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Saint Amour et mirabelles

Publié le 01 août 2007 par Argoul

Time is coming for the saint Amour’s day. It is the middle of summer and tomatoes, French beans and cherry plums are giving signs in the garden. Many cherry plums are growing this year and you have to imagine many receipts to cook them. But what about Amour, which is the Greek Eros and means “love” in French? First, in old times, Eros was a child purely loving without any reason. Then, when society became more sophisticated, he was a young teenager worried by desire. But the Christian Church could not admit it, She wanted to check anything about men: She gelt Eros children to make angels.

Bientôt nous serons à la saint Amour, presque au mitan de l’été. Cette année, les plantes exotiques qui font partie du jardin depuis des lustres n’ont pas donné comme avant. La tomate venue d’Amérique, cette « pomme d’or » des Italiens, a été pourrie par la pluie et les plants sont crevés. Les beaux fruits fessus aux couleurs engageantes se sont marbrés de taches brunes.

Le haricot, américain lui aussi, a les gousses longues et sèches, raidi trop vite par quelques jours ensoleillés.

La mirabelle, venue des Indes, en revanche s’épanouit. Son nom français a été piqué aux Romains du 17ème, sur une origine grecque qui signifie « gland parfumé ». Et il est vrai que les petites boules satinées rose-orangé qui prolifèrent sur les branches évoquent sans conteste les attributs des bébés mâles. Elles sont « à croquer » comme le dit la langue populaire.

Mais une fois que vous avez réalisé confiture, tarte, clafoutis, crumble, flan, gâteau à la mode lorraine, pudding, cake et compote ; que vous avez songé à les conserver au sirop ou à l’eau de vie ; que vous en avez assaisonné la côte de porc ou le filet mignon ; que vous avez tenté un tajine de poulet ou une terrine de lapin – que vous reste-t-il à faire des kilos de mirabelles qui ne cessent de mûrir sur les branches chargées ? Vous en laissez aux merles, aux abeilles et même aux guêpes ; les fourmis se chargeront de nettoyer ce qui est tombé à terre. Mais encore ? L’atavisme ancestral répugne à gaspiller, la néo-moraline écolo enjoint l’économie. Vous en donnez aux voisins, mais lesdits voisins ont déjà pléthore d’autres prunes – il semble que l’année soit faste. La mode est à la verrine, alors tentez en dessert un fond de verre de compote de pomme, un entre-deux de meringue sèche et un sommet de mirabelles à peine compotées. Décorez de chantilly ou d’amandes effilées juste grillées.

Vous pouvez aussi, puisque la mode est au pratique-facile-pas cher-et-rapide, tenter « la tartine » : grillez une tranche de pain de campagne par personne, étalez dessus du chèvre en bûche, frais ou mûr selon votre goût, ajoutez dessus les mirabelles dénoyautées, poivrez (important de poivrer, pour le goût « exotique » qui montrera, avec toute la subtilité voulue, que vous avez voyagé). Arrosez d’un filet de miel pour faire « naturel » (important, le « naturel », l’époque en raffole, ayant la nostalgie de « l’âge d’or » à la campagne et une vague culpabilité écolo de citadin coupé des produits-qui-poussent-au-jardin). Puis passez le tout sous le grill durant quelques minutes, le temps de dorer les mirabelles, de fondre miel et poivre autour du fruit. Le mieux est encore de déguster la tartine avec un verre de muscat d’Alsace ou un Pineau des Charente pour les nostalgiques du chabichou.

Saint Amour, quant à lui, fut compagnon de mission de saint Pirmin en Allemagne, au 8ème siècle. Il fonda l’abbaye d’Amorbach et est vénéré le 17 août, bien que le calendrier de l’Administration laïque des Postes françaises d’Etat situe la saint Amour le 2 août… Un autre Amour plus tardif, du 9ème siècle, était natif d’Aquitaine où naquit la « fine amor ». Mais, névrosé par la Morale d’Eglise, il refusa le désir, le siècle et la vie, passant son existence en reclus à… Maastricht. Du saint Amour de Bourgogne, on sait peu de choses, sinon qu’il fut copain de saint Viateur et que leurs reliques sont enchâssées en la commune qui donna son nom au vin si bien connu. Ce Gamay noir à jus blanc est vif, fin et équilibré. Il a la robe rubis et dégage des arômes de kirsch, d’épices et de réséda. Son corps est tendre et harmonieux…

Où l’on en revient aux « amours » de la symbolique. Amour, aux temps anciens des Grecs, fut figuré comme un enfant de 6 à 8 ans gai, primesaut et tendre : il était affection sans raison.

Lorsque la société se sophistiqua, que les gens eurent le loisir d’émerger d’une existence purement utilitaire, les relations humaines se firent plus complexes, tournant autour du sexe comme il se doit. Amour fut alors figuré comme un prime adolescent espiègle, cruel et fouaillé d’appétits. Beaumarchais en revivifia le caractère au grand siècle sous l’apparence de Chérubin : il est désir sans raison.

Mais l’Eglise, pour contrôler les âmes, se devait de mettre le holà à l’amour. Celui-ci n’est-il pas hors loi et foncièrement subversif ? N’écoutant que lui-même et tourné seulement vers l’objet de son appétit, il remet en cause toutes les morales, les raisons et les dieux. Inacceptable ! Il fallait donc châtrer Amour et l’on en fit un « ange ». Ethéré, sans appétits ni vouloir, pur messager de Dieu, il est affection sans désir.

L’Eglise a retenu beaucoup plus de saints Ange ou Angèle que de saints Amour. Il a fallu Freud pour que l’on redécouvre en l’enfant une sexualité, même si elle reste en devenir. L’amour, Platon l’a montré, a de nombreux visages. Il ne se réduit en rien à la fornication, même si cet acte naturel n’est vilipendé par la Morale que par de mauvaises raisons : celles du pouvoir, de contrôler les hommes, de les enserrer dans des règles de parti.

Saint Amour, que de turpitudes couvre-t-on en ton nom…


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