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De loin on dirait une île, Eric Holder

Par Sylvielectures
De loin on dirait une île, Eric HolderPour tout vous dire, j'ai rencontré pour la première fois Eric Holder en lisant "La Baïne". Je l'ai lu parce que l'intrigue se situait entre Soulac et Saint Vivien et que je connais bien ce bout de nulle part...
J'avais été déçue au point de penser que je ne persévèrerai pas dans la lecture des romans de cet auteur...
Mais il y a un petit moment de cela, j'ai trouvé un billet sur le blog de Pierre Assouline au titre intrigant : "A la recherche de la médoquine"...
On pouvait y lire la critique enthousiaste d'un nouveau titre de l'écrivain, "De loin on dirait une île" :
"Eric Holder n’a pas son pareil pour peindre les couleurs de ce morceau de terre béni des Dieux. Lorsqu’on tourne les pages de sa chronique du bonheur à Soulac, on entend le feuillage des arbres. Prêtez l’oreille car en littérature, cette délicatesse entraîne une sensation rare."
Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller vérifier si cette fois je trouverai moi aussi un peu de la magie des lieux dans ce texte... Et croyez moi, j'étais très dubitative.
Et bien surprise! Et bonne surprise!
Cette fois, j'ai aimé le livre!
J'aurais pu écrire, comme Brigitte sur fluctuanet : ""Les quelques années maintenant qu'Eric Holder a passé en barrique lui ont permis de s'imprégner des différents tanins de cette presqu'île a priori hostile et il nous livre aujourd'hui une cuvée 2008 subtile, plus longue en bouche, infiniment plus savoureuse." (que la Baïne).
Eric Holder, dans ses quelques 189 pages très sensibles, nous livre un Médoc d'aujourd'hui, habité par des personnages qu'il sait nous révéler dans leur trempe, leur originalité ou leur marginalité, avec la tendresse nécessaire à l'art du portrait.
Loin des clichés que j'avais cru entrevoir dans son précédent ouvrage, il nous parle d'un lieu et des gens qui l'habitent en nous racontant son immersion entre océan et estuaire, mattes et forêts.
Il nous dit qu'il lui aura fallut trois ans pour se mettre au diapason de ce bout de terre où le temps n'y est pas tout à fait perçu comme ailleurs...
Il nous parle avec justesse de l'accent, des tournures de langage particulières derrière lesquelles affleurent l'amour et l'amitié.
Il fait aussi un hommage appuyé et plein d'émotion à Bernard Manciet.
L'écrivain nous invite dans sa maison et nous fait partager son goût des arbres.
De très belles phrases nous content l'amour profond et compliqué qu'un père éprouve pour son adolescent de fils.
Le héros narrateur est en quête d'une figure féminine qui n'existe pas et qu'il appelle la "Médoquine".
La recherche de ce personnage féminin fantasmé lui fait prendre des chemins de traverse qui le mènent à ce qui semble être une quête existentielle.
Il semble avoir saisi que cette fin des terres est celle d'une Calamity Jane plutôt que d'un John Wayne.
Si son éditeur parle de lui comme d'un cow-boy, je connais un endroit presqu'exclusivement féminin où à l'arrivée de l'écrivain sur sa moto, on entendrait :
"Planquez vous les filles, voilà l'escargot !"...
Elles se disent médocaines et pas médoquines, mais c'est sans doute parce qu'elles aiment jouer aux cow-boys dans les mattes, à la recherche d'indiens peu probables, et qu'elles se prennent pour des américaines.
J'ai apprécié l'humour, la poésie et la justesse de ce petit roman que j'ai lu d'une traite avec un grand plaisir.
"Les yeux se ferment sous la caresse du soleil, les doigts s'enfouissent dans le silice. Pour seuls nuages, quelques cumulus patientent à l'embouchure de la Gironde, comme alignés devant l'écluse. Quelle légèreté, soudain. Je ne possède plus qu'un morceau de tissus. Alentour règne l'essentiel, sans fioriture, mer ciel sable soleil, les points cardinaux. L'âme, dit-on, pèserait vingt et un grammes. Bientôt vingt, dix-neuf..."
"Investir le Médoc jusqu’à la Pointe de Grave ne va pas sans risque lorsque l’on n’est pas du coin…Prendrez-vous celui de lire cette traversée du désert au milieu d'un des plus beaux coins de France ?" Victor de Sepausy
"Quatorze ans après, l'auteur de La Belle Jardinière renoue avec l'art de décrire son petit arpent de terre. Bienvenue dans son Médoc!" Marianne Payot
"On sort de ce livre en état de bonheur, comme en lévitation au-dessus de la gravité de l’existence. Envoûté par la douceur, le charme feutré du style, l’infinie délicatesse et le regard poétique que porte Éric Holder sur le monde qui le cerne". Jean-Claude Rapiengeas"
En bon Don "Quichotte d’Aquitaine, il pourfend les clichés, déclare sa flamme aux dames qui n’ont pas d’oreilles, et voue à cet endroit magnifique une passion mesurée, mais poétique et tendre
."Jean-François Lahorgue
Un bel article de Jérôme Garcin pour le Nouvel observateur,
laurent a aimé, missdinguette la singette aussi.

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