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Détecter la délinquance dès la maternelle: la nouvelle diversion.

Publié le 02 décembre 2008 par Juan
"Ensemble, tout est possible." Les idées les plus folles, les plus tenaces sont effectivement possibles. A quelques heures de la remise du rapport de la Commission Varinard à la Garde des Sceaux sur la réforme de la justice des mineurs, le député-lobbyiste Frédéric Lefebvre est revenu lundi 1er décembre sur une proposition qui avait fait polémique en 2006 : la détection des délinquants dès le plus jeune âge. «Moi, je souhaite qu'on aille même sans doute un peu plus loin», sur «la question de la détection précoce des comportements», (...) «Cela a été dans beaucoup de rapports. On dit qu'il faut le faire dès l'âge de trois ans pour être efficace» (...) Je ne suis pas un spécialiste, donc je ne déterminerai pas à quel âge il faut le faire», (...) «quand vous détectez chez un enfant très jeune, à la garderie, qu'il a un comportement violent, c'est le servir, c'est lui être utile à lui que de mettre en place une politique de prévention tout de suite» En 2006, 200 000 signatures s'étaient portées sur la pétition contre cette proposition issue de rapports de l'INSERM publiés en septembre 2005 puis en février de la même année. Le ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, avait tenté d'inclure fin 2005, dans son avant-projet de loi sur la prévention de la délinquance le principe d’une « détection précoce des troubles du comportement » chez le jeune enfant « pouvant conduire à la délinquance » à l’adolescence. Une disposition qu'il retira devant le tollé. En février 2007, le Comité Consultatif National d'Ethique rendit un rapport accablant contre cette suggestion.  Comme souvent, les proches du Président agitent les médias et alimentent la polémique. Quelques semaines après les débats sur le fichier EDVIGE, le sujet rebondit sur plusieurs terrains: Il apparaît clair que le pouvoir présidentiel n'a pas renoncé à la mise en oeuvre de ce projet pourtant contesté; Lefebvre place le débat sur le terrain de l'efficacité, un angle habile qui permet d'occulter tant lle bien-fondé scientifique de la démarche que les implications morales, Enfin, rappelons le projet de fichage des mineurs de moins de 13 ans dans l'affaire EDVIGE; Bizarrement, le député Lefebvre est moins prolixe en matière de lutte contre la pauvreté et l'échec scolaire des plus jeunes. Choisirait-il ses sujets ? L'interview avait débuté sur d'autres sujets: Sur les Restos du Coeur et la précarité croissante en France, Lefebvre botte en touche en disant que "chacun doit faire des efforts." Sur l'accusation de manipulation de la justice dans l'affaire Clearstream (Dominique de Villepin contre Sarkozy), il refuse de la commenter et rappelle simplement qu'"il n'y a qu'une seule victime dans cette affaire, Nicolas Sarkozy." Il qualifie ce type d'accusations d'outrancières. Sur la poupée vaudou du Président, il déclare : "les poupées vaudou dans un certains nombre de pays sont des armes, et moi je ne l'oublie pas." Et enfin, le voici enfin interrogé sur la justice des mineurs...   Même Jean-Pierre Elkabach est surpris : "et vous nous dites que vous ne vouliez pas d'outrance !" Voici donc l'affaire. Frédéric Lefebvre cherchait une diversion. Il l'a trouvé. La délinquance à la maternelle ! Lire aussi : Le rapport du Comité consultatif national d’éthique sur la détection des « troubles du comportement chez l’enfant »  (Betapolitique, février 2007) &alt;=rss

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