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Review finale "The Shield" : retour sur la fin d'un chef d'oeuvre

Publié le 05 décembre 2008 par Buzzline

Voilà... c'est fini. The Shield, la série créée par Shawn Ryan en 2002 sur FX a pris fin au terme d'une septième saison démentielle mais surtout d'un épisode final à arracher le coeur et retourner les tripes. C'était il y a plus d'une semaine et comme une page de l'Histoire de la série télé s'est définitivement tournée, revenons ensemble sur cette dernière saison mais aussi sur une série qui aura marqué à jamais les esprits...

ATTENTION ENORMES SPOILERS SUR LA FIN DE LA SÉRIE 

Emotion, état de choc, l'estomac tout retourné, les nerfs à fleur de peau... difficile est la tâche d'émettre un commentaire ou le moindre son lorsque le générique final de The Shield (A long time ago de Concrete Blonde) résonne dans nos oreilles, agrémenté d'images de la série histoire d'appuyer la nostalgie.

Nous nous attendions à un dénouement explosif à feu et à sang mais c'est finalement le pessimisme d'une conclusion logique, imparable et évidente qui aura eu le dernier mot. La guerre fratricide entre Vic et Shane entamée depuis la fin de saison 3 aura vécu ses derniers instants (d'une folie pure), chacun des personnages aura payé au prix fort ce qu'il méritait tandis que l'injustice aura également eu son mot à dire.

Constamment à la frontière du bien et du mal, The Shield se termine dans la morale et l'immoralité confondus. Les enflures (Shane) se transforment en bons tandis que d'anciens héros (Vic, Aceveda...) deviennent des déchets humains écoeurants.

Par où commencer devant tant de maîtrise, tant de brio ? 

Par cet épisode et la finalité de chacun des héros bien entendu. 1h15 de bonheur et d'adieux. Shane et sa famille en fuite, Vic et Ronnie à sa poursuite. Claudette et Dutch sur les rails pour faire tomber MacKey et son immunité sans oublier ses anciens compères. Tina en route pour une promotion, représentant l'espoir d'une innocence capitale. Billings ou la morale loyale bien que contrariée...

Tous se sont donnés rendez-vous pour une conclusion qui fera l'effet d'une bombe intérieure. 

Commençons par le plus tragique à savoir le destin de la famille Vendrell. Shawn Ryan avait annoncé une fin bouleversante et logique... il aura tenu parole.

Assurément le personnage le plus détestable et détesté du show, Shane devient finalement en cette saison 7 et surtout cet épisode, le personnage le plus attachant et le plus émouvant car très certainement le plus humain. Lâche, responsable d'atrocités poussives (le meurtre de Lem, le kidnapping de la famille Mackey, les pactes avec les Arméniens, Antwone Mitchell...) et pourtant doté d'une morale, d'un amour infini pour sa famille. Conscience is a killer annonçait la baseline de saison 5. Si Lem en aura fait les frais des mains de Shane, Shane lui-même nous démontrera que tout ceci est bien vrai. Lors de ce final, Shane, désespéré, à bout de course, à bout de nerfs et coincé dans une impasse tue sa femme enceinte, et son fils avant de se faire sauter la tête. Un homicide massif, poignant et une fin déchirante pour ne pas dire choquante. 

Nous devions nous y attendre. Shane n'irait jamais en prison et devait forcément mourir. La question était de savoir qui aurait sa peau ? Vic ? Trop simple. Ronnie ? Jamais il n'aurait eu le cran (voir la fin de son personnage nous y reviendrons) et malgré cette évidence sous jacente depuis quelques épisodes, la baffe est redoutable lorsque les prémices du massacre se laissent profiler ("Guys... Family Meeting !") puis la police entre dans la maison familiale dans une ambiance à suspense et découvre les corps sans vie de Mara (enceinte) et du pauvre petit Jackson. Etendus sur le lit, bouquet de fleurs à la main pour elle et jouet pour l'enfant, les deux corps gisent inertes, empoisonnés. Shane, quant à lui aura tout juste eu le temps d'écrire quelques lignes et se faire sauter la tête avec son arme sur les WC. 

Une fin brutale, coup de poing qui émeut aux larmes. A l'instar du meurtre de Lem nous préférons ne pas y croire et pourtant... le coup de feu final sonne comme un choc. A l'image de Dutch, Claudette, Danny et consors une fois dans la maison, il nous est impossible d'émettre la moindre réaction, sctochés et sans voix. Nous espérions que Shane paie pour Lem... et finalement nous pleurons son suicide et la mort de sa famille. Témoignage d'amour et de morale (égoïste certes), Shane sera une nouvelle fois allé au bout et aura permis à sa famille de rester unis (comme il le dit dans sa lettre).

Une lettre déchirante par ailleurs qui incite le spectateur à déverser un torrent de larmes lorsque Claudette la lit à Vic dans la salle d'interrogatoire... scène constituant l'un des meilleurs moments du show. Vic face à sa conscience, son ennemie jurée qui a juré sa perte... mais aussi face à ses fautes. Une accusation ouverte de la part de Shane qui dénonce ses agissements, ses erreurs et la faute de Vic. Un miroir tendu par le défunt à son mentor qui restera de marbre avant que Claudette ne le laisse seul avec les photos de la famille Vendrell décédée...

De son côté Ronnie paie également pour ses crimes mais injustement au prix fort. Vendu par Vic, Ronnie, le seul homme loyal avec Lem, le seul qui n'a jamais causé de tort à quiconque prend perpétuité. Ivre de vengeance depuis la meurtre de Lem par Shane, Ronnie finit par fondre en larmes à l'annonce de sa mort. Après avoir tenté de le tuer, et l'avoir traqué deux saisons durant, Ronnie tombe en lambeaux. Preuve que jamais il n'aurait pu aller aussi loin qu'il ne le prétendait. Une horreur et un grand numéro d'acteur. Alors que Vic obtient l'immunité, Ronnie se fait berner par un MacKey glacial. Dutch le fait finalement arrêter devant le Barn entier.

Ronnie ivre de rage s'apercevant de la trahison de son seul ami explose mais finit derrière les barreaux pour payer pour tous ses amis (morts comme vivant).

Vic MacKey est un pourri, une ordure, un sale type sans foi ni loi, sans conscience et donc encore vivant. Véritable ogre sans pitié, nous découvrons enfin lors des deux derniers épisodes son vrai visage. Celui d'un type implacable et terrifiant qui vend son dernier ami loyal pour sauver ses fesses et sa famille. Une horreur absolument déconcertante surtout que beaucoup pour ne pas dire tous, auraient très certainement réagit comme lui. Un miroir tendu au téléspectateur dénonçant la sauvagerie et l'immoralité humaine de tous les jours.

Vic qui confesse trois ans (7 saisons) de meurtres, de trahisons, de coups fourrés en échange de l'immunité avec les fédéraux qui tombent de haut une fois la confession terminée. Un grand moment de télévision. Vic qui perd Shane après l'avoir défié au téléphone et envenimé la situation alors que tout aurait bien pu se finir pour chacun (toutes proportions gardées). Vic qui perd Ronnie pour la vie après un coup fourré et une honte non assumée. Vic qui perd sa famille, placée sous protection des témoins dans un autre état. Vic qui perd son job et qui finit condamné à bosser en costume cravate dans un open space administratif à trier des papiers tandis que tout s'est effondré autour de lui... gardant avec lui une photo de Lem, faussement symbolique puisqu'il demeure le principal responsable derrière la façade.

Lors d'un final énormissime de 5 minutes durant lesquelles aucun dialogue n'est prononcé, le téléspectateur prend conscience en même temps que MacKey de ses erreurs et surtout de tout ce qu'il a perdu. Une peine capitale à vivre dans la honte et le néant tandis que certains sont morts et d'autres en prison. Une émotion contenue qui explose la boule à gorge tandis qu'en guise d'ouverture Vic se lève, prend son arme, sa veste et s'en va...

Pour aller où ? Pour faire quoi ? A chacun de se faire son propre jugement mais la fenêtre est ouverte à toutes interprétations. On peut aisément penser que Vic fera tout pour retrouver sa famille et surtout se donner l'illusion d'une insigne qui n'existe plus. Vic et sa propre loi en somme : soit une fin pathétique pour un ancien géant.

Et les autres dans tout ça ? Et bien Aceveda s'en tire injustement avec les honneurs et blanchi comme tout bon politicien pourri, Dutch coince enfin le garçon psychopathe qui a tué sa mère et maquillé le meurtre pour l'inculper lui. Claudette malade comprend qu'elle mourra bientôt et laisse penser que Dutch prendra sa place tôt ou tard. Dutch va enfin connaître l'amour avec l'ex femme de Billings. Tina monte en grade et est célébrée dans tout le Barn par Julian, Danny, Billings et concors... la vie continue...

FIN. 

The Shield : Chef d'oeuvre conçu par Shawn Ryan et son équipe tout d'abord. Jamais une série n'aura provoqué autant d'attachement envers ses personnages. Jamais le réalisme des intrigues n'aura autant remué. Jamais l'émotion aura pris un tel pas à la télévision. Intelligence, consistance... tout est parfait.

Après de mutliples débordements et intrigues primaires comme secondaires, The Shield se finit avec brio et sans aucune erreur de parcours. Telle une jungle sans pitié où chacun des personnages aura agit comme un animal sauvage, l'instinct de survie aura jsuqu'au bout prédominé pour un final monstrueusement sinistre mais au combien puissant.

Si la réalisation comme l'écriture est à saluer sans parler du montage, soulignons également l'interprétation magistrale d'une galerie d'acteurs formidables. Michael Chikilis, Walton Goggins, CCH Pounder, Jay Karnes... tous auront été brillants de A à Z.

Comment ne pas retenir ses larmes devant le bouleversant destin de Shane ? Comment ne pas  frémir devant la lettre de Shane lu par Claudette ? Comment ne pas vibrer durant la confession de Vic ? Comment ne pas être époustouflé par les 5 dernières minutes muettes de la série où Chiklis fait passer autant d'émotions en 300 secondes qu'une carrière entière d'un Pacino ?

Tant de chemin parcouru. Tant d'enfreintes aux lois. Tant d'émotions, d'histoires de familles, d'enquêtes, de détails qui tuent, de storylines brassées avec maestria. Une oeuvre télévisuelle massive, ultra complète et inégalée vient de se clôre. Aucun doute qu'elle a fait et fera encore date.

En guise de petit cadeau voici les 5 dernières minutes du show et la chanson "A long time ago..." dont chaque parole percute comme un étrange sentiment de nostalgie. It's over... It's done et nous pouvons patienter avant de retrouver un show de ce calibre.

Les 5 dernières minutes de "The Shield


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