-Fabius...
C'est une situation pas facile. La solution pour sortir par le haut est de présenter un candidat commun issu des motions Delanoë-Aubry-Hamon pour contrer la candidature de Ségolène Royal.
Propos recueillis par Bernard Mazières
Il y a un vrai choix politique entre deux candidats légitimes au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste - par Gérard Filoche
Benoit Hamon est candidat au poste de premier secrétaire, il l’avait clairement annoncé dés le premier jour du débat. Ségolène Royal est candidate au poste de première secrétaire. Après avoir soutenu la motion présentée par Gérard Collomb, elle est ressortie du "frigidaire". La motion Gérard Collomb a obtenu 29 % des voix, la motion Benoit Hamon a obtenu 19 % des voix.
Il n’y a pas de motion majoritaire, les deux candidatures sont légitimes et ce sont 100 % des militants qui vont voter pour départager les deux prétendants. Comment vont se partager les voix ?
Ça ne peut être qu’un choix très politique.
Nous avons encore tous dans la mémoire la souffrance de l’échec de mai 2007 face à Nicolas Sarkozy. Quel gâchis alors que la France s’est confirmée comme étant de gauche dans toutes les autres élections que la présidentielle de 2007. Les municipales de 2008 ont prouvé qu’on disposait de la majorité absolue au point de gagner 2 villes sur 3 a gauche et 61 % des départements - en plus de 20 régions sur 22 de mars 2004 et des 30 % aux européennes de juin 2004.
Pour gagner nationalement face à Nicolas Sarkozy, il faut pouvoir le désigner comme le responsable de la terrible politique anti sociale qu’il fait subir aux Français en faisant reculer les salaires, le droit aux soins pour tous, les retraites, le droit du travail, les services publics. Sarkozy a trouvé des centaines de milliards d’euros pour les banques pas pour nos écoles, ni nos hôpitaux, ni nos services publics, ni nos salaires. Il faut être capable de battre son slogan odieux sur lequel il a gagné en 2007 : “la (prétendue) liberté de travailler plus pour gagner plus (sic)”. Il faut désigner le monde de Sarkozy, celui du Fouquet’s, du CAC 40, des 500 familles les plus riches, des grands prédateurs financiers, comme étant le responsable de la crise du capitalisme.
Il faut reprendre “un monde d’avance” pour effacer la défaite de 2007 qui est derrière nous.
- Le candidat du changement est Benoît Hamon. C’est une candidature fraîche.
- C’est le candidat du renouveau du PS ancré à gauche, pas allié avec la droite baptisée “centre”.
- C’est le candidat qui n’a pas été “surpris” par la catastrophique crise du capitalisme mais qui a présenté une motion qui a polarisé le débat de tout le congrès ces dernières semaines.
- C’est le candidat qui respecte la vie et l’histoire du parti socialiste pour mieux le transformer, le rénover.
- C’est le candidat dont le programme d’action immédiat sur les questions sociales attirera les français recréant les chances qui n’ont pas été saisies à la présidentielle.
Gérard Filoche, mardi 11 novembre 2008
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