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The broken

Par Rob Gordon

The broken

Aucun doute possible : le Sean Ellis de The broken est bien celui qui nous livra Cashback en 2006. On y retrouve les mêmes promesses, les mêmes belles idées de départ, cette envie de prendre le cinéma à bras le corps et de mettre en scène avec appétit une histoire à laquelle il croit. Et, au final, la même impression de gâchis et d'immaturité. De son étrange postulat (une femme se croise elle-même dans la rue et commence à perdre pied), Ellis ne tire qu'une maigrelette série Z, jamais vraiment désagréable mais totalement inaboutie.
Dès la mise en place des éléments de l'intrigue, on sent que le réalisateur souhaite créer un mystère épais et intrigant. Problème : la froideur assumée de l'ensemble et le manque d'évènements rendent The broken complètement imperméable à toute émotion. On nage toujours dans un demi-onirisme qui donne l'impression de se trouver continuellement dans un rêve (ou un cauchemar), si bien que la seule solution semble être de se réveiller. Un réveil qui ne se produit jamais et rend l'ensemble bien vain. D'autant que, si Ellis a un certain don pour développer un univers, il semble ici influencé (consciemment ou non) par le cinéma de genre asiatique, avec ses nombreux passages obligés. Une photo étrangement défigurée, une fuite d'eau et des miroirs qui se rebellent : rien que du pas très neuf, du déjà-vu il y a peu. Il y a pourtant une certaine efficacité dans l'exploitation de ces éléments, notamment toute la partie "miroirs", bien plus impressionnante que tout le Mirrors d'Alexandre Aja.
Mais l'effroi très temporaire suscité par quelques effets rondement menés, tout comme le léger malaise engendré par cette ambiance glacée et inconfortable, ne remplacent malheureusement pas un bon scénario. Sean Ellis, qui gagnerait sans doute à s'adjoindre les services d'un co-auteur, le clôt par un twist qui ne dit pas vraiment son nom, et nous laisse dans le flou sans qu'il soit évident que cela soit totalement volontaire. Les déceptions The broken et Cashback ne doivent pourtant pas faire oublier que ce type-là a un potentiel démentiel, et qu'il a simplement besoin de le faire fructifier et de mûrir encore un peu. Franchir le cap de la quarantaine ne pourra que lui faire du bien.


4/10


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