Magazine Psycho

DVD : “Jacques Lacan, analyste”

Publié le 19 novembre 2008 par Colbox

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Jacques Lacan, analyste
de Collectif
Arte Vidéo 2008 / 3.05 € - 19.99 ffr.
Durée DVD 120 mn.
Classification : Tous publics
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Sortie DVD : Septembre 2008

Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : N&B et Couleurs
Format audio : Français, mono
Sous-titres : Aucun

Bonus :
Livret avec éléments de biographie et de bibliographie

L’auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L’Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.
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Élevé dans un milieu bourgeois, catholique et conservateur, Jacques Lacan commence ses études au collège Stanislas. Il découvre Spinoza à l’âge de quatorze ans. Après avoir renoncé à une carrière politique, il intègre le milieu médical, soutient sa thèse, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, en 1932, et obtient son diplôme de médecin légiste. Il adhère à la Société Psychanalytique de Paris (SPP) et élabore sa théorie sur le Stade du miroir. Au discours de Rome, il investit l’espace structuraliste et linguistique et écrit dans la revue La Psychanalyse. Après la scission des différentes institutions psychanalytiques, Jacques Lacan fonde en 1964 L’Ecole Freudienne de Paris (EFP), commence les Séminaires et fait publier les Ecrits. Il meurt à Paris en 1981. Héritier de Sigmund Freud, Jacques Lacan sut analyser les transformations de la famille, le déclin du patriarcat, les contradictions de l’amour, les illusions de la Révolution, la logique de la folie. Slavoj Žižek et Giorgio Agamben sont par exemple deux philosophes se réclamant ouvertement de Lacan dans leurs réflexions.

Ce DVD contient deux films : Jacques Lacan de Elizabeth Kapnist et Jacques Lacan, la psychanalyse réinventée de Françoise Wolff. Le premier retrace le parcours du célèbre psychanalyste avec de nombreux entretiens de différentes personnalités comme Elisabeth Roudinesco et Jacques Derrida. Classique dans sa forme, posé dans ses commentaires, ce documentaire évoque succinctement la vie de Jacques Lacan pour se pencher plus avant sur son approche psychanalytique, fort particulière il est vrai. On regrette tout de même que le film ne développe pas plus sa théorie et ses finesses de langage, histoire de débroussailler le terrain pour les novices. On connaît sans doute quelques-unes de ses formules qui, pour certaines d’entre elles, oblige à s’y reprendre à deux fois : «Il n’y a pas de rapport sexuel», «L’inconscient est structuré comme un langage», «L’amour, c’est offrir à quelqu’un qui n’en veut pas quelque chose que l’on n’a pas», «Le désir est désir de l’Autre», «La femme n’existe pas»…

Une personnalité hors du commun, qui n’est donc pas facile à appréhender, d’autant que certains de ses écrits sont souvent incompréhensibles. Sans doute que, devant le succès médiatique dont il fut l’objet, Lacan ne voulut-il pas être compris de tout le monde… Néanmoins, par petites touches, le documentaire, d’une façon très claire, tente d’aborder les fondamentaux de Lacan, le stade du miroir, et ses trois concepts clefs : le Symbolique, L’Imaginaire et le Réel (et non la réalité) qui doivent se nouer ensemble sans quoi le sujet s’effondre… Il passe très rapidement sur le fameux Objet a. On aurait aimé que le film creuse davantage l’approche de Lacan afin que le spectateur saisisse mieux son angle de vue. Le documentaire permet en tout cas de faire connaissance et d’aborder en douceur une personnalité marquante du XXe siècle. Il est étonnant, au passage, que le documentaire ne mentionne pas le philosophe Heidegger qui a beaucoup influencé Lacan.

Le second film est plus savoureux encore. Il s’agit de La Conférence de Louvain de 1972, suivie d’un entretien avec Jacques Lacan. Il y a là quelque chose de fascinant à écouter cet homme parler, sa manière de jouer avec les silences, de s’emporter, de jongler avec les détails, dans une imparable maîtrise du langage. On regrette que cette conférence soit coupée et ne se déroule pas sur un laps de temps plus long, ce qui aurait permis de s’imprégner du discours de Lacan. Contre tous les sceptiques envers son discours, on peut tout de même reconnaître que l’homme, malgré son côté théâtral, histrionique ou séducteur, a beaucoup d’humour et aborde des sujets qui ne peuvent pas laisser indifférent.

On peut rester dubitatif certes, sans parler de l’idôlatrie dont il fut l’objet, mais l’affaire ne peut pas être tranchée aussi aisément. On voit notamment dans ce film l’intervention mémorable d’un étudiant (passablement psychotique) qui renverse de l’eau sur le table de Lacan avant même de lui en jeter au visage, sans que ce dernier d’ailleurs ne bronche plus que cela.

Une étonnante personnalité, fort critique de son époque et qui déclara d’ailleurs à propos de mai 68 : «En tant que révolutionnaires, vous êtes des hystériques qui réclament un nouveau maître. Vous en aurez un». Nul doute, un parcours à (re)découvrir.

Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 31/10/2008 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2008
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